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Archives de Tag: amour

Nikolski / Nicolas Dickner

17 vendredi Nov 2017

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amour, aventures, déchet, hasard, lecture, Montreal, Nicolas Dickner, pirate, Québec, relation, relations, roman, sentiment

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Nikolski / Nicolas Dickner. Alto, 2005. 322 pages

À l’aube de la vingtaine, Noah, Joyce et un narrateur non identifié quittent leur lieu de naissance pour entamer une longue migration. Fraîchement débarqués à Montréal, ils tentent de prendre leur vie en main, malgré les erreurs de parcours, les amours défectueuses et leurs arbres généalogiques tordus. Ils se croient seuls; pourtant, leurs trajectoires ne cessent de se croiser, laissant entrevoir une incontrôlable symétrie au sein de leurs existences. Nicolas Dickner aime enchevêtrer les récits et les images avec une minutie qui frôle parfois celle d’un zoologue fêlé. Dans Nikolski, il prend un malin plaisir à rassembler des archéologues vidangeurs, des flibustiers de tous poils, des serpents de mer, plusieurs grands thons rouges, des victimes du mal de terre, un scaphandrier analphabète, un Commodore 64, d’innombrables bureaux de poste et un mystérieux livre sans couverture. Un récit pluvieux, où l’on boit beaucoup de thé et de rhum bon marché.

3 destins, 3 jeunes gens en quête de leur histoire, de leur famille et de leur destin. On pourrait croire qu’ils ne font que se croiser au détour d’une adresse commune, de connaissances ou d’une librairie d’occasions mais ces liens sont beaucoup plus fins que cela. Mais tout cela ils l’ignorent et seul le lecteur va détenir tous les fils de leur existence, si ténus soient-ils parfois, quasi invisibles à l’oeil nu. Quelle chance nous avons et quel bonheur de découvrir tout cela.

Proches et lointains mais des personnalités originales et sensibles que Nicolas Dickner sait rendre à merveille. Au fil des pages l’intérêt pour ces 3 personnages invitent le  lecteur à s’interroger toujours plus sur leurs liens, leur devenir et leur quotidien.

Un soupçon de fantaisie grâce à des histoires à la fois quasi féérique et beaucoup de réalisme. Nicolas Dickner sait à merveille susciter l’intérêt et nous entraîner à sa suite et nous plonger dans la vie de ses personnages et de son imaginaire, tout en gardant les pieds sur terre lorsqu’il nous parle de notre société de consommation, des déchets de notre quotidien ou de tout ce qui est perçu comme tel.

Une très belle lecture, une découverte et une furieuse envie de poursuivre mes lectures des écrits de Nicolas Dickner.

Le grand marin / Catherine Poulain

06 vendredi Oct 2017

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Alaska, alcool, amour, apprentissage, Catherine Poulain, femme, mort, nature, pêche en pleine mer

Catherine Poulain - Le grand marin.Le grand marin / Catherine Poulain. Editions de l’Olivier, 2016. 368 pages

Une femme rêvait de partir. De prendre le large. Après un long voyage, elle arrive à Kodiak (Alaska). Tout de suite, elle sait : à bord d’un de ces bateaux qui s’en vont pêcher la morue noire, le crabe et le flétan, il y a une place pour elle. Dormir à même le sol, supporter l’humidité permanente et le sel qui ronge la peau, la fatigue, la peur, les blessures… C’est la découverte d’une existence âpre et rude, un apprentissage effrayant qui se doit de passer par le sang.
Et puis, il y a les hommes. À terre, elle partage leur vie, en camarade. Traîne dans les bars. En attendant de rembarquer. C’est alors qu’elle rencontre le Grand Marin.

Un tantinet déçue par ce roman qui a reçu moult prix (même si ce n’est pas cela qui a attiré mon attention). Je lui ai parfois trouvé une force magnifique, à l’image de cette frêle héroïne qui s’embarque sans rien connaître à la pêche, dans l’inconnu, sans la carrure et les muscles, dans les descriptions de cette quête de fortune en haute mer. Confrontés aux éléments, hommes et femme se retrouvent quasi égaux et le style narratif de Catherine Poulain est simplement époustouflant.

