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Archives de Catégorie: #Un peu de lecture

Un clafoutis aux tomates cerises / Véronique de Bure

18 lundi Juin 2018

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campagne, maladie, solitude, Véronique de Bure, vieillesse

Véronique de Bure - Un clafoutis aux tomates cerises.Un clafoutis aux tomates cerises / Véronique de Bure. Flammarion, 2017. 384 pages

Au soir de sa vie, Jeanne, quatre-vingt-dix ans, décide d’écrire son journal intime. Sur une année, du premier jour du printemps au dernier jour de l’hiver, d’événements minuscules en réflexions désopilantes, elle consigne ses humeurs, ses souvenirs, sa petite vie de Parisienne exilée depuis plus de soixante ans dans l’Allier, dans sa maison posée au milieu des prés, des bois et des vaches. La liberté de vie et de ton est l’un des privilèges du très grand âge, aussi Jeanne fait-elle ce qu’elle veut – et ce qu’elle peut : regarder pousser ses fleurs, boire du vin blanc avec ses amies, s’amuser des mésaventures de Fernand et Marcelle, le couple haut en couleurs de la ferme d’à côté, accueillir – pas trop souvent – ses petits-enfants, remplir son congélateur de petits choux au fromage, déplier un transat pour se perdre dans les étoiles en espérant les voir toujours à la saison prochaine…

Véronique de Bure parle d’un sujet qui fait détourner le regard de bon nombre d’entre nous, quel que soit l’âge que nous avons : la vieillesse. Non il n’est pas question d’Ehpad, de maltraitance etc. ici, mais du quotidien et du déclin quasi invisible de cette vieille dame qui se retrouve progressivement isolée. Elle vit à la campagne mais ces faits et gestes doivent être bien similaires à ceux de personnes vivant en ville. Bien entendu la difficulté majeure reste l’isolement, les distances, mais Jeanne a la chance, en dépit de son grand âge, de pouvoir encore conduire et de poursuivre ses activités, même si au fil des pages, son indépendance s’amenuise.

Le charme de cet ouvrage est qu’il ne se focalise pas uniquement sur cette personne. Elle évoque son passé et son présent. Ses voisins plus très jeunes non plus chez qui la maladie s’installe également, ses amis les plus proches et les enterrements des uns et des autres (sans esprit négatif ou sombre) en faisant simplement le constat que ses amis disparaissent un à un, que la maladie, la mort frappe au hasard même ceux plus jeunes ou qui semblaient en bonne santé la veille .

Le quotidien de Jeanne c’est aussi sa famille : ses enfants, petits-enfants qui souhaitent l’entourer, l’aider en dépit de la distance. Une présence qui la réjouit et l’agace tout à la fois devant le désordre, le bruit et le fait que ses habitudes soient bousculées. Jeanne a du mal à trouver sa place dans la modernité, dans les trop brusques changements et a davantage peur des cambrioleurs que de la mort. Néanmoins, la maladie, les nouveaux obstacles qui se créent devant elle avec le manque de force, la fatigue ou les oublis sont parfois difficiles à surmonter.

Chronique d’une personne âgée, écrite avec pudeur, sensibilité et vraisemblance. L’auteur nous distille un peu de l’histoire de Jeanne sans en faire trop. Bien entendu on connaît la chute de l’histoire même si elle n’est pas écrite.

Les gens de Mogador / Elizabeth Barbier

12 lundi Mar 2018

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Elizabeth Barbier, feuilleton, histoire, Mogador, Provence

Les Gens de Mogador : AfficheRésultat de recherche d'images pour "es gens de mogador"

Les gens de Mogador. 1. Julia. 2. Ludivine. 3. Dominique / Elizabeth Barbier. Livre de Poche 6 volumes.

Voici des années que j’entendais parler de cette saga adaptée pour la télévision et qui semblait une référence. J’ai découvert que sa diffusion avait commencé l’année de ma naissance (ce qui ne nous rajeunit pas mais explique pourquoi je ne l’ai jamais vu même si elle a été rediffusée dans les années 90). Révolutionnaire pour l’époque car en couleurs et parce qu’elle a mis en lumière 3 actrices dont le nom est resté dans les mémoires des gens de cette génération et de la mienne. Par curiosité, une fois ma lecture achevée j’ai jeté un coup d’oeil au premier épisode et je comprends en partie la réaction de l’auteur cf le choix de l’actrice pour Julia, décrite comme un tout petit bout de femme et qui se révèle quasi aussi grande que son futur époux.

