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Alaska, alcool, amour, apprentissage, Catherine Poulain, femme, mort, nature, pêche en pleine mer
Le grand marin / Catherine Poulain. Editions de l’Olivier, 2016. 368 pages
Une femme rêvait de partir. De prendre le large. Après un long voyage, elle arrive à Kodiak (Alaska). Tout de suite, elle sait : à bord d’un de ces bateaux qui s’en vont pêcher la morue noire, le crabe et le flétan, il y a une place pour elle. Dormir à même le sol, supporter l’humidité permanente et le sel qui ronge la peau, la fatigue, la peur, les blessures… C’est la découverte d’une existence âpre et rude, un apprentissage effrayant qui se doit de passer par le sang.
Et puis, il y a les hommes. À terre, elle partage leur vie, en camarade. Traîne dans les bars. En attendant de rembarquer. C’est alors qu’elle rencontre le Grand Marin.
Un tantinet déçue par ce roman qui a reçu moult prix (même si ce n’est pas cela qui a attiré mon attention). Je lui ai parfois trouvé une force magnifique, à l’image de cette frêle héroïne qui s’embarque sans rien connaître à la pêche, dans l’inconnu, sans la carrure et les muscles, dans les descriptions de cette quête de fortune en haute mer. Confrontés aux éléments, hommes et femme se retrouvent quasi égaux et le style narratif de Catherine Poulain est simplement époustouflant.
D’autres passages, chapitres m’ont laissé sur ma faim. En particulier la quête amoureuse (ce n’en est pas vraiment une, mais puisque le terme s’est glissé sous mes doigts, je le laisse), que j’ai trouvé moins gratifiante pour le lecteur. Est-ce le retour à la terre, ce manque de confrontations aux éléments marins, une certaine apathie à l’image de ces marins qui replongent dans l’alcool et autres dès leur retour sur terre et qu’ils ne perçoivent plus l’utilité ou le besoin de combattre la nature ? Je ne sais pas. Mais il est certain que si cet ouvrage reste à découvrir si vous ne l’avez pas encore fait, pour la narration sans égale de cette éducation en accélérée et des conditions de vie sur ces bateaux : l’avant, pendant, après la pêche, je préfère nuancer mon propos.
Catherine Poulain parle fort à propos de la liberté, de la nature et de la violence des hommes. Sans fard, elle exprime la souffrance, les blessures et la mort que côtoient à chaque instant ces personnages entiers, forts en gueule et sensibles. Des pages superbes sont à retenir.