Le chasseur de lapins / Lars Kepler

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Lars Kepler - Le chasseur de lapins.Le chasseur de lapins / Lars Kepler. Roman traduit du suédois par Lena Grumbach. Actes Sud, 2018. (Actes noirs). 567 pages.

Lorsque le ministre des Affaires étrangères est sauvagement assassiné au beau milieu d’ébats sadiques avec une prostituée, les autorités redoutent un acte terroriste. Les premiers indices convergent en direction d’un homme incarcéré qui aurait des liens avec un réseau d’extrémistes. La police décide alors de faire appel à l’inspecteur Joona Linna qui purge une peine de quatre ans dans une prison de haute sécurité, la couverture est idéale.
Il pourra approcher le prisonnier et tenter de lui soutirer des informations. Mais le temps presse, le meurtrier n’en est qu’à ses débuts. Des hommes influents tombent les uns après les autres dans des circonstances toujours plus sordides, et les crimes présentent la même troublante signature : juste avant de mourir, les victimes entendent un enfant chanter une comptine macabre sur dix petits lapins.
Plus angoissant que jamais, le nouvel opus de Lars Kepler est un thriller psychologique d’une efficacité redoutable. Distillant la peur, Le Chasseur de lapins tient, dès les premières pages, sa proie effarée dans la lumière éblouissante de son intrigue. Il est alors déjà trop tard pour prendre la fuite…

Je suis toujours surprise par la crudité de certaines pages, particulièrement dans les romans du Nord de l’Europe, me semble-t-il. Cela ne m’empêche ni de dormir, ni de poursuivre mes lectures, mais c’est là que je note l’évolution du style des polars. Les actes sont détaillés et précis. A ne pas mettre sous tous les yeux sans doute, même si cinéma et télévision se sont engouffrés dans cette brèche depuis fort longtemps. L’histoire n’est pas là.

Un roman prenant mais pas aussi haletant que je l’avais imaginé dans la première partie. Car si au départ tout est fait pour nous tenir en haleine : les cibles, ce tueur et sa folie, les personnages secondaires important cela va sans dire, cassent un peu le rythme. On imagine sans peine que s’ils sont là ce n’est pas juste pour faire de la figuration. Alors oui ils sont essentiels à la bonne compréhension de l’histoire, dans le déroulement des événements qui vont suivre, mais comme je le mentionnais cela m’a semblé ralentir un peu l’ensemble.

Après ces tueries ne sont pas, comme l’imagine les services secrets suédois le pensent de prime abord, l’oeuvre de terrorisme (le climat actuel est sans doute pour beaucoup dans ce raccourci), et la quête et l’implication de l’inspecteur Joona Linna comme de son ancienne coéquipière entraîne l’histoire plus rapidement dans la « réalité ». Sans doute un bon opus de ce couple d’écrivains mais avec les réserves déjà formulées.

Un clafoutis aux tomates cerises / Véronique de Bure

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Véronique de Bure - Un clafoutis aux tomates cerises.Un clafoutis aux tomates cerises / Véronique de Bure. Flammarion, 2017. 384 pages

Au soir de sa vie, Jeanne, quatre-vingt-dix ans, décide d’écrire son journal intime. Sur une année, du premier jour du printemps au dernier jour de l’hiver, d’événements minuscules en réflexions désopilantes, elle consigne ses humeurs, ses souvenirs, sa petite vie de Parisienne exilée depuis plus de soixante ans dans l’Allier, dans sa maison posée au milieu des prés, des bois et des vaches. La liberté de vie et de ton est l’un des privilèges du très grand âge, aussi Jeanne fait-elle ce qu’elle veut – et ce qu’elle peut : regarder pousser ses fleurs, boire du vin blanc avec ses amies, s’amuser des mésaventures de Fernand et Marcelle, le couple haut en couleurs de la ferme d’à côté, accueillir – pas trop souvent – ses petits-enfants, remplir son congélateur de petits choux au fromage, déplier un transat pour se perdre dans les étoiles en espérant les voir toujours à la saison prochaine…

