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Archives de Tag: vie

Le jour où j’ai appris à vivre / Laurent Gounelle.

10 dimanche Déc 2017

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bonheur, Laurent Gounelle, priorités, vie

Laurent Gounelle - Le jour où j'ai appris à vivre.Le jour où j’ai appris à vivre / Laurent Gounelle. Pocket, 2016.285 pages.

Imaginez : vous vous baladez sur les quais de San Francisco un dimanche, quand soudain une bohémienne vous saisit la main pour y lire votre avenir. Amusé, vous vous laissez faire, mais son regard se fige, elle devient livide. Ce qu’elle va finalement vous dire, vous auriez préféré ne pas l’entendre. A partir de là, rien ne sera plus comme avant, et il vous sera impossible de rester sur les rails de la routine habituelle.
C’est ce qui va arriver à Jonathan. A la suite de cette rencontre troublante, il va se retrouver embarqué dans une aventure de découverte de soi ponctuée d’expériences qui vont changer radicalement sa vision de sa vie, de la vie…

Il est certain que l’esprit du livre est positif. C’est là son objectif premier : nous montrer les vraies valeurs, prendre en compte la nature de chacun et trouver la force de s’épanouir en dépit de notre société de consommation à outrance. Mais avant de délivrer ce message, je dois avouer que certains passages m’ont paru abscons notamment les discussions sans fin de Jonathan avec sa tante. J’ai trouvé cela bien poussif et je me demande s’il ne s’agit pas en quelque sorte d’une caution intellectuelle au but premier de ce roman. En effet, nul besoin de grandes démonstrations métaphysiques puisque le personnage de Laurent Gounelle va nous démontrer que l’on peut vivre autrement en étant plus heureux.

Bon tout cela reste néanmoins tributaire de l’étendue de votre portefeuille et son héros va en prendre conscience. Mais, un peu à l’image de nos politiciens en ce moment le message est clair : une baisse de revenus d’abord avec en compensation un état moral bien meilleur pour un résultat final optimal à tous les niveaux.

J’imagine bien que ce roman a été écrit avant tout pour donner de l’énergie à tout un chacun et que cet écrit entre bien dans la catégorie « feel-good ». On comprend le succès qu’il a rencontré en dépit des remarques que j’ai souligné. La force réside également que les personnages annexes (et certains le sont moins qu’il n’y parait), qui confirment bien que la bonté du geste peut suffire à nous rendre plus heureux. Cela reste un roman mais qui nous rappelle qu’un peu de gentillesse ne nuit pas et que voir les aspects négatifs est plus aisé que d’essayer de voir le bon côté des choses. Alors autant que possible, il ne faut pas attendre  pour exprimer ses sentiments à ses proches et essayer de prendre la vie plus positivement.

Un certain monde / Elizabeth Harrower

06 mercredi Sep 2017

Posted by uncoindeblog in Traduit de l'anglais (Australie)

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amour, Australie, destin, Elizabeth Harrower, vie

Elizabeth Harrower - Un certain monde.Un certain monde / Elizabeth Harrower. Traduit de l’anglais (Australie) par Paule Guivarch. Rivages, 2015. 268 pages.

« C’était une matinée parfaite, d’une beauté originelle, et chaque feuille reflétait le soleil. Le ciel était immense.  » Zoe, Russell, Stephen et Anna. Quatre jeunes gens à l’aube de leur existence, dans le Sydney d’après-guerre. Zoe et Russell sont frère et soeur, Anna et Stephen aussi : les uns sont issus d’une lignée qui leur promet un avenir radieux ; les autres doivent surmonter le passé. Mais le destin se plaît à faire mentir les certitudes.
Avec une sensibilité digne de Jane Austen, Elizabeth Harrower raconte l’ivresse du grand amour, les désillusions dont on prend la pleine mesure toujours à contretemps. En apparence, elle choisit le prisme de l’infime. Pourtant, une ambition plus ample se dessine dans ce roman bouleversant : écrire la vie.