D’autres passages, chapitres m’ont laissé sur ma faim. En particulier la quête amoureuse (ce n’en est pas vraiment une, mais puisque le terme s’est glissé sous mes doigts, je le laisse), que j’ai trouvé moins gratifiante pour le lecteur. Est-ce le retour à la terre, ce manque de confrontations aux éléments marins, une certaine apathie à l’image de ces marins qui replongent dans l’alcool et autres dès leur retour sur terre et qu’ils ne perçoivent plus l’utilité ou le besoin de combattre la nature ? Je ne sais pas. Mais il est certain que si cet ouvrage reste à découvrir si vous ne l’avez pas encore fait, pour la narration sans égale de cette éducation en accélérée et des conditions de vie sur ces bateaux : l’avant, pendant, après la pêche, je préfère nuancer mon propos.

Catherine Poulain parle fort à propos de la liberté, de la nature et de la violence des hommes. Sans fard, elle exprime la souffrance, les blessures et la mort que côtoient à chaque instant ces personnages entiers, forts en gueule et sensibles. Des pages superbes sont à retenir.

Un certain monde / Elizabeth Harrower

06 mercredi Sep 2017

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amour, Australie, destin, Elizabeth Harrower, vie

Elizabeth Harrower - Un certain monde.Un certain monde / Elizabeth Harrower. Traduit de l’anglais (Australie) par Paule Guivarch. Rivages, 2015. 268 pages.

« C’était une matinée parfaite, d’une beauté originelle, et chaque feuille reflétait le soleil. Le ciel était immense.  » Zoe, Russell, Stephen et Anna. Quatre jeunes gens à l’aube de leur existence, dans le Sydney d’après-guerre. Zoe et Russell sont frère et soeur, Anna et Stephen aussi : les uns sont issus d’une lignée qui leur promet un avenir radieux ; les autres doivent surmonter le passé. Mais le destin se plaît à faire mentir les certitudes.
Avec une sensibilité digne de Jane Austen, Elizabeth Harrower raconte l’ivresse du grand amour, les désillusions dont on prend la pleine mesure toujours à contretemps. En apparence, elle choisit le prisme de l’infime. Pourtant, une ambition plus ample se dessine dans ce roman bouleversant : écrire la vie.

Tout dans ce roman semblait être là pour me plaire : le sujet, l’errance du temps, la vie et les incertitudes du destin. Et bien, je dois avouer m’être ennuyée plusieurs fois malgré tout. Alors j’ai cherché à comprendre le pourquoi du comment mais il est toujours délicat de toucher du doigt ce qui nous fait aimer ou pas un roman.

Sans doute est-ce, aujourd’hui, un style auquel je n’ai pas adhéré. Le sujet qui aurait dû me plaire m’a totalement laissé de marbre et les errances des uns et des autres encore plus. Il me paraissait évident que certains personnages étaient amoureux. La tournure des événements, le jeu du destin et la certitude de certains personnages m’ont laissé craindre le pire et nous n’en sommes pas passés loin (désolée d’être aussi peu claire, mais en dépit des évidences, je ne souhaite pas dévoiler les tenants et aboutissants).

Je n’ai retenu que fort peu de choses de ce roman, et il ne s’agit que de gros traits (qui risquent de m’attirer bien des foudres). L’éducation, le libre arbitre permet aux adultes qui l’ont vécu d’être plus altruistes, de s’intéresser davantage aux autres et d’être davantage soumis dans leur couple -je vous avais prévenu que c’était très tiré par les cheveux-. Bref en dépit de leur force de caractère initial, de leur intérêt pour les autres, ils ne savent pas plus que quiconque être heureux. Les faibles ne sont pas forcément ceux qu’on croit ; la première apparence est souvent trompeuse.

Bon comme toujours, je ne m’avoue pas vaincue et, sans doute, vais-je essayer de lire un autre roman d’Elizabeth Harrower qui, si elle est tombée quelque peu en désuétude, doit néanmoins avoir un petit quelque chose pour avoir plu à tant de lecteurs.