Véronique de Bure parle d’un sujet qui fait détourner le regard de bon nombre d’entre nous, quel que soit l’âge que nous avons : la vieillesse. Non il n’est pas question d’Ehpad, de maltraitance etc. ici, mais du quotidien et du déclin quasi invisible de cette vieille dame qui se retrouve progressivement isolée. Elle vit à la campagne mais ces faits et gestes doivent être bien similaires à ceux de personnes vivant en ville. Bien entendu la difficulté majeure reste l’isolement, les distances, mais Jeanne a la chance, en dépit de son grand âge, de pouvoir encore conduire et de poursuivre ses activités, même si au fil des pages, son indépendance s’amenuise.

Le charme de cet ouvrage est qu’il ne se focalise pas uniquement sur cette personne. Elle évoque son passé et son présent. Ses voisins plus très jeunes non plus chez qui la maladie s’installe également, ses amis les plus proches et les enterrements des uns et des autres (sans esprit négatif ou sombre) en faisant simplement le constat que ses amis disparaissent un à un, que la maladie, la mort frappe au hasard même ceux plus jeunes ou qui semblaient en bonne santé la veille .

Le quotidien de Jeanne c’est aussi sa famille : ses enfants, petits-enfants qui souhaitent l’entourer, l’aider en dépit de la distance. Une présence qui la réjouit et l’agace tout à la fois devant le désordre, le bruit et le fait que ses habitudes soient bousculées. Jeanne a du mal à trouver sa place dans la modernité, dans les trop brusques changements et a davantage peur des cambrioleurs que de la mort. Néanmoins, la maladie, les nouveaux obstacles qui se créent devant elle avec le manque de force, la fatigue ou les oublis sont parfois difficiles à surmonter.

Chronique d’une personne âgée, écrite avec pudeur, sensibilité et vraisemblance. L’auteur nous distille un peu de l’histoire de Jeanne sans en faire trop. Bien entendu on connaît la chute de l’histoire même si elle n’est pas écrite.

Trilogie des ombres. Tomes 1 et 2 / Arnaldur Indridason

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Arnaldur Indridason - Trilogie des ombres Tome 1 : Dans l'ombre.Trilogie des ombres. Tome 1 : Dans l’ombre. Tome 2 : La femme de l’ombre / Arnaldur Indridason. Traduit de l’islandais par Eric Boury. Métailié, 2017 (Bibliothèque Nordique). 330 +330 pages.

Un voyageur de commerce est retrouvé dans un petit appartement de Reykjavik, tué d’une balle de Colt et le front marqué d’un « ss’ en lettres de sang. La police soupçonne rapidement les soldats étrangers qui grouillent dans la ville en cet été 1941. Deux flics novices vont mener l’enquête. Flovent, l’unique enquêteur de la police criminelle d’Islande, qui a fait un stage à Scotland Yard, et Thorson, l’Islandais de l’Ouest, né au Canada, et désigné comme enquêteur militaire par les Britanniques et les Américains pour ses compétences linguistiques.
Indridason décrit les bouleversements de cette île de pêcheurs et d’agriculteurs qui évolue rapidement vers la modernité avec l’afflux des soldats. Les femmes s’émancipent, rêvent de la ville, on soupçonne que, malgré la dissolution de leur parti, les nazis n’ont pas renoncé à trouver des traces de leurs mythes et de la pureté aryenne dans l’île. Par ailleurs on attend en secret la visite d’un grand homme.

J’ai eu la chance d’enchaîner ces deux volumes à une semaine d’intervalle donc j’avais les protagonistes bien en tête. Du fait de la période couverte je n’ai pas cherché à comparer cette trilogie avec les enquêtes précédentes d’Indridason. Il est certain qu’il est toujours plus difficile de découvrir de nouveaux personnages mais le contexte et les personnages sont bien amenés. L’ensemble nous permet de nous plonger dans l’histoire de la 2nde Guerre Mondiale, de la montée du nazisme et de l’occupation militaire qu’a vécue l’Islande. Même si la présence des forces anglaises puis américaines est là dans un but pacifiste, les différences culturelles et autres sont forcément patentes. On sait également que la présence militaire entraîne souvent d’autres faits et travers. L’auteur ne le tait pas, comme il raconte aussi la main mise et le pouvoir de certains militaires.