Mais là n’est pas le plus essentiel. Son succès est sans nul doute lié à la grande saga familiale que l’auteur a voulu rendre, relatant entre le Second Empire et la Seconde Guerre Mondiale, la vie d’une famille et de sa propriété familiale (lieu imaginaire) : Mogador. Amours, guerres, jalousies, maladies, amours contrariés et bonheurs illustrent la vie sur 3 générations et la vie de 3 femmes de têtes mais avant tout des amoureuses passionnées jusqu’à aller contre la volonté du père pour Julia, la jalousie pour Ludivine et un amour adultère pour Dominique.

Au fil des pages et du temps qui passe on découvre le quotidien de ces familles, propriétaires terriens, des événements politiques, économiques, des changements de moeurs (à toutes petites touches), l’impact de tout cela : tenue vestimentaire, coiffures, voitures attelées puis à moteur, chauffage central !

Si le personnage de Ludivine est moins attachant à mes yeux, il est selon moi surprenant, car il décrit une femme jalouse à l’extrême, même du temps que son époux peut consacrer à ses enfants. Sans le dire, il décrit une femme dont la fibre maternelle est totalement inexistante (je trouve cela très moderne pour un livre d’une 50aine d’années), qui procrée parce que c’est ce que l’on attend d’elle, l’obligation de donner un héritier à son époux et à cette famille.

Dominique si moderne soit-elle dans son choix de vie : indépendance, passion adultère avec son cousin, reste, à mes yeux, une femme soumise cf sa dépendance vis à vis de cet homme qu’elle aime à la folie et qui lui fait perdre une partie de son univers. Cela semble bien peu moderne mais reste encore toujours d’actualité aujourd’hui et cela me semble intéressant par la mise en abîme des sentiments éprouvés par son oncle vis à vis de sa propre mère.

Alors oui je suis heureuse d’avoir achevé cette saga, car je connais désormais les tenants et aboutissants et, comme mentionnée, si des propos sont modernes et intéressants, j’ai néanmoins été ravie de terminer le dernier volume car cette dépendance amoureuse (en dépit de leurs accès de rébellion, d’une forme d’autonomie pour chacune, ne serait ce que par leur choix de partenaires), de la femme vis à vis de l’homme, commençait à me peser et, mon esprit indépendant et XXIème siècle n’y est sans doute pas étranger.

Morwenna avait davantage vibré à sa lecture.

Le jour où j’ai appris à vivre / Laurent Gounelle.

10 dimanche Déc 2017

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bonheur, Laurent Gounelle, priorités, vie

Laurent Gounelle - Le jour où j'ai appris à vivre.Le jour où j’ai appris à vivre / Laurent Gounelle. Pocket, 2016.285 pages.

Imaginez : vous vous baladez sur les quais de San Francisco un dimanche, quand soudain une bohémienne vous saisit la main pour y lire votre avenir. Amusé, vous vous laissez faire, mais son regard se fige, elle devient livide. Ce qu’elle va finalement vous dire, vous auriez préféré ne pas l’entendre. A partir de là, rien ne sera plus comme avant, et il vous sera impossible de rester sur les rails de la routine habituelle.
C’est ce qui va arriver à Jonathan. A la suite de cette rencontre troublante, il va se retrouver embarqué dans une aventure de découverte de soi ponctuée d’expériences qui vont changer radicalement sa vision de sa vie, de la vie…

Il est certain que l’esprit du livre est positif. C’est là son objectif premier : nous montrer les vraies valeurs, prendre en compte la nature de chacun et trouver la force de s’épanouir en dépit de notre société de consommation à outrance. Mais avant de délivrer ce message, je dois avouer que certains passages m’ont paru abscons notamment les discussions sans fin de Jonathan avec sa tante. J’ai trouvé cela bien poussif et je me demande s’il ne s’agit pas en quelque sorte d’une caution intellectuelle au but premier de ce roman. En effet, nul besoin de grandes démonstrations métaphysiques puisque le personnage de Laurent Gounelle va nous démontrer que l’on peut vivre autrement en étant plus heureux.