Le bureau des jardins et des étangs / Didier Decoin.

04 lundi Sep 2017

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amour, carpes, Cité impériale, Didier Decoin, Japon, XIIème siècle

Didier Decoin - Le Bureau des Jardins et des Etangs.

Le bureau des jardins et des étangs / Didier Decoin. Stock 2017. 385 pages. 

Empire du Japon, époque Heian, XIIe siècle. Etre le meilleur pêcheur de carpes, fournisseur des étangs sacrés de la cité impériale, n’empêche pas Katsuro de se noyer. C’est alors à sa jeune veuve, Miyuki, de le remplacer pour porter jusqu’à la capitale les carpes arrachées aux remous de la rivière Kusagawa. Chaussée de sandales de paille, courbée sous la palanche à laquelle sont suspendus ses viviers à poissons, riche seulement de quelques poignées de riz, Miyuki entreprend un périple de plusieurs centaines de kilomètres à travers forêts et montagnes, passant de temple en maison de rendez-vous, affrontant les orages et les séismes, les attaques de brigands et les trahisons de ses compagnons de route, la cruauté des maquerelles et la fureur des kappa, monstres aquatiques qui jaillissent de l’eau pour dévorer les entrailles des voyageurs. Mais la mémoire des heures éblouissantes vécues avec l’homme qu’elle a tant aimé, et dont elle est certaine qu’il chemine à ses côtés, donnera à Miyuki le pouvoir de surmonter les tribulations les plus insolites, et de rendre tout son prestige au vieux maître du Bureau des Jardins et des Etangs.

Un ouvrage, tour à tour sensuel, prenant, historique et grave. Et tout cela grâce à des carpes.

Oui cela est possible via la plume de Didier Decoin, formidable connaisseur du Japon ancien, qu’il a souhaité retranscrire via ce roman. Tant dans  le quotidien d’un village, et plus particulièrement la vie d’une jeune femme Miyuki, et l’ébauche de la vie à la Cour ou simplement de la capitale. Entre ces deux mondes, il nous narre via le voyage de ses personnages principaux (femme et poissons), l’état de ce Japon du XIIème siècle : ses guerriers, ses temples et maisons de rendez-vous, ses hauts magistrats. Tout est là et même plus encore car les croyances populaires, les légendes ne sont pas omises.

C’est avec beaucoup d’amour que notre romancier décrit la fragilité des carpes, quasi divinité ressemblant parfois à ce monde qui semble tout près de basculer. Portées à la force des frêles épaules de Miyuki, elles peuvent à tout moment mourir par le fait d’un faux mouvement, des intempéries, de la gourmandise ou de la cupidité des êtres rencontrés. Parallèlement Miyuki joue son va-tout dans ce long chemin vers la capitale, dernier hommage à son époux, et respect de la parole donnée. Elle va le découvrir semé de plus d’embuches que jamais elle n’aurait imaginées – certes sa naïveté est naturelle mais peut parfois agacer – . Cette solitude, ce cheminement dans les pas de Katsuro l’entraîne à se remémorer les douceurs de leur existence, l’amour charnel retranscrit parfois comme dans un ouvrage érotique, les odeurs de la vie, de l’homme dont elle a partagé une courte existence.

En alternant les différents genres évoqués, en racontant cette paysanne se rendant à la capitale dans un climat instable et hostile, Didier Decoin écrit un conte à sa manière. Belle plume, lisibilité parfaite, mais qui nous fait basculer d’un extrême à un autre dans le sujet et son traitement.

L’avis de Papillon

Les stagiaires / Samantha Bailly

30 dimanche Oct 2016

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amour, boulot, Paris, province, quotidien, Samantha Bailly, stagiaire, vie en entreprise

Samantha Bailly - Les stagiaires.