Au milieu de l’histoire en marche deux jeunes gens apprentis policiers, l’un pour l’Islande, l’autre représentant les forces militaires. Ils doivent et vont apprendre à travailler ensemble. Leurs méthodes sont distinctes, leur inexpérience similaire.

A travers aux, leurs enquêtes, l’auteur nous montre l’existence de cette île, les changements économiques, l’indépendance grandissante des femmes, l’abandon de la terre et l’attrait de la ville. Mais aussi la place du nazisme, l’espionnage dans ce premier volume. Une idée que l’on retrouvera dans le second avec des conséquences inattendues sur l’existence de certains, mais aussi le marché noir qui s’installe. Parallèlement Arnaldur Indridason parle de l’homosexualité, de l’émancipation, de la cruauté des hommes. Les ombres sont partout, une part en chacun de nous et de l’histoire. J’ai trouvé le second volume plus réussi mais sans doute est ce le fait que je connaissais déjà les deux personnages principaux. L’auteur pouvait nous lancer directement dans les histoires qu’il avait ciselées. L’ensemble est toujours écrit avec beaucoup de précisions, et je n’ai jamais trouvé le temps long. J’ai simplement hâte de lire le dernier opus, m’interrogeant sur ce qu’il nous réserve.

La fille sauvage / Jim Fergus

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Jim Fergus - La fille sauvage.La fille sauvage / Jim Fergus. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-Luc Piningre. Le Cherche Midi, 2004 (Collection Ailleurs). 340 pages.

Après Mille femmes blanches, Jim Fergus confirme son exceptionnel talent de conteur en nous livrant ici le destin bouleversant d’une héroïne hors du commun :La Fille sauvage. Sierra Madre, 1932 : capturée par un chasseur de pumas, une jeune indienne, la niña bronca, est livrée en spectacle aux curieux dans une sordide geôle mexicaine. Elle appartient à l’une des dernières tribus apaches qui, ayant refusé de pactiser avec les Blancs, vivent à l’état « sauvage » dans les montagnes.
Un jeune photographe, Ned Giles, et la niña bronca vont devenir les héros d’une épopée mouvementée et meurtrière, doublée d’une merveilleuse histoire d’amour à l’issue improbable. Pour cette fresque épique et romantique, Jim Fergus s’inspire des faits tragiques et dissimulés de l’histoire de l’Ouest : la niña broncaa réellement existé, de même que la Grande expédition apache, ligue de « gentlemens » fortunés qui, au nom de la défense de l’Amérique, sont allés aveuglément « massacrer de l’Indien ». Hymne à la culture indienne, qu’une « civilisation » s’acharne à anéantir, mais aussi magnifique portrait de femme, La Fille sauvage est un roman captivant.

J’ai découvert « Mille femmes blanches » à sa sortie et j’avais dévoré ce roman. Depuis j’ai lu d’autres ouvrages de Jim Fergus, acquis la suite de ce premier roman (toujours sur mes étagères), mais j’ai entre temps pris le temps de lire « La fille sauvage » dans lequel j’ai retrouvé les qualités de la plume de Jim Fergus, sa minutie et les recherches entreprises sur des « détails » de l’histoire. Il sait avec beaucoup d’habileté nous plonger dans l’histoire, sans que l’on sache où fiction et réalité se rencontrent, tout en donnant des informations historiques oubliées, parfois hautes en couleurs ou des faits si précis que les images se collent à notre rétine. Ici cette vision prend tout son sens, car son personnage principal est Ned Giles, apprenti photographe qui va apprendre son métier de photographe et reporter en se frottant à la vie réelle après le décès de ses parents. Ned se lance dans l’aventure au hasard d’une petite annonce qui initialement ne le concerne en rien puisqu’elle s’adresse à des gentlemans fortunés, avides de sensations fortes, de pêche et de chasse qui doivent payer pour accompagner une expédition, sous couvert de rechercher un enfant enlevé par les derniers membres des apaches.