Tout dans ce roman semblait être là pour me plaire : le sujet, l’errance du temps, la vie et les incertitudes du destin. Et bien, je dois avouer m’être ennuyée plusieurs fois malgré tout. Alors j’ai cherché à comprendre le pourquoi du comment mais il est toujours délicat de toucher du doigt ce qui nous fait aimer ou pas un roman.

Sans doute est-ce, aujourd’hui, un style auquel je n’ai pas adhéré. Le sujet qui aurait dû me plaire m’a totalement laissé de marbre et les errances des uns et des autres encore plus. Il me paraissait évident que certains personnages étaient amoureux. La tournure des événements, le jeu du destin et la certitude de certains personnages m’ont laissé craindre le pire et nous n’en sommes pas passés loin (désolée d’être aussi peu claire, mais en dépit des évidences, je ne souhaite pas dévoiler les tenants et aboutissants).

Je n’ai retenu que fort peu de choses de ce roman, et il ne s’agit que de gros traits (qui risquent de m’attirer bien des foudres). L’éducation, le libre arbitre permet aux adultes qui l’ont vécu d’être plus altruistes, de s’intéresser davantage aux autres et d’être davantage soumis dans leur couple -je vous avais prévenu que c’était très tiré par les cheveux-. Bref en dépit de leur force de caractère initial, de leur intérêt pour les autres, ils ne savent pas plus que quiconque être heureux. Les faibles ne sont pas forcément ceux qu’on croit ; la première apparence est souvent trompeuse.

Bon comme toujours, je ne m’avoue pas vaincue et, sans doute, vais-je essayer de lire un autre roman d’Elizabeth Harrower qui, si elle est tombée quelque peu en désuétude, doit néanmoins avoir un petit quelque chose pour avoir plu à tant de lecteurs.

Les deux vies de Baudouin / Fabien Toulmé

03 dimanche Sep 2017

Posted by uncoindeblog in #Un peu de lecture

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contraste, Fabien Toulmé, famille, roman graphique, vie

Fabien Toulmé - Les deux vies de Baudoin.Les deux vies de Baudouin / Fabien Toulmé. Delcourt, 2017 (Mirages). 270 pages. 

Baudouin est un trentenaire solitaire, enfermé dans un quotidien monotone. Son frère, Luc, est à l’inverse un esprit libre, voyageur et séducteur. Un jour, Baudouin se découvre une tumeur qui ne lui laisse que quelques mois à vivre. L’anti-héros décide alors de tout plaquer pour partir avec son frère. Un récit touchant sur les liens familiaux et sur le thème universel de la réalisation personnelle.

Après « Ce n’est pas toi que j’attendais« , j’étais dans les meilleures dispositions pour ce nouvel opus de Fabien Toulmé. On y retrouve la place de la famille, la différence d’un autre point de vue que dans le roman très personnel déjà évoqué.

Baudouin est fort différent de son frère et n’a pas su trouver sa place, voulant trop répondre aux stéréotypes transmis par ses parents : sans aucun doute, sa façon à lui d’essayer de gagner leur amour, en l’absence d’une communication inexistante notamment avec son père. Mais il s’est lui-même perdu en grande partie. Plus de musique, sa passion dont il souhaitait vivre. Un boulot qui ne répond guère à ses critères, un petit chef totalement imbu de lui-même et qui le maintient sous sa coupe de bien des manières : en le chargeant et en l’humiliant dès qu’il le peut.

Sa bouffée d’oxygène : son frère. Aux antipodes.  Et, qui va le pousser dans ses retranchements, lui permettant de se lancer dans la vie, ENFIN.

Oui la chute me semblait évidente, mais je n’en ai pas moins suivi avec bonheur et émotion cette histoire entre deux frères et cette volonté de prendre la vie à bras le corps. L’existence de tout un chacun est difficile, parfois nos espoirs se sont brisés mais sans une bouffée d’oxygène, on ne peut survivre. C’est ce que Luc va offrir à Baudouin : réapprendre à communiquer, à dire son amour à ses parents, à claquer la porte d’un bureau qui ne lui convient pas, à voyager, reprendre la musique et rencontrer des femmes en attendant l’espoir de l’amour. Il va l’obliger à faire un bilan sur lui-même, à noter tout ce qu’il attend du lendemain et l’aider à devenir autonome.