Les stagiaires / Samantha Bailly. Milady, 2014. 350 pages

Leur seul point commun : ils rêvent de travailler chez Pyxis, entreprise spécialisée dans l’édition de mangas et de jeux vidéo, pilier dans le secteur de l’industrie créative. Une réalité s’impose rapidement : beaucoup de candidats, peu d’élus. Désormais, le stage est devenu une étape obligatoire pour ces jeunes qui sont à la croisée des chemins dans leurs vies professionnelles et affectives. Provinciale tout juste débarquée, Ophélie a laissé derrière elle petit ami et logement, et doit faire face aux difficultés de la vie parisienne.
Etudiant en école de commerce, Arthur est tiraillé entre les grands projets qu’on a pour lui et son envie de mettre la finance entre parenthèses. A leurs côtés, Alix, passionnée de mangas, ne jure que par ses sagas favorites, et Hugues, graphiste, teste ses limites dans les soirées électro… Dans une atmosphère conviviale, travail et vie privée s’entremêlent. Pourtant, une question demeure en fond sonore : qui restera ?

Scoop : la vie d’un stagiaire est un enfer !¨Pardon pour cette note d’ironie. Car si Samantha Bailey décrit parfaitement les comportements parfois abusifs de certains responsables, collaborateurs envers une main d’oeuvre exploitable à merci et pour peu cher, je voudrais rappeler que la vie en CDD ou en CDI n’est pas forcément rose. Oui je comprends bien le but (de l’ouvrage également) et le dilemme de ces jeunes arrivant sur le marché du travail, souhaitant finaliser leurs études via un stage intéressant et propre à montrer leur efficacité et à démontrer ensuite à un futur employeur qu’ils ont de l’expérience. Oui il est difficile de vivre à Paris avec une rémunération dérisoire, ne représentant même pas le prix d’un loyer. Tout cela je l’ai vécu et je le vois au quotidien dans mon travail (même si les stagiaires y sont mieux payés). Anecdote récente : dire à un stagiaire de rentrer chez lui en taxi, sans lui donner le moindre fifrelin, sans se soucier qu’il n’y ait plus personne à l’accueil pour lui commander un taxi (nous avons des partenariats) et ne pas s’inquiéter de la manière dont il va pouvoir se faire rembourser ensuite (ajoutons une petite charge administrative de travail à cette personne).

Juste pour rappeler que s’il ne s’agit que d’une histoire inspirée d’expériences, le quotidien pour un employé est parfois assez similaire, la considération est du même ordre d’idée. Des exemples j’en ai à foison et bien que j’ai occupé des postes à différents niveaux de fonction, la gestion reste assez similaire si vous ne faîtes pas partie de la grande équipe dirigeante.

Alors oui ce roman a le mérite d’exister, de ne pas totalement se prendre au sérieux, de montrer les mondes très différents des stagiaires en s’appuyant davantage sur le quotidien de la petite provinciale, non aidée par ses parents et ce jeune homme issu d’un milieu aisé, qui peut faire tous les stages  du monde et venir et rentrer en taxi tous les jours s’il le souhaite. J’ai particulièrement aimé les passages dans l’open space qui me parlent déjà et vont encore plus me parler : notre direction souhaitant pour une meilleure synergie entre les équipes administratives nous réunir dans un grand espace conviviale. A nous les casques, les conversations via messageries et portables… (tout est dans ce livre, notamment pp. 149-150 et l’Epilogue).

Que peuvent dire ces stagiaires à leurs employeurs : rien. Rare sont les stagiaires ou les employés d’une manière générale, qui osent réfuter, refuser des tâches, des horaires de dingue ou des pauses déjeuners annulées. En effet, tous les jours les media vous rappellent le nombre de chômeurs qui attendent votre poste. Fort heureusement ce livre n’est pas aussi plombant que mes propos (oui je vous rassure j’aime mon boulot et m’y rend avec plaisir en dépit de), et reste une lecture facile et contemporaine. Ce n’est pas un coup de coeur mais il pourra sans aucun doute vous parler du monde du travail comme des professionnels qui nous entourent.