En suivant Ned, c’est tout un pan de cette période que nous découvrons : la grande crise, la vie de ces hommes fortunés, leur indolence/insolence, mais aussi le contexte d’une petite ville minière à la frontière du Mexique : la pauvreté et l’exploitation des filles de la région. Plus Ned nous narre ces nouveaux espaces, plus les détails afflux. La Sierra Madre, ses collines, ses escarpements nous est transcrite et alors que nous y prêtons sans doute une attention moindre tout cela est important car notre personnage y reviendra des années plus tard sans rien reconnaître de ces années 30. La civilisation sera passée par là. Mais ce n’est pas simplement une page d’histoire, la découverte de l’oeil d’un futur professionnel que Jim Fergus nous donne, c’est également la fin d’une des dernières tribus apaches qu’il nous permet de découvrir. Quelques membres qui se refusent à adopter la vie de pauvreté et de réserve qui lui est promise, préférant poursuivre sa voie, sa vie d’autrefois, faite de misère, liberté et soumise aux chasseurs de scalps d’apaches.

Sa rencontre avec la niña bronca va modifier l’existence de Ned et de ceux qui vont la croiser. Jeune femme belle, indépendante, fière, mais chassée comme n’importe quel animal sauvage. Ce sont des images à la fois magnifiques et révoltantes de la folie des hommes qui nous sont restituées dans ses pages. L’image du bon sauvage n’est pas reprise, ni idéalisée ; ce roman en quelque sorte initiatique, montre la proximité de cette tribu avec la nature, leur cohésion et force, leur sauvagerie et la folie de certains comme dans tous les peuples. Une dernière illustration de la beauté brute de la nature comme de ces hommes épris de liberté. A sa mesure, Ned cherchera lui-même cette indépendance tout au long de sa vie.

La vie est un millefeuille à la vanille / Lars Vasa Johansson

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Lars Vasa Johansson - La vie est un millefeuille à la vanille.La vie est un millefeuille à la vanille / Lars Vasa Johansson. Traduit du suédois par Hélène Hervieu. Fleuve Editions, 2017. 412 pages.

Malgré sa profession de magicien itinérant, Anton ne sent guère d’affinité avec ses semblables. Depuis des années, il arpente le pays et se produit de maisons de retraite en centres commerciaux avec un succès disons… médiocre. Il s’en accomoderait si son éternel rival Sebastian ne rencontrait une immense gloire dans toute la Suède avec son spectacle éblouissant. Sans oublier sa fiancée Charlotta qui l’a quitté pour suivre Sebastian.
Aujourd’hui, Anton fête ses quarante-cinq ans mais seuls ses parents s’en souviennent. Cela ne l’empêchera pas de déguster dans la paix de sa solitude son traditionnel millefeuille à la vanille. Pourtant, enfermé sur lui-même, Anton ne va pas si fort, et pour dire vrai, pas fort du tout. Il maîtrise depuis longtemps l’art de maquiller sa vie à ses propres yeux pour en être encore conscient. Or, cette nuit, une rencontre inopinée va rompre son équilibre et l’amener à questionner sa vie et peut-être à se redécouvrir…Attention, Anton va se réveiller !

De prime abord, en dépit de sa couverture « à la mode » (un peu sirupeuse) et d’un titre intriguant, ce roman n’avait pas grand-chose pour me plaire. Et lorsque l’on découvre le personnage d’Anton, on se demande bien ce que l’on vient faire dans cette galère et où l’auteur va bien pouvoir nous emmener. Anton est le prototype du loser, amer et imbu de sa personne. Incapable de comprendre ses échecs et de rebondir. Sans amis, famille et bientôt sans travail. Ses errances et une journée anniversaire calamiteuse vont le faire atterrir là où il n’aurait jamais dû se rendre : dans la forêt de Tiveden.