Daytripper / Fabio Moon et Gabriel Ba

22 mardi Août 2017

Posted by uncoindeblog in Traduit du portuguais (Brésil)

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Fabio Moon, famille, Gabriel Ba, mort, roman graphique, sentiment, vie

Image associéeDaytripper  : au jour le jour/ Fabio Moon et Gabriel Ba. Traduit par Benjamin Rivière. Couleur de Dave Stewart. Urban Comics, 2012 (Vertigo). 250 pages

Les mille et une vies d’un aspirant écrivain… et ses mille et une morts. Brás de Oliva Domingos, fils du célèbre écrivain brésilien, passe ses journées à chroniquer les morts de ses contemporains pour le grand quotidien de Sao Paulo… et ses nuits à rêver que sa vie commence enfin. Mais remarque-t-on seulement le jour où notre vie commence vraiment ? Cela commence-t-il à 21 ans, lorsque l’on rencontre la fille de ses rêves ? A 11 ans, au moment du premier baiser ? A la naissance de son premier enfant peut-être ? Ou au crépuscule de sa vie…

Une envie de roman graphique m’a fait prendre celui-ci. La couverture ne me parlait qu’à moitié alors je l’ai un peu feuilleté. Sans être totalement sous le charme du trait j’ai décidé de tenter la lecture. Parfois l’instinct et le hasard donnent de très bonnes surprises.

Original dans son thème et par son traitement. La mort est ici le sujet central mais pas que. Glauque me direz-vous ? Encore plus ces dernières années et ces derniers jours. Détrompez-vous. Le tout est fait avec beaucoup d’intelligence et nous rappelle simplement notre condition mortelle. La grande faucheuse peut intervenir n’importe où, n’importe quand. Simple hasard, maladie, mauvaise rencontre. Pour l’évoquer les deux frères que sont Fabio Moon et Gabriel Ba jouent sur tous les tableaux. Bras, le personnage principal est aspirant écrivain et fils de. A défaut d’avoir la célébrité de son père, il rédige des chroniques mortuaires pour un journal. La boucle est quasi bouclée.

En 10 chapitres, 10 tranches de vie de cet homme, dix moments où la mort aurait pu aller à sa rencontre, à différents âges, il nous raconte son univers, ses passions, ses amours, sa famille et ses souvenirs. Comme des petites touches ou au travers d’instantanés nous allons le découvrir lui et son existence ainsi que des personnages récurrents dont ses parents, figures centrales de son univers, son ami Jorge, ses amours, son fils.

Bien entendu la mort nous arrache à chacun de ces chapitres mais avant cela nous auront le temps de nous attacher à ces petits moments de bonheurs ; le tout est présenté avec beaucoup de sensibilité et une immense tendresse pour ce personnage qu’il ait 76 ans ou 11 ans. Dans ce chapitre les couleurs sont plus vives, les traits des personnages comme des paysages plus affirmés. Vous l’aurez compris chaque chapitre est différent par sa chute et son traitement et même si la mort est toujours là, jamais elle n’est la même.

Avec une très grande pudeur, les auteurs se sont donc penchés sur cette fin que nous préférons tous ignorer, tout en sachant qu’elle est inexorable.

Le garçon / Marcus Malte

29 jeudi Déc 2016

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errance, garçon, homme, Marcus Malte, vie

Marcus Malte - Le Garçon.Le garçon / Marcus Malte. Zulma, 2016. 535 pages. 