Bon tout cela reste néanmoins tributaire de l’étendue de votre portefeuille et son héros va en prendre conscience. Mais, un peu à l’image de nos politiciens en ce moment le message est clair : une baisse de revenus d’abord avec en compensation un état moral bien meilleur pour un résultat final optimal à tous les niveaux.

J’imagine bien que ce roman a été écrit avant tout pour donner de l’énergie à tout un chacun et que cet écrit entre bien dans la catégorie « feel-good ». On comprend le succès qu’il a rencontré en dépit des remarques que j’ai souligné. La force réside également que les personnages annexes (et certains le sont moins qu’il n’y parait), qui confirment bien que la bonté du geste peut suffire à nous rendre plus heureux. Cela reste un roman mais qui nous rappelle qu’un peu de gentillesse ne nuit pas et que voir les aspects négatifs est plus aisé que d’essayer de voir le bon côté des choses. Alors autant que possible, il ne faut pas attendre  pour exprimer ses sentiments à ses proches et essayer de prendre la vie plus positivement.

Bakhita / Véronique Olmi

22 dimanche Oct 2017

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Darfour, enfants perdus, Esclavage, espoir, famille, femme, Italie, prénom, souffrances, Véronique Olmi

Véronique Olmi - Bakhita.Bakhita / Véronique Olmi. Albin Michel, 2017. 456 pages

Elle a été enlevée à sept ans dans son village du Darfour et a connu toutes les horreurs et les souffrances de l’esclavage. Rachetée à l’adolescence par le consul d’Italie, elle découvre un pays d’inégalités, de pauvreté et d’exclusion. Affranchie à la suite d’un procès retentissant à Venise, elle entre dans les ordres et traverse le tumulte des deux guerres mondiales et du fascisme en vouant sa vie aux enfants pauvres.
Bakhita est le roman bouleversant de cette femme exceptionnelle qui fut tour à tour captive, domestique, religieuse et sainte. Avec une rare puissance d’évocation, Véronique Olmi en restitue le destin, les combats incroyables, la force et la grandeur d’âme dont la source cachée puise au souvenir de sa petite enfance avant qu’elle soit razziée.

Rarement les 100 premières pages d’un ouvrage ne m’ont paru aussi difficiles. Non pas au niveau de l’écriture, mais par la crudité du rendu que fait Véronique Olmi de l’enlèvement de Bakhita, de ses souffrances intimes, physiques et psychologiques. Bien des romans et films ont parlé de l’esclavage, de ces arrachements familiaux, mais le fait de se placer à la hauteur de cette enfant, de la faire essayer de se remémorer ses souvenirs d’enfance, elle qui n’a que 7 ans… Et malgré cela, elle a déjà compris que sans eux, rien ne sera possible, le simple fait de mettre un pied devant l’autre, de se battre à chaque instant (puis toute sa vie) pour revendiquer une petite partie de son identité. Car Bakhita n’est que son nom d’esclave, donné dès les premiers instants de sa vente et de son long chemin vers l’asservissement. Cette enfant a tout perdu de son enfance, moins quelques rares souvenirs et odeurs, et ce traumatisme lui a fait oublier son prénom.

Chaque instant de sa longue existence, de son périple ne sera qu’obstacles et difficultés mais Bakhita a la rage et l’espoir de la vie, de se raccrocher au plus petit moment de l’existence, à plus démunis qu’elle, qu’il s’agisse d’adultes comme d’enfants, même si elle montre sans doute une attention toujours plus grande pour les tout-petits. Comme elle, ils connaissent la faim, la douleur et si un adulte peut leur redonner l’espoir dans ces ainés qui sont sensés les protéger et les aider, elle sera celle-là. Mais Bakhita ne le revendique pas, elle agit et c’est tout.

Une vie d’abnégation et d’espoirs. La joie est rare mais Bakhita  la prend là où elle se trouve et cherche avant tout à répondre présente. Elle communique mal, s’exprime mal mais son parcours parle pour elle et les rares personnes qui l’écouteront vont s’enrichir de sa présence, pleurer bien plus qu’elle de ses souffrances.