J’ai vu un billet qui parlait d' »Alice aux pays des merveilles ». Nous n’en sommes pas vraiment là et Anton n’a pas la naïveté et l’enfance d’Alice, mais son créateur nous plonge dans un monde parallèle, dans la féérie des contes suédois auquel nul ne peut croire et encore moins un homme de 45 ans, incrédule et amer comme Anton. Les rencontres qu’il va faire, les accidents qui se multiplient vont le pousser à une certaine forme d’introspection et non ce n’est pas totalement un roman à l’eau de rose ou aux tons tout à fait pastels (comme la couverture nous laisserait à le penser), mais Anton avec ses expériences personnelles, son vécu, va prendre, pour la première fois de sa vie, le temps de réfléchir, de se remémorer son passé. Il va apprendre à mieux se connaître et tout en gardant son caractère va parvenir à aider les habitants de la forêt de Tiveden, et quelques autres personnes, tout en s’aidant lui-même.

Alors oui, le conte est là comme la morale : « aide ton prochain », « fais le bien » etc, mais cela ne m’a pas totalement gêné, car après tout Anton a juste pris le temps de faire un micro bilan de son existence, de réfléchir sur son métier et ses échecs. Un roman qui n’est pas parfait mais qui se laisse lire une fois que l’on se laisse saisir par l’idée de Lars Vasa Johansson. Laissons la magie, opérer.

Le pensionnat des innocentes / Angela Marsons

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Le pensionnat des innocentes  - Angela Marsons  Le pensionnat des innocentes / Angela Marsons. Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Valérie Bourgeois. Editions France Loisirs, 2017. 471 pages.

En pleine nuit, cinq individus scellent un pacte au-dessus de la tombe qu’ils viennent de creuser. De nos jours. Kim Stone, inspectrice au tempérament rebelle et solitaire, se voit confier une nouvelle enquête. Teresa Wyatt, directrice d’école, a été retrouvée noyée dans sa baignoire. Peu de temps avant sa mort, elle s’était intéressée à une fouille archéologique prévue autour d’un foyer d’accueil où elle avait travaillé avant que le lieu ne soit entièrement détruit par les flammes. Un autre employé du foyer est à son tour retrouvé assassiné. Kim, qui a connu enfant l’assistance publique, est profondément impliquée dans cette enquête. Au mépris des procédures, elle demande aux archéologues de commencer leurs fouilles : plusieurs squelettes sont retrouvés…

Angela Marsons nous propose de suivre le travail et la vie de son enquêtrice Kim Stone et de son équipe. Parfois brute de décoffrage, un peu trop directe pour sa hiérarchie, Kim Stone n’en obtient pas moins des résultats probants, n’hésitant pas à damer le pion à ses collègues masculins qu’elle juge parfois par trop carriériste. Cette enquête va être pour elle, comme pour nous, l’occasion de nous plonger dans son enfance : elle a connu les familles d’accueil et les pensionnats d’enfants d’où sa connaissance de ce style d’établissement lorsque l’on découvre plusieurs squelettes dans le parc d’un de ces ancien lieux.

L’auteur joue adroitement des réminiscences diffuses de Kim Stone mais également des différents protagonistes qu’elle croise directement ou indirectement (cf la recherche de son enquêtrice sur les réseaux sociaux). Moderne, plus humaine que les personnes en dehors de son équipe ne se l’imagine, elle va où son instinct la pousse tout en n’omettant ni les anciennes techniques policières : porte à porte, interrogatoires, ou plus modernes et liées à l’usage d’Internet. Avec cette équipe moderne, l’auteur nous plonge au coeur du West Midlands (Birmingham, Dudley, Stratford-upon-Avon) avec les soubresauts de la vie économique.

Bien menée, liée à des enquêteurs que l’on découvre humains et intéressés par leur métier, cette enquête se lit d’une traite. A découvrir et à confirmer.

Le Chinois / Henning Mankell

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Henning Mankell - Le Chinois.Le Chinois / Henning Mankell. Traduit du suédois par Rémi Cassaigne. Points,2013.