Il n’a pas de nom. Il ne parle pas. Le garçon est un être quasi sauvage, né dans une contrée aride du sud de la France. Du monde, il ne connaît que sa mère et les alentours de leur cabane. Nous sommes en 1908 quand il se met en chemin – d’instinct. Alors commence la rencontre avec les hommes : les habitants d’un hameau perdu, Brabek l’ogre des Carpates, philosophe et lutteur de foire, l’amour combien charnel avec Emma, mélomane lumineuse, tout à la fois soeur, amante, mère.
« C’est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l’existence : nombre de ravages et quelques ravissements. » Puis la guerre, l’effroyable carnage, paroxysme de la folie des hommes et de ce que l’on nomme la civilisation. Itinéraire d’une âme neuve qui s’éveille à la conscience au gré du hasard et de quelques nécessités, ponctué des petits et grands soubre-sauts de l’Histoire, le Garçon est à sa façon singulière, radicale, drôle, grave, l’immense roman de l’épreuve du monde.

Comme Marie NDiaye, voici un moment que les romans de Marcus Malte me faisaient de l’oeil, sans que je prenne le temps de les ouvrir et de me faire ma propre opinion sur des ouvrages amplement cités dans la presse critique ou juste salués pour leurs sorties ou le prix reçu. Voilà qui est désormais fait pour 2016, même si vu leurs  bibliographies respectives, la palette de lecture reste encore bien ouverte.

Je suis tombée sous le charme de cet ouvrage dans toute sa première partie. Des phrases courtes, percutantes. Roman d’initiation pour certains, de la débrouille et de l’apprentissage par soi-même ou par imitation avant tout. La vie de ce garçon sans nom, presque sans âge est parfois difficile à lire et à son image, nous nous noyons parfois sous les mots et la folie des hommes. Mais le rendu sous la plume de Marcus Malte est tel que j’ai poursuivi ma lecture, avide de connaître la destinée de cet enfant, de ses rencontres et espoirs. Les personnages rencontrés sont tous, à mon sens, haut en couleurs. Le garçon ne s’y trompe pas et donne à chacun des membres du « village » des surnoms qui leur correspond à merveille. Cette première immersion nous plonge dans une nature humaine bien négative ; même les enfants ont leur part d’ombre. Seul l’innocent, cet éternel enfant ne fait que donner sans attendre en retour. La seconde rencontre avec l’Ogre est là-aussi d’une belle tournure et le garçon, grâce à cet homme, apprend toujours plus, même si sa communication reste à l’état brut.

La seconde et dernière partie m’a ennuyée. Cette envolée lyrique de l’éveil aux sentiments, de l’amour physique, ces échanges m’a laissé totalement de marbre. Elle m’a parue bien longue et j’attendais avec impatience de voir où tout cela allait nous mener. Marcus Malte sait trouver les mots pour décrire la Guerre, la boucherie comme la camaraderie et le quotidien de ces hommes de troupe. Il sait nous rappeler l’impact de la censure, la vision biaisée de l’état-major ou des hommes politiques, montre adroitement la vie au front comparée aux nouvelles et au quotidien des villes. L’impact de ces combats sur les hommes, même sur ce garçon qui dès son plus jeune âge a tout vu et tout connu.

Vous l’aurez compris, j’ai trouvé ce roman inégal sur sa durée, parfois bavard (trop). Certaines pages sont absolument époustouflantes, et je n’ai fait que survoler d’autres pages. Roman épique mais par trop décousu à mes yeux, il n’en reste pas moins un beau tour de force et une vision historique de cette période et particulièrement de la Première Guerre Mondiale, vue de l’intérieur. En dépit de ce que j’ai ressenti comme des faiblesses, l’existence de ce garçon est en un mot, attachante. Marcus Malte nous dit beaucoup et portant il nous manque tant d’éléments le concernant.