La valse des arbres et du ciel / Jean-Michel Guenassia

11 mardi Oct 2016

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amour, Auvers sur Oise, Docteur Gachet, femme, indépendance, Jean-Michel Guenassia, peinture, Vincent Van Gogh

Jean-Michel Guenassia - La valse des arbres et du ciel.

La valse des arbres et du ciel / Jean-Michel Guenassia. Albin Michel, 2016. 298 pages

Auvers-sur-Oise, été 1890. Marguerite Gachet est une jeune fille qui étouffe dans le carcan imposé aux femmes de cette fin de siècle. Elle sera le dernier amour de Van Gogh. Leur rencontre va bouleverser définitivement leurs vies. Jean-Michel Guenassia nous révèle une version stupéfiante de ces derniers jours. Et si le docteur Gachet n’avait pas été l’ami fidèle des impressionnistes mais plutôt un opportuniste cupide et vaniteux ? Et si sa fille avait été une personne trop passionnée et trop amoureuse ? Et si Van Gogh ne s’était pas suicidé ? Et si une partie de ses toiles exposées à Orsay étaient des faux ?… Autant de questions passionnantes que Jean-Michel Guenassia aborde au regard des plus récentes découvertes sur la vie de l’artiste.
Il trouve des réponses insoupçonnées, qu’il nous transmet avec la puissance romanesque et la vérité documentaire qu’on lui connaît depuis Le Club des incorrigibles optimistes.

Un détail de « La nuit étoilée » et déjà je suis conquise par la couverture. Reste à voir si le contenu sera à la hauteur. Mièvre ? Pas l’ombre d’un instant car, si Jean-Michel Guenassia écrit sur une liaison entre Van Gogh et Marguerite Gachet, la personnalité de cette jeune femme est affirmée et ne laisse aucune place à cette idée. Non content de nous parler de sa vision du peintre, de nous dévoiler des pages où on croit pouvoir toucher la toile grâce à ses mots comme au travers du regard de Marguerite, il nous dresse un portrait d’une féministe avant l’heure. Une jeune femme qui, trop tôt, fut laissée à sa propre solitude, au carcan moral de son siècle, à l’absence de mots, d’échanges verbaux comme affectifs de la part de son père. Une femme éduquée, réfléchie qui rêve de mener une vie indépendante, d’être une artiste mais qui se cherche dans son art. A défaut d’obtenir les droits et l’argent pour suivre des cours de peinture, elle imite, cherche à comprendre les artistes et copie les oeuvres que son père entrepose.

Sa rencontre avec Van Gogh est un éblouissement artistique, devant ses toiles, son indépendance et sa volonté farouche de peindre. Elle est saisie de voir ce peintre littéralement bondir sur sa toile, manipuler avec force ses brosses et ses couleurs, retranscrire des paysages qui lui semblaient commun, en tout autre chose que, jamais son regard n’avait su accrocher. Folle de ces oeuvres elle n’a de cesse d’apprendre de lui, de son travail comme de l’homme. Pour elle la différence d’âge de classe, … n’ont pas de raison d’être. Elle voit. Contrairement à son père qu’elle décrit, collectionneur, avare de tout, opportuniste.

A travers la force de ces relations avec les hommes, c’est une femme presque libre que nous suivons dans ce roman. Là où l’auteur le joue avec maestria c’est en imaginant cette rencontre avec l’artiste, en nous donnant des visions totalement différentes de celles que nous avons tous de ce bon Docteur Gachet, de la folie de Van Gogh, de la relation de ces deux hommes. Jean-Michel Guenassia, en se glissant entre les toiles, redessine entièrement ces quelques mois à Auvers-sur-Oise ainsi que des personnes désormais connues, mais le sont-elles vraiment ? Jamais ce roman ne manque de souffle et j’ai suivi avec passion leurs relations.