A lire cet ouvrage, l’envie surgit de venir l’aider. Elle est simplement le reflet de l’éternelle exploitation de l’homme par l’homme. Bakhita l’a combattu, à sa manière. Avec les faibles moyens d’une femme, née à la fin du XIXème siècle, noire chez les blancs. Des blancs parfois plein de bons sentiments comme nous le sommes encore tous aujourd’hui, mais qui nous recroquevillons sur nous encore et toujours, protégeant notre petit cocon. Bakhita est différente. Elle ne sait pas dire non mais garde un oeil ouvert sur le monde qui l’entoure et plus particulièrement sur les plus pauvres.

Lisez-le !

Le grand marin / Catherine Poulain

06 vendredi Oct 2017

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Alaska, alcool, amour, apprentissage, Catherine Poulain, femme, mort, nature, pêche en pleine mer

Catherine Poulain - Le grand marin.Le grand marin / Catherine Poulain. Editions de l’Olivier, 2016. 368 pages

Une femme rêvait de partir. De prendre le large. Après un long voyage, elle arrive à Kodiak (Alaska). Tout de suite, elle sait : à bord d’un de ces bateaux qui s’en vont pêcher la morue noire, le crabe et le flétan, il y a une place pour elle. Dormir à même le sol, supporter l’humidité permanente et le sel qui ronge la peau, la fatigue, la peur, les blessures… C’est la découverte d’une existence âpre et rude, un apprentissage effrayant qui se doit de passer par le sang.
Et puis, il y a les hommes. À terre, elle partage leur vie, en camarade. Traîne dans les bars. En attendant de rembarquer. C’est alors qu’elle rencontre le Grand Marin.

Un tantinet déçue par ce roman qui a reçu moult prix (même si ce n’est pas cela qui a attiré mon attention). Je lui ai parfois trouvé une force magnifique, à l’image de cette frêle héroïne qui s’embarque sans rien connaître à la pêche, dans l’inconnu, sans la carrure et les muscles, dans les descriptions de cette quête de fortune en haute mer. Confrontés aux éléments, hommes et femme se retrouvent quasi égaux et le style narratif de Catherine Poulain est simplement époustouflant.

D’autres passages, chapitres m’ont laissé sur ma faim. En particulier la quête amoureuse (ce n’en est pas vraiment une, mais puisque le terme s’est glissé sous mes doigts, je le laisse), que j’ai trouvé moins gratifiante pour le lecteur. Est-ce le retour à la terre, ce manque de confrontations aux éléments marins, une certaine apathie à l’image de ces marins qui replongent dans l’alcool et autres dès leur retour sur terre et qu’ils ne perçoivent plus l’utilité ou le besoin de combattre la nature ? Je ne sais pas. Mais il est certain que si cet ouvrage reste à découvrir si vous ne l’avez pas encore fait, pour la narration sans égale de cette éducation en accélérée et des conditions de vie sur ces bateaux : l’avant, pendant, après la pêche, je préfère nuancer mon propos.

Catherine Poulain parle fort à propos de la liberté, de la nature et de la violence des hommes. Sans fard, elle exprime la souffrance, les blessures et la mort que côtoient à chaque instant ces personnages entiers, forts en gueule et sensibles. Des pages superbes sont à retenir.

Le bureau des jardins et des étangs / Didier Decoin.

04 lundi Sep 2017

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amour, carpes, Cité impériale, Didier Decoin, Japon, XIIème siècle

Didier Decoin - Le Bureau des Jardins et des Etangs.

Le bureau des jardins et des étangs / Didier Decoin. Stock 2017. 385 pages. 

Empire du Japon, époque Heian, XIIe siècle. Etre le meilleur pêcheur de carpes, fournisseur des étangs sacrés de la cité impériale, n’empêche pas Katsuro de se noyer. C’est alors à sa jeune veuve, Miyuki, de le remplacer pour porter jusqu’à la capitale les carpes arrachées aux remous de la rivière Kusagawa. Chaussée de sandales de paille, courbée sous la palanche à laquelle sont suspendus ses viviers à poissons, riche seulement de quelques poignées de riz, Miyuki entreprend un périple de plusieurs centaines de kilomètres à travers forêts et montagnes, passant de temple en maison de rendez-vous, affrontant les orages et les séismes, les attaques de brigands et les trahisons de ses compagnons de route, la cruauté des maquerelles et la fureur des kappa, monstres aquatiques qui jaillissent de l’eau pour dévorer les entrailles des voyageurs. Mais la mémoire des heures éblouissantes vécues avec l’homme qu’elle a tant aimé, et dont elle est certaine qu’il chemine à ses côtés, donnera à Miyuki le pouvoir de surmonter les tribulations les plus insolites, et de rendre tout son prestige au vieux maître du Bureau des Jardins et des Etangs.