La cheffe, roman d’une cuisinière / Marie NDiaye

25 dimanche Déc 2016

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cuisine, destin, histoire, Marie NDiaye, quête gustative, vie

Marie NDiaye - La Cheffe, roman d'une cuisinière.La cheffe, roman d’une cuisinière / Marie NDiaye. Gallimard, 2016 (Blanche). 280 pages

« Elle trouvait excessives les louanges dont on s’est mis à couvrir sa cuisine. Elle comprenait les sensations puisqu’elle s’appliquait à les faire naître, n’est-ce pas, et que leur manifestation sur la figure des convives l’enchantait, c’est tout de même bien ce à quoi elle s’évertuait jour après jour, depuis tant d’années, presque sans repos. Mais les mots pour décrire tout cela lui paraissaient indécents ».
Le narrateur raconte la vie et la carrière de la Cheffe, une cuisinière qui a connu une période de gloire, dont il a longtemps été l’assistant – et l’amoureux sans retour. Au centre du récit, la cuisine est vécue comme une aventure spirituelle. Non que le plaisir et le corps en soient absents, au contraire : ils sont les instruments d’un voyage vers un au-delà – la Cheffe allant toujours plus loin dans sa quête d’épure.

De prime abord, j’ai trouvé déstabilisant cet usage de la narration par une tierce personne, cette manière de raconter, sans que l’on sache réellement qui se cache vraiment derrière ces souvenirs. Même chose pour ces petites échappées contemporaines… est-ce bien le même narrateur, une tierce personne ? En fait tout cela ajoute un peu plus de mystère au personnage de la cheffe, dont la prime enfance, l’éveil à la cuisine et l’existence vont nous être racontés à travers les yeux de cet ancien collaborateur.

C’est un récit à la fois construit  et virevoltant, la cheffe étant toujours au coeur de l’histoire mais des détails, l’existence de sa famille, de ce collaborateur, de sa fille venant enrichir ces lignes. Un peu à la manière de la cuisine de la cheffe, point de détails en trop, tout est donné pour enrichir le récit, sans l’alourdir. Les passages consacrés aux mets préparés par la cheffe furent pour moi des moments magnifiques, tant je l’imaginais au-dessus de ses casseroles et autres, cherchant à trouver la perfection, sa perfection. Même à travers les plats loin de m’attirer d’habitude, mon imagination ne pouvait s’empêcher de galoper, de tenter de trouver odeurs et goûts. Je me suis demandée si Marie Ndiaye avait concocté ces recettes avec un chef ou d’où pouvez lui venir cette inspiration aux fourneaux.

Etonnant par sa construction, je me suis totalement laissé gagner par cette lecture  que j’ai beaucoup aimé. Et, si la cuisine tient une place essentielle, comme de juste, sachez que les relations humaines et bien d’autres thématiques sont importantes dans ce très beau roman.

A découvrir et à déguster, si ce n’est pas encore fait.

Someone / Alice McDermott

06 mardi Sep 2016

Posted by uncoindeblog in Traduit de l'anglais (Etats-Unis)

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Alice McDermott, Brooklyn, famille, Festival America, New York, vie

Alice McDermott - Someone.Festival America - logoAmericaSomeone / Alice McDermott. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Cécile Ranaud. Quai Voltaire, 2015. 265 pages

Brooklyn, années 30, quartier irlandais. Marie vit avec ses parents, immigrés avant sa naissance, et son grand frère Gabe dans un minuscule appartement bien astiqué. Son père boit trop mais il aime sa fille tendrement. Sa mère a la rudesse des femmes qui tiennent le foyer. Tandis que Gabe se destine dès le plus jeune âge à la prêtrise, Marie traîne sur les trottoirs de New York avec ses copines, colportant les cancans du bloc d’immeubles, assistant aux bonheurs et aux tragédies d’un quartier populaire.
Viendront le temps des premiers émois, puis du premier emploi, chez le croque-mort du quartier, le débonnaire M Fagin. Un jour, elle rencontre Tommie, GI détruit par la guerre qui vient de s’achever, employé d’une brasserie de bière et ancien paroissien de Gabe. Tommie est ce qu’on appelle « un gars bien ». Ensemble, ils vont élever quatre enfants qui connaîtront l’ascension sociale américaine. Poignant et caustique, le récit de la très ordinaire vie de Marie – un parcours de femme, des tracas et des joies d’épouse, de mère, de fille, de soeur, d’amie – devient un témoignage historique évocateur de la communauté irlandaise du New York des années 30, du traumatisme de la guerre, des mutations sociologiques de l’époque contemporaine.

