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Arnaldur Indridason - Trilogie des ombres Tome 1 : Dans l'ombre.Trilogie des ombres. Tome 1 : Dans l’ombre. Tome 2 : La femme de l’ombre / Arnaldur Indridason. Traduit de l’islandais par Eric Boury. Métailié, 2017 (Bibliothèque Nordique). 330 +330 pages.

Un voyageur de commerce est retrouvé dans un petit appartement de Reykjavik, tué d’une balle de Colt et le front marqué d’un « ss’ en lettres de sang. La police soupçonne rapidement les soldats étrangers qui grouillent dans la ville en cet été 1941. Deux flics novices vont mener l’enquête. Flovent, l’unique enquêteur de la police criminelle d’Islande, qui a fait un stage à Scotland Yard, et Thorson, l’Islandais de l’Ouest, né au Canada, et désigné comme enquêteur militaire par les Britanniques et les Américains pour ses compétences linguistiques.
Indridason décrit les bouleversements de cette île de pêcheurs et d’agriculteurs qui évolue rapidement vers la modernité avec l’afflux des soldats. Les femmes s’émancipent, rêvent de la ville, on soupçonne que, malgré la dissolution de leur parti, les nazis n’ont pas renoncé à trouver des traces de leurs mythes et de la pureté aryenne dans l’île. Par ailleurs on attend en secret la visite d’un grand homme.

J’ai eu la chance d’enchaîner ces deux volumes à une semaine d’intervalle donc j’avais les protagonistes bien en tête. Du fait de la période couverte je n’ai pas cherché à comparer cette trilogie avec les enquêtes précédentes d’Indridason. Il est certain qu’il est toujours plus difficile de découvrir de nouveaux personnages mais le contexte et les personnages sont bien amenés. L’ensemble nous permet de nous plonger dans l’histoire de la 2nde Guerre Mondiale, de la montée du nazisme et de l’occupation militaire qu’a vécue l’Islande. Même si la présence des forces anglaises puis américaines est là dans un but pacifiste, les différences culturelles et autres sont forcément patentes. On sait également que la présence militaire entraîne souvent d’autres faits et travers. L’auteur ne le tait pas, comme il raconte aussi la main mise et le pouvoir de certains militaires.

Au milieu de l’histoire en marche deux jeunes gens apprentis policiers, l’un pour l’Islande, l’autre représentant les forces militaires. Ils doivent et vont apprendre à travailler ensemble. Leurs méthodes sont distinctes, leur inexpérience similaire.

A travers aux, leurs enquêtes, l’auteur nous montre l’existence de cette île, les changements économiques, l’indépendance grandissante des femmes, l’abandon de la terre et l’attrait de la ville. Mais aussi la place du nazisme, l’espionnage dans ce premier volume. Une idée que l’on retrouvera dans le second avec des conséquences inattendues sur l’existence de certains, mais aussi le marché noir qui s’installe. Parallèlement Arnaldur Indridason parle de l’homosexualité, de l’émancipation, de la cruauté des hommes. Les ombres sont partout, une part en chacun de nous et de l’histoire. J’ai trouvé le second volume plus réussi mais sans doute est ce le fait que je connaissais déjà les deux personnages principaux. L’auteur pouvait nous lancer directement dans les histoires qu’il avait ciselées. L’ensemble est toujours écrit avec beaucoup de précisions, et je n’ai jamais trouvé le temps long. J’ai simplement hâte de lire le dernier opus, m’interrogeant sur ce qu’il nous réserve.