Une tache écarlate sur la neige. Plus loin, une jambe… En tout, dix-neuf personnes massacrées à l’arme blanche à Hesjövallen. Selon les médias, un psychopathe a frappé. Pour la juge Birgitta Roslin, tout est trop bien organisé. Sa seule piste: un ruban rouge chinois. Indice qui la mène jusqu’à Pékin, dans les familles des émigrés du siècle dernier. Les humiliés auraient-ils pris leur revanche ?

Je m’attendais à retrouver le commissaire Wallander mais connaissant mal la bibliographie d’Henning Mankell, je l’ai attendu en vain :). Du coup est-ce pour cela que j’ai trouvé cette histoire assez déroutante, ou à cause du traitement de l’ouvrage qui nous promène entre le XXème siècle et la fin du XIXème, de la Suède, en passant par la Chine ou les Etats Unis ? Je ne sais pas mais en dépit de tout cela, l’auteur m’a permis de découvrir cette traite inhumaine, et comme toujours la folie humaine qui pousse certains à humilier les plus humbles que soi. En nous emmenant en Chine, Henning Mankell montre également des facettes bien moins communistes que les images de façade. Dans ce pays comme partout, l’argent reste le maître absolu, saupoudré de la peur et de la force des autorités que les résidents et que notre juge va rencontrer dans une moindre mesure au cours d’un de ces voyages.

Cette juge permet également à l’auteur de nous montrer l’envers du décor dans ce milieu méconnu en France et encore plus étranger s’agissant du modèle suédois. L’héroïne n’en reste pas moins femme, mère et les années passant, les interrogations se succèdent. A priori je n’ai pas vu d’autres romans consacrés à cette juge et les interrogations demeurent sur la manière dont il aurait pu faire évoluer ce personnage, et quel type d’enquêtes elle aurait pu être mêlée.

L’avis d’un lecteur plus connaisseur que moi concernant l’auteur et son oeuvre.

Hillbilly élégie / James David Vance

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James-David Vance - Hillbilly élégie.

Hillbilly élégie / J.D. Vance. Traduit de l’anglais (américain) par Vincent Raynaud/ Globe, 2017. 288 pages.

Dans ce récit à la fois personnel et politique, J.D. Vance raconte son enfance chaotique dans les Appalaches, cette immense région des Etats-Unis qui a vu l’industrie du charbon et de la métallurgie péricliter. Il décrit avec humanité et bienveillance la rude vie de ces « petits Blancs » du Midwest que l’on dit xénophobes et qui ont voté pour Donald Trump. Roman autobiographique, roman d’un transfuge, Hillbilly Elégie nous fait entendre la voix d’une classe désillusionnée et pose des questions essentielles.
Comment peut-on ne pas manger à sa faim dans le pays le plus riche du monde ? Comment l’Amérique démocrate, ouvrière et digne est-elle devenue républicaine, pauvre et pleine de rancune ?

Honte à moi de ne pas vous avoir parlé plus tôt de cet ouvrage que j’ai trouvé passionnant. Semi autobiographique tout en s’appuyant sur des données sociologiques afin d’appuyer son propos, son histoire. Si J.D. Vance donne une large place à ses grands-parents, pivot de son éducation mais également bouée de ses errances comme de celles de ses proches, il ne cache rien de leurs propres travers et de ce monde à part. A travers ce qu’il raconte, et en dépit de  cet univers très américain, j’ai retrouvé des éléments peu positifs de la France, de nos campagnes ou de la pensée de villes moins importantes, d’une certaine volonté chez les jeunes (ou moins jeunes) qui préfèrent ne pas se lever / ou l’absence de ponctualité, qui se trouvent des excuses, qui trouvent le travail trop dur / sale / pas assez ceci ou cela. En écrivant cela, en le pensant j’ai l’impression d’être un vieux schnock vous disant « c’était mieux avant », mais je ne fais que constater avec le monde du travail que certains semblent vivre dans le monde des feuilletons ou des publicités ou attendent simplement d’être assistés par leur famille ou l’état. Et cela n’est pas qu’une question d’âge si j’en crois mon expérience. J.D. Vance nous le prouve lui-aussi. Comme moi ils parlent de ses expériences (même s’il affiche une 30aine d’années).