A petites touches, à la manière des impressionnistes, Alice McDermott nous raconte une histoire, des histoires dans l’histoire. Un peu à la manière des enfants qui, les mains sur les yeux laissent s’ouvrir progressivement leurs doigts pour laisser passer la lumière, les images : l’index, le majeur puis les replacent et en déplacent un autre. C’est son univers, son Brooklyn que Mary nous détaille ; sa vie et celle de sa famille mais de manière non linéaire. Tantôt l’image qu’elle perçoit nous raconte l’enfant qu’elle fut, d’autres les souvenirs de son père, son 1er accouchement, la rencontre avec son mari et son frère, Gabe, un des super héros de son enfance dont le temps semble faire pâlir un peu l’aura (mais rien n’est jamais terminé).

La forte myopie de Marie semble l’empêcher de voir les choses dans leur globalité, mais les détails sont là, minimes et pourtant si essentiels. Ils lui permettent de nous restituer toute une atmosphère, des odeurs et des sentiments forts différents sans doute d’une personne dépourvue de cet handicap. Une grâce rendue possible via la plume sensible d’Alice McDermott qui n’a peur de rien, qui joue avec le lecteur, sans craindre de le perdre dans les méandres de la plume et de la mémoire de son personnage.

Un plaisir de lecture en ce qui me concerne. J’ai tourné les pages impatiente que j’étais de découvrir ces tableaux minuscules et sincères d’une vie, cette vie qui nous mène quasi de ces premiers aux derniers souvenirs sans pathos, ni regrets.

 

Lu dans Télérama, sous la plume de Nathalie Crom : « Le quotidien banal d’une femme sans qualités peut receler une beauté et une grâce infinies, à condition qu’une plume virtuose lui donne vie. La preuve. »

Egalement chez Plume de Cajou, et chez Titine pour Le mois américain.

Ru. Man /Kim Thuy

05 dimanche Juin 2016

Posted by uncoindeblog in Auteurs québecois

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berceuse, Boat people, espoir, Kim Thuy, passé, présent, Québec, vie, Vietnam

Coup de coeur ♥♥♥♥♥

Kim Thuy - Ru. Kim Thuy - Man.

Ru / Kim Thuy. Liana Levi, 2010. 143 pages.

 Une femme voyage à travers le désordre des souvenirs : l’enfance dans sa cage d’or à Saigon, l’arrivée du communisme dans le Sud-Vietnam apeuré, la fuite dans le ventre d’un bateau au large du golfe de Siam, l’internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, les premiers frissons dans le froid du Québec. Récit entre la guerre et la paix, Ru dit le vide et le trop-plein, l’égarement et la beauté. De ce tumulte, des incidents tragi-comiques, des objets ordinaires émergent comme autant de repères d’un parcours.
En évoquant un bracelet en acrylique rempli de diamants, des bols bleus cerclés d’argent ou la puissance d’une odeur d’assouplissant, Kim Thúy restitue le Vietnam d’hier et d’aujourd’hui avec la maîtrise d’un grand écrivain.

Oui il est très rare que j’affiche ainsi la couleur (Coup de coeur ♥♥♥♥♥)mais je dois avouer que mes amies québécoises avaient eu beau me parler de Kim Thuy, jamais je n’aurais pu penser avoir un tel coup de coeur à la lecture de « Ru ». Oui je me rends bien compte aujourd’hui du bruit que sa publication avait suscité, mais comme souvent je suis passée à côté, méfiante de tous ses échos par trop positifs. J’ai donc ouvert cet ouvrage sans aucune arrière pensée, attendant de voir… Et je suis restée scotchée… Devant tant de douceurs, de vie, de mots de tendresse et de cris silencieux.