Un ouvrage, tour à tour sensuel, prenant, historique et grave. Et tout cela grâce à des carpes.

Oui cela est possible via la plume de Didier Decoin, formidable connaisseur du Japon ancien, qu’il a souhaité retranscrire via ce roman. Tant dans  le quotidien d’un village, et plus particulièrement la vie d’une jeune femme Miyuki, et l’ébauche de la vie à la Cour ou simplement de la capitale. Entre ces deux mondes, il nous narre via le voyage de ses personnages principaux (femme et poissons), l’état de ce Japon du XIIème siècle : ses guerriers, ses temples et maisons de rendez-vous, ses hauts magistrats. Tout est là et même plus encore car les croyances populaires, les légendes ne sont pas omises.

C’est avec beaucoup d’amour que notre romancier décrit la fragilité des carpes, quasi divinité ressemblant parfois à ce monde qui semble tout près de basculer. Portées à la force des frêles épaules de Miyuki, elles peuvent à tout moment mourir par le fait d’un faux mouvement, des intempéries, de la gourmandise ou de la cupidité des êtres rencontrés. Parallèlement Miyuki joue son va-tout dans ce long chemin vers la capitale, dernier hommage à son époux, et respect de la parole donnée. Elle va le découvrir semé de plus d’embuches que jamais elle n’aurait imaginées – certes sa naïveté est naturelle mais peut parfois agacer – . Cette solitude, ce cheminement dans les pas de Katsuro l’entraîne à se remémorer les douceurs de leur existence, l’amour charnel retranscrit parfois comme dans un ouvrage érotique, les odeurs de la vie, de l’homme dont elle a partagé une courte existence.

En alternant les différents genres évoqués, en racontant cette paysanne se rendant à la capitale dans un climat instable et hostile, Didier Decoin écrit un conte à sa manière. Belle plume, lisibilité parfaite, mais qui nous fait basculer d’un extrême à un autre dans le sujet et son traitement.

L’avis de Papillon

Les deux vies de Baudouin / Fabien Toulmé

03 dimanche Sep 2017

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contraste, Fabien Toulmé, famille, roman graphique, vie

Fabien Toulmé - Les deux vies de Baudoin.Les deux vies de Baudouin / Fabien Toulmé. Delcourt, 2017 (Mirages). 270 pages. 

Baudouin est un trentenaire solitaire, enfermé dans un quotidien monotone. Son frère, Luc, est à l’inverse un esprit libre, voyageur et séducteur. Un jour, Baudouin se découvre une tumeur qui ne lui laisse que quelques mois à vivre. L’anti-héros décide alors de tout plaquer pour partir avec son frère. Un récit touchant sur les liens familiaux et sur le thème universel de la réalisation personnelle.

Après « Ce n’est pas toi que j’attendais« , j’étais dans les meilleures dispositions pour ce nouvel opus de Fabien Toulmé. On y retrouve la place de la famille, la différence d’un autre point de vue que dans le roman très personnel déjà évoqué.

Baudouin est fort différent de son frère et n’a pas su trouver sa place, voulant trop répondre aux stéréotypes transmis par ses parents : sans aucun doute, sa façon à lui d’essayer de gagner leur amour, en l’absence d’une communication inexistante notamment avec son père. Mais il s’est lui-même perdu en grande partie. Plus de musique, sa passion dont il souhaitait vivre. Un boulot qui ne répond guère à ses critères, un petit chef totalement imbu de lui-même et qui le maintient sous sa coupe de bien des manières : en le chargeant et en l’humiliant dès qu’il le peut.

Sa bouffée d’oxygène : son frère. Aux antipodes.  Et, qui va le pousser dans ses retranchements, lui permettant de se lancer dans la vie, ENFIN.

Oui la chute me semblait évidente, mais je n’en ai pas moins suivi avec bonheur et émotion cette histoire entre deux frères et cette volonté de prendre la vie à bras le corps. L’existence de tout un chacun est difficile, parfois nos espoirs se sont brisés mais sans une bouffée d’oxygène, on ne peut survivre. C’est ce que Luc va offrir à Baudouin : réapprendre à communiquer, à dire son amour à ses parents, à claquer la porte d’un bureau qui ne lui convient pas, à voyager, reprendre la musique et rencontrer des femmes en attendant l’espoir de l’amour. Il va l’obliger à faire un bilan sur lui-même, à noter tout ce qu’il attend du lendemain et l’aider à devenir autonome.