En nous narrant sa famille, c’est presque une tranche d’histoire qu’il nous donne à lire. Certains stéréotypes sont bien là, mais d’autres faits sont réellement prenants et explicites. Bref je n’ai pas été totalement dépaysée en lisant ce presque roman / documentaire mais ainsi que je le mentionnais, j’ai réellement eu la sensation de lire des faits, des statistiques concernant la France. Comment puis-je établir des parallèles entre un pays européen si différent de ce territoire si vaste et si distinct par sa culture ? Sans doute, la politique répond-elle le mieux à cela lorsque l’on voit l’élection de Trump ou que le parti d’extrême droite a atteint le second tour de la présidentielle et des scores plus hauts que des parties traditionnels en France.

Des solutions sont proposées par l’auteur, mais reste à savoir ce que nous souhaitons faire réellement de nos pays. Je ne peux que vous inviter à découvrir « Hillbily Elegy » si ce n’est pas encore fait, et comme mentionné vous aurez parfois la sensation de vivre du quotidien.

D’autres avis : l’article élogieux de Brice Couturier, ou celui de Lucie Robequain dans les Echos qui m’avait fait m’intéresser à ce roman avant sa traduction.

Les gens de Mogador / Elizabeth Barbier

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Les Gens de Mogador : AfficheRésultat de recherche d'images pour "es gens de mogador"

Les gens de Mogador. 1. Julia. 2. Ludivine. 3. Dominique / Elizabeth Barbier. Livre de Poche 6 volumes.

Voici des années que j’entendais parler de cette saga adaptée pour la télévision et qui semblait une référence. J’ai découvert que sa diffusion avait commencé l’année de ma naissance (ce qui ne nous rajeunit pas mais explique pourquoi je ne l’ai jamais vu même si elle a été rediffusée dans les années 90). Révolutionnaire pour l’époque car en couleurs et parce qu’elle a mis en lumière 3 actrices dont le nom est resté dans les mémoires des gens de cette génération et de la mienne. Par curiosité, une fois ma lecture achevée j’ai jeté un coup d’oeil au premier épisode et je comprends en partie la réaction de l’auteur cf le choix de l’actrice pour Julia, décrite comme un tout petit bout de femme et qui se révèle quasi aussi grande que son futur époux.

Mais là n’est pas le plus essentiel. Son succès est sans nul doute lié à la grande saga familiale que l’auteur a voulu rendre, relatant entre le Second Empire et la Seconde Guerre Mondiale, la vie d’une famille et de sa propriété familiale (lieu imaginaire) : Mogador. Amours, guerres, jalousies, maladies, amours contrariés et bonheurs illustrent la vie sur 3 générations et la vie de 3 femmes de têtes mais avant tout des amoureuses passionnées jusqu’à aller contre la volonté du père pour Julia, la jalousie pour Ludivine et un amour adultère pour Dominique.

Au fil des pages et du temps qui passe on découvre le quotidien de ces familles, propriétaires terriens, des événements politiques, économiques, des changements de moeurs (à toutes petites touches), l’impact de tout cela : tenue vestimentaire, coiffures, voitures attelées puis à moteur, chauffage central !

Si le personnage de Ludivine est moins attachant à mes yeux, il est selon moi surprenant, car il décrit une femme jalouse à l’extrême, même du temps que son époux peut consacrer à ses enfants. Sans le dire, il décrit une femme dont la fibre maternelle est totalement inexistante (je trouve cela très moderne pour un livre d’une 50aine d’années), qui procrée parce que c’est ce que l’on attend d’elle, l’obligation de donner un héritier à son époux et à cette famille.

Dominique si moderne soit-elle dans son choix de vie : indépendance, passion adultère avec son cousin, reste, à mes yeux, une femme soumise cf sa dépendance vis à vis de cet homme qu’elle aime à la folie et qui lui fait perdre une partie de son univers. Cela semble bien peu moderne mais reste encore toujours d’actualité aujourd’hui et cela me semble intéressant par la mise en abîme des sentiments éprouvés par son oncle vis à vis de sa propre mère.