Et la vie nous emportera / David Treuer

04 dimanche Sep 2016

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amour, avenir, conflit, David Treuer, Festival America, indien, métis

David Treuer - Et la vie nous emportera.Festival America - logo

Et la vie nous emportera / David Treuer. Traduit de l’américain par Michel Lederer. Albin Michel, 2016 (Terres d’Amérique). 316 pages

Août 1942. Avant de s’engager dans l’armée de l’air, Frankie Washburn rend une dernière visite à ses parents dans leur résidence d’été du Minnesota. Il y retrouve Félix, le vieil Indien en charge du domaine, dont il est plus proche qu’il ne l’est de son propre père. Mais aussi Billy, un jeune métis avec qui il a grandi et auquel l’unissent des sentiments très forts. Ce jour-là, au cours d’une battue pour retrouver un prisonnier de guerre allemand échappé du camp voisin, les trois hommes se retrouvent mêlés à un tragique accident dont ils tairont à jamais circonstances. Ce drame va bouleverser le destin des Washburn et de leurs proches, à l’image du conflit qui ravage le monde.
Un roman d’une puissance magnétique, aussi tendre que dévastateur, qui explore avec une infinie beauté les recoins les plus sombres de l’âme humaine.

Comment un événement accidentel bouleverse des vies. Mais il n’est pas le seul car la Seconde Guerre Mondiale vient, elle-aussi achever de battre les cartes de ces destinées. Après tout, tout est parti d’elle, de ce camp de prisonniers se situant en face de la résidence d’été de la famille de Frankie. En quelque sorte tout tourne autour de ce jeune homme et de cette habitation : tous deux sont différents, attirants, et solitaires, même si un grand nombre de personnes gravitent autour d’eux. Ainsi va la vie et les turbulences de l’histoire emportent les personnages de David Treuer à la fois tellement liés et tellement distants les uns des autres.

Roman à multiple voix nous entendrons leurs visions du quotidien et de l’accident au centre de cet ouvrage.

Alors oui, cela peut paraître lent à certains, mais cette avancée à petits pas, ces différents points de vues : homme blanc, indien, métis, directement ou indirectement touchés, plongent au coeur de cette fragile existence que nous connaissons si bien, mais qui est sans doute fort loin de l’impact de cet épisode. David Treuer parle, comme toujours, merveilleusement bien de la dualité qui existe chez les indiens ou métis, de l’emprise de l’alcool sur le comportement humain. Quels sont les choix pour un être humain ? Avec quels atouts part-on dans la vie que l’on soit Billy, Prudence, Frankie, Mary, Gephardt ou même Félix pour qui demain semblait si beau lorsque, jeune homme, il  est parti pour la 1ère Guerre Mondiale ? Tous ses hommes et femmes avaient des rêves, des espoirs mais le destin les a fait chuter, brutalisé. Le choix de notre avenir semble entre nos mains jusqu’au moment de la rencontre fortuite, de l’erreur ….

Ce n’est certes pas un roman d’une gaieté absolue, mais la sensibilité de David Treuer transparaît à chaque ligne, dans sa manière de relater les faits, le quotidien de ces personnages qu’il chérit malgré tout, quelque soit leurs conditions sociales ou leur couleur de peau. Tous ne sont pas les plus sympathiques mais les événements de la vie impactent leurs choix.

L’avis de

La couleur de l’eau / James McBride

01 lundi Août 2016

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amour, couple mixte, Etats-Unis, hymne à la vie, James McBride, religion, ségrégation

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La couleur de l’eau / James McBride. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Gabrielle Rolin. Nil éditions, 2003. 290 pages

Au départ, Rachel Deborah Shilsky, Polonaise, quitte son pays natal pour les Etats-Unis avec son père, rabbin, et s’établit dans le Sud où la vie n’était pas douce dans les années 1930 pour qui était « différent ». Adolescente, elle s’y ennuie, fait des bêtises, file à Harlem pour en faire d’autres et se voit reniée par les siens. A l’arrivée, en bout de siècle, la voici qui retrace pour son fils le chemin parcouru. Deux fois veuve, mère de douze enfants de pères noirs, elle n’a cessé de se battre contre la pauvreté, les humiliations, l’angoisse, et elle a gagné la partie. Comment ? Tout simplement parce qu’elle n’a pas cessé d’aimer, hier la ribambelle de bébés qu’elle déposait, faute de place, dans les tiroirs de la commode, puis les adolescents qu’elle a réussi à envoyer à l’université et qui sont devenus docteurs, professeurs, musiciens…, enfin les exclus qu’elle s’efforce de tirer de l’ornière. Et de ses plaies, bosses, coups de cœur, monte un hymne à la vie oui carillonne aux oreilles du lecteur.