Les fragiles / Cécile Roumiguière

20 dimanche Août 2017

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adolescence, Cécile Roumigière, communication, enfance, racisme, référence parentale

Cécile Roumiguière - Les Fragiles.Les fragiles / Cécile Roumiguière. Editins Sarbacane, 2016. 197 pages.

Drew a dix-sept ans, on est grand à dix-sept ans. On a eu le temps d’apprendre à savoir qui on est. Pourtant, dans sa tête, Drew est encore cet enfant de neuf ans qui a pris le racisme de son père en plein plexus. A la sortie d’un match de hand, au volant de sa camionnette, son père a renversé Ernest, le gardien du stade, et s’est enfui sans le secourir. Il n’allait pas s’arrêter pour un sale nègre…
Ce jour-là, Drew a grandi trop vite. Qui croire ? Sa mère et l’école, qui lui apprennent qu’on est tous pareils, ou ce père raciste, borné, qui rêve d’un fils tout en muscles et nul en maths ? Drew déteste son père tout en cherchant à lui plaire. A l’école, il se saborde en ratant exprès ses devoirs … … jusqu’au jour où il rencontre Sky, une fille aussi fêlée que lui. En fusionnant leurs fêlures, les Fragiles arriveront-ils, enfin, à faire passer la lumière.

Fragilité de l’enfant, de l’homme en devenir, des souvenirs conscients ou non. Avec beaucoup de sensibilité, Cécile Roumiguière mêle des sujets forts liés à la famille et au développement de cet être en devenir. Comment se construire lorsque les modèles s’opposent aux valeurs qui sont enseignées ou transmises uniquement par un des parents ? Drew se cherche, et en dépit de ses sentiments mêlés, il souhaiterait plaire à son père. Un père sans doute pas exemplaire, exécrable, haïssable par ses attitudes envers les autres mais également envers sa famille. Même s’il n’est pas le héros, ce père nous allons le découvrir via cette plume lui-aussi, bien fragile.

Quant à Drew, en moins de 200 pages nous allons le découvrir dans ses hésitations, ses  souffrances, ses enfermements, sa solitude et ses envols vers autre chose : à travers les jeux vidéos, l’automutilation, la musique, l’amour, le sport…. Il cherche un échappatoire, une lutte sans fin et inexorable pour essayer de trouver sa place dans sa famille, mais également dans la société.

Un petit pan de l’adolescence nous est entrouvert par ce portrait tout en nuances et délicatesse. Le tableau est parfois noir à l’image du style adopté par Sky que Drew rencontre par hasard qui, comme lui, cherche à obtenir ce qu’elle attend de ses parents : un peu d’attention, beaucoup d’amour avec les difficultés de communication que tout un chacun connaît mais qui semblent si inextricables en vieillissant, en contradiction avec cette petite enfance idéalisée.

La fragilité, même si elle est particulièrement accès sur ces adolescents, est traitée à tous les niveaux dans cet ouvrage. Suivant l’âge et l’expérience du lecteur, l’écho sera sans doute différent. Ce roman s’adresse plus particulièrement aux adolescents, mais il mérite d’être lu par tout public.

Le tour du monde du roi Zibeline / Jean-Christophe Rufin

03 jeudi Août 2017

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aventures, conte oriental, Jean-Christophe Rufin, Madagascar, philosop, roi

Le tour du monde du roi Zibeline / Jean-Christophe Rufin. Gallimard, 2017. 367 pages.

Comment un jeune noble né en Europe centrale, contemporain de Voltaire et de Casanova, va se retrouver en Sibérie puis en Chine, pour devenir finalement roi de Madagascar… Sous la plume de Jean-Christophe Rufin, cette histoire authentique prend l’ampleur et le charme d’un conte oriental, comme le XVIIIe siècle les aimait tant.

Biographie romancée d’un comte hongrois, Maurice Auguste Beniowski, dont, je l’avoue, je n’avais jamais entendu parler, en dépit de ses récits de voyage, de roman le concernant et même d’un opéra français. Ce fut donc une complète découverte et, à la lecture de cet ouvrage on comprend mieux pourquoi cet homme a déjà inspiré différents auteurs. Excès, affabulations ou non, sa vie est en elle-même un roman propre à développer l’imaginaire et à vous faire rêver au travers de ses multiples aventures et voyages ; tout cela se déroulant au XVIIIème siècle, avec en toile de fonds, les philosophes, quelques guerres et désirs des souverains de créer des établissements dans de nouvelles colonies.

Alors, certainement Jean-Christophe Ruffin a opté pour un point de vue positif et  croit à ses écrits. Il fait de cet homme un héros de son temps, le magnifie par bien des aspects, mais cela n’empêche en rien le plaisir de la lecture et la véracité de bon nombre de faits.

Ce récit se fait à travers les voix et la sensibilité distincte du roi Zibeline et de sa compagne : Aphanasie. Non pas sous forme épistolaire dont ce ce siècle fut friand mais via la narration à une tierce personne ; ici,  Benjamin Franklin, vieillissant mais trop heureux de voir sa solitude ou les nombreux solliciteurs écartés au profit de ce conte qui se poursuit au fil des jours.

Jean-Christophe Rufin a su se détacher de la réalité en magnifiant la figure féminine qu’est Aphanasie. Femme enfant qui, rapidement, va montrer une personnalité hors du commun, un charisme non pas aussi fascinant que celui de son conjoint, mais l’auteur fait d’elle une femme décisionnaire de son destin. Un très beau portrait féminin, bien loin des stéréotypes de l’époque.

Imagination débridée, récits améliorés, ce texte nous permet avant tout de découvrir ce roi si particulier, cet homme qui a choisi sa vie à travers différents pays qui revendiquent aujourd’hui leur attachement à sa personne. Un texte original même s’il est construit sur des faits réels.

Et si tu n’existais pas / Claire Gallois

20 jeudi Juil 2017

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Claire Gallois, enfance, famille, secret de famille

Claire Gallois - Et si tu n'existais pas.Et si tu n’existais pas / Claire Gallois. Stock, 2017. 142 pages

Ce livre, c’est un peu comme un secret que je vais dire à tout le monde. L’histoire d’un engagement que j’ai pris enfant et que je n’ai jamais oublié. Nous sommes dans les années quarante. J’ai six ans et je n’ai jamais vu ma mère. Un dimanche de juillet, elle arrive dans une belle Citroën noire et m’emporte en dix minutes. Ma nourrice court dans la poussière blanche soulevée par la voiture et jette son tablier noir sur sa tête.
Je grimpe contre la lunette arrière et je lui dis en moi-même : « Je te retrouverai, je te le jure ».

Emouvant, prenant et attachant. En 142 pages Claire Gallois décrit la force des sentiments maternels d’une femme envers l’enfant qu’elle élève. Tout en ne lui cachant pas qu’elle n’est pas sa mère, qu’elle ne peut l’appeler et encore moins la considérer ainsi, elle lui transmet tout l’amour et les valeurs qu’elle connaît. Cette affection sans borne se traduit par des gestes simples, des attentions et de petits cadeaux tels qu’un habit brodé. Si jeune soit-elle, Claire comprend et va garder en mémoire tout cela le jour où sa mère vient l’arracher au foyer qui l’a vu grandir.

D’un petit hameau en compagnie de Yaya, sa nourrice, elle se retrouve dans un hôtel particulier peuplé de ses parents, ascendantes encombrante ou dominatrice, de frère et soeurs ainsi que de personnels de maison. Dès son premier contact avec sa mère le lien est inexistant, la tendresse est absente comme le sera des relations humaines de cette famille bourgeoise et pétainiste. Mot à mot, geste à geste elle découvre cet univers et ne peut s’empêcher de le comparer avec ce qu’elle a connu, de poursuivre sa quête, des bribes d’informations sur sa Yaya. Pour cela et bien d’autres choses c’est vers l’indépendance qu’elle va se diriger.

Aucun pathos, aucun reproche, juste des successions de faits, de situations. Claire ne cherche pas vraiment à comprendre mais ne souhaite qu’une chose : la retrouver. Une fois les retrouvailles rapides réalisées, elle n’aura de cesse d’accompagner à son tour sa nourrice bien aimée.

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