Alors oui je suis heureuse d’avoir achevé cette saga, car je connais désormais les tenants et aboutissants et, comme mentionnée, si des propos sont modernes et intéressants, j’ai néanmoins été ravie de terminer le dernier volume car cette dépendance amoureuse (en dépit de leurs accès de rébellion, d’une forme d’autonomie pour chacune, ne serait ce que par leur choix de partenaires), de la femme vis à vis de l’homme, commençait à me peser et, mon esprit indépendant et XXIème siècle n’y est sans doute pas étranger.

Morwenna avait davantage vibré à sa lecture.

Depuis le temps de vos pères / Dan Waddell

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Dan Waddell - Depuis le temps de vos pères.Depuis le temps de vos pères / Dan Waddell. Traduit de l’angalis par Jean-René Dastugue. Actes Sud, 2013 (Babel Noir).

Tout juste remis d’une enquête qui a manqué lui coûter la vie, l’inspecteur Grant Foster réintègre la Criminelle de Londres lorsque Katie Drake, actrice de théâtre sur le déclin, est retrouvée morte dans le jardin de sa propriété londonienne. Sa fille de quatorze ans, Naomi, est introuvable. Mais difficile de progresser quand la victime semble avoir coupé tout lien avec son passé. Une seule piste : un cheveu retrouvé sur le corps.
Lorsque les résultats des analyses ADN révèlent qu’il appartient à un parent de Katie Drake, Foster décide de faire appel au généalogiste Nigel Barnes pour tenter de retracer l’histoire familiale de la défunte. Barnes parvient à retrouver certains parents éloignés en remontant jusqu’en 1891, mais il semble impossible de pousser plus loin les recherches. Pourtant, il faut briser rapidement la malédiction qui frappe cette lignée.
Des vies sont en jeu. L’Eglise des Mormons est manifestement liée à l’affaire et entend protéger ses secrets de famille. A Salt Lake City, les enquêteurs plongent au coeur des archives colossales de la communauté pour découvrir une congrégation aux pratiques redoutables et comprendre pourquoi le dogme “Jusqu’à ce que la mort nous sépare” n’existe pas pour ses disciples. Ils ne font qu’obéir aux commandements. Aussi sanglants soient-ils.

J’étais certaine de vous avoir parlé ici de ‘Code 1879″ qui m’avait scotché, mais il semble, une nouvelle fois, que mon retard de billets soit aussi vertigineux que les piles de livres qui m’attendent. J’avais compris que cet opus était beaucoup moins bon que le premier mais je me suis laissée néanmoins tentée. – Je viens également de lire qu’il existait des détracteurs quant au dernier volume paru. –

S’il n’y a plus la même surprise, dû en grande partie à la nouveauté : personnages, méthodologie de l’enquête comme de la thématique, je me suis néanmoins laissée prendre par ma lecture. Je ne me souviens pas si dans le premier opus, l’auteur nous donnait des clés parallèles en nous narrant des faits anciens mais c’est le cas ici. S’ils ne nous éclairent pas totalement quant au dénouement de l’affaire qui intéresse Foster, cela donne aux lecteurs quelques pistes de réflexions. Sans avoir lu la 4ème de couverture, l’évidence des mormons et de leur archives comme de personnes ayant voulu disparaître en changeant de pays et/ ou de noms m’ont rapidement traversé l’esprit.

L’atout majeur de cette saga, comme souvent, est l’attachement du lecteur envers les protagonistes de l’histoire. Foster est à la fois la pierre angulaire, mais également celui dont les faiblesses sont parmi les plus intéressantes. Nigel Barnes en présente d’autres dont une certaine forme d’inadaptation à notre siècle mais il reste intéressant par ses choix de vie et sa passion/ profession. Une passion qu’il met au service des enquêtes de Forster (et qui lui ont permis de lui sauver la vie dans le 1er volume) et mettent en lumière la généalogie, les enquêtes papiers mais aussi l’ADN etc.

Comme d’habitude, vous pouvez lire des avis négatifs ou un peu moins positifs, mais le seul moyen de savoir et de lire et de vous faire votre propre avis. Vive la lecture !