Autobiographie à deux voix. Chapitre après chapitre, James McBride et sa mère se racontent. Les difficultés de l’intégration, de la construction, de se sentir différent.  Deux générations qui se succèdent mais qui ont tant à raconter.

D’abord Ruth Jordan, née sous un autre patronyme en Europe, de confession juive dans les années 20. Elle raconte son enfance, la ségrégation dont elle fut victime, avant dernière roue du carrosse dont le Ku Klux Klan pouvait aussi bien s’occuper si l’envie leur en prenait. Enfant d’un couple mal assorti, dominé par un père qui ne laisse aucun répit à sa famille, ne les laissant pas mourir de faim, mais les délaissant totalement au niveau de la gentillesse et de l’amour. Ce sentiment elle va le découvrir grâce à un jeune homme noir, son premier petit ami, qui peut être lynché à tout moment si l’on découvre cet amour coupable. Pour de nombreuses raisons que je tairais ici, Ruth part à New York, rejoindre de prime abord sa famille maternelle, guère plus chaleureuse dans la description qu’elle en fait mais qui s’occupe a minima d’elle et lui permet de s’émanciper suite à ce 1er envol. Elle va découvrir l’amour, le respect et les attentions grâce à son futur mari et père de James McBride. Mais un couple mixte dans les années 40 reste un obstacle (et même plus tard comme nous le verrons tout au long de cette existence) ; la religion, le respect de l’Eglise et des valeurs d’éducation à transmettre vont leur permettre de poursuivre leur existence.

C’est à une période plus tardive que fait écho l’auteur. Naît dans les années 50, après le décès de son père, dernier de la 1ere partie de la fratrie, il voit ses ainés commençaient à s’émanciper, témoin des prémices du Black Power etc. S’il décrit sa petite enfance, tout du moins ses souvenirs marquants vis à vis de sa mère, cette femme blanche dans un quartier noir, dévisagé par les uns comme par les autres, il ne tarde pas à s’interroger et à questionner sa mère sur sa couleur de peau. Le fait d’avoir une mère blanche fait-il de lui un enfant blanc, même s’il est de couleur trop foncé pour pouvoir le revendiquer ? Il s’égare, cherchant partout une réponse au travers le comportement de ses ainés. Leur mère souhaitant qu’ils réussissent, entreprend de les inscrire dans les meilleures écoles où, bien souvent, chacun est le seul noir de sa classe. Mais les interrogations de James McBride ne s’arrête pas là, même s’il racontera sans pudeur ses errances, ses erreurs. En se racontant, en cherchant cette place, il souhaite avant tout rendre hommage à cette mère, non pas un modèle, loin s’en faut (il n’omet pas ses erreurs ou ses travers) qui après le décès de son second mari, se retrouve avec 12 enfants à élever, sans argent de côté. Cette femme égarée devant cette nouvelle épreuve, ne se désespère pas devant ses enfants et continuera à les élever comme elle et ses deux époux l’entendaient : religion et apprentissage scolaire, tels sont les deux mamelles de cette vision.

Idyllique me direz-vous ? Point du tout. De manière éclatante, plus discrète aux yeux de leur mère, ces enfants font parfois voler en éclat ses dispositions, mais inlassablement elle essaie de les faire revenir dans ce chemin et y parviendra. Voilà  la conclusion que vous pourrez lire avant l’ultime chapitre de cette hi « saga »qui se dévore, à la fois pour l’histoire familiale et pour le témoignage qu’elle nous donne des années 30 à 70. Bien entendu il s’agit d’une vision incomplète  car se situant au niveau d’une famille, mais elle est si vivante que l’on ne peut que s’attacher à cette tribu.

Le manuscrit du