La sensation de lire un carnet de bord, non pas tant par l’histoire elle-même, mais par la présentation du texte, écrit sur une page, deux… des mots simples qui racontent son passé, sa traversée, son arrivée au Québec mais aussi aujourd’hui sa vie, ses enfants. 147 pages pour dire tant dans un espace si restreint ! Mais oui cela est possible et tout se tient, se lient avec une sensibilité extrême. A chaque page, microcosme, je reste muette devant des faits tragiques ou du quotidien et qui tous me plongent dans une émotion intense. Qu’elle parle de son passé, de la fuite de sa famille, de son arrivée au Québec et de l’accueil qu’ils reçurent.  De simples sourires, des gestes de la main ou simplement une présence. Des bonnes volontés et une aide significative quand tout vous est étranger, quand votre monde s’écroule.

Et ces mots lorsque l’auteur évoque son monde du silence lors de son déracinement et le rapporte à celui de son fils autiste. Non, elle ne cherche pas le pathos, juste à nous évoquer sa vie, ses sentiments. Une berceuse, un rappel à la vie. Le tout avec  respect qui se retrouve également dans sa dédicace : « Aux gens du Pays ». Celui qu’elle a dû quitter, comme celui dans laquelle elle a désormais fait sa vie.

Si vous ne l’avez pas encore lu, une lecture s’impose et sinon, la relecture reste sans aucun doute, un bonheur. Je vais de ce pas l’offrit à ma soeur et à une amie.

 

Mãn. Kim Thuy. Liana Levi, 2013. 143 pages

« Maman et moi, nous ne nous ressemblons pas. Elle est petite, et moi je suis grande. Elle a le teint foncé, et moi j’ai la peau des poupées françaises. Elle a un trou dans le mollet, et moi j’ai un trou dans le cour. »

Face à la force de ce premier ouvrage, j’ai eu du mal à me glisser dans « Mãn ». Attendais-je une suite ? Je ne sais pas vraiment. Mais il m’a fallu un  peu plus de temps avant de prendre conscience, une nouvelle fois, de la beauté du texte. Là-aussi, Kim Thuy s’inspire de son histoire, mais la raconte autrement. Son héroïne est déjà adulte lorsqu’elle arrive au Québec. Et sa vie passée, comme celle de sa mère se télescopent. Il faudra du temps et l’amitié / la force d’une amie québécoise pour que cette restauratrice s’épanouisse et découvre la passion.

Une nouvelle fois, un superbe texte. « Vi » m’attend déjà.

Journal d’un vampire en pyjama / Mathias Malzieu

20 vendredi Mai 2016

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Dyonisos, maladie, Malzieu, renaissance, transfusion, vampire, vie

Journal d'un vampire en pyjamaJournal d’un vampire en pyjama / Mathias Malzieu. Albin Michel, 2016. 240 pages

« Ce livre est le vaisseau spécial que j’ai dû me confectionner pour survivre à ma propre guerre des étoiles. Panne sèche de moelle osseuse. Bug biologique, risque de crash imminent. Quand la réalité dépasse la (science-) fiction, cela donne des rencontres fantastiques, des déceptions intersidérales et des révélations éblouissantes. Une histoire d’amour aussi. Ce journal est un duel de western avec moi-même où je n’ai rien eu à inventer. Si ce n’est le moyen de plonger en apnée dans les profondeurs de mon cœur. »

Il ne s’agit pas du premier ouvrage de Mathias Malzieu que je lis, mais pour mes lectures précédentes mon blog n’était pas encore ouvert et je ne suis pas certaine d’avoir su trouver les mots – j’ai lu « Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi » ainsi que « La mécanique du coeur » – ; du moins c’est le sentiment que cela m’évoquait lorsque j’ai vu cette nouvelle page d’écriture, mais je me suis néanmoins décidée à lire cet opus, en me disant que je ne vous donne pas à lire toutes mes impressions de lecture, donc … à voir….

Mais me voici …J’ai retrouvé dans ce roman des souvenirs de lectures : une écriture toujours très fluide, de courts chapitres qui n’envahissent pas l’espace du lecteur et lui donne la possibilité de tourner les pages sans s’en rendre vraiment compte. Ils permettent également, dans le cas présent, de ne pas s’appesantir, s’apitoyer sur la maladie qui est pourtant au coeur de cet ouvrage. Car Mathias Malzieu nous raconte sa brusque rencontre avec l’ombre de la mort, celle qui va l’accompagner même en chambre stérile, fidèle parmi les fidèles. Sans tabou, mais avec poésie, sensibilité, il se raconte. Craintes, doutes, détresse de ses proches, particulièrement de son père : orphelin, veuf et qui pourrait à présent perdre un de ses enfants. Pas de pathos, des faits, des souffrances mais des mots simples à l’image de ceux qui lui sont donnés par le corps médical à qui il rend un vibrant hommage, n’oubliant aucune de ces rencontres, de ces moments d’aide, de sourires. A cette infirmière à qui il dit manquer de baisers et qui le lendemain lui dépose une feuille sous un plastique stérilisé, feuille qu’elle et sa collègue ont embrassé, laissant la trace de leur rouge à lèvres. Des professionnels qui s’adaptent aux personnes, et donc à la personnalité parfois un peu fantasque de Mathias Malzieu.

Journal de bord, planche à la mer pour ne pas sombrer, pour ne pas oublier que la vie est là, belle. Que chaque rayon de soleil, chaque goutte de pluie ou souffle de vent s’appréhendent différemment avec les yeux de la maladie et de l’isolement. Tout cela il le partage avec chaque lecteur, voulant remercier tous ceux qui l’ont accompagné, mais aussi la VIE. Cette vie qui lui fut donnée par sa mère aujourd’hui disparue et cette inconnue qui lui a permis de renaître grâce au sang placentaire qu’elle a donné.

 

Le coeur par effraction / James Meek

24 mercredi Fév 2016

Posted by uncoindeblog in Traduit de l'anglais (Ecosse)

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croyance, James Meek, temps qui passe, trahison, vie, vie publique

Le coeur par effraction / James Meek. Traduit de l’anglais (Ecosse) par David Fauquemberg. Points, 2014. 603 pages

Rebecca, brillante scientifique, refuse la demande en mariage de Val, journaliste people. Furieux, il est déterminé à se venger. Avec la Fondation morale, organisme de délation, il fait chanter Ritchie, le frère de Rebecca, un producteur à succès : s’il ne lui donne pas d’infos scabreuses sur sa soeur, il révélera sa relation avec une stagiaire de 15 ans ! Seriez-vous capable de trahir un être cher ?

Encore un livre dont je n’aurais jamais dû lire le résumé proposé car il m’a fallu attendre le dernier tiers du livre pour enfin arriver à ce moment où le sujet de la trahison cité entre enfin en scène. Je me rends compte que cela a  modifié ma lecture, et m’a certainement empêché de trouver des qualités à ce roman. Je me suis donc ennuyée pendant ma lecture car avant de parvenir à cet (ce non-) événement, c’est l’histoire des protagonistes qui nous est narrée ici. Elle ne se cantonne pas à Rebecca et Val mais s’élargit à certains membres de leur entourage. Et on prend conscience que la question des valeurs morales se retrouvent dans le comportement de tous ces personnages, de tout être d’une manière générale. Faisons-nous les bons choix ? L’instant présent nous affirme que oui mais qu’en est-il a posteriori ? Le temps et ce simple coup d’oeil dans le rétroviseur nous jette dans une introspection sur nous et nos actions.

Chacun des personnages se cherche, ou par ambition, croyance, autre, entraîne son existence, celle d’êtres chers vers un gouffre, la solitude, la mort ?

Le bien, le mal coexistent et que vous soyez profondément religieux, monsieur / madame tout le monde, chanteur, chercheur dont les vaccins ou les théories peuvent changer la vie de millions d’êtres, rien ne vous empêchera de faire des erreurs.

Le billet beaucoup plus positif de Titine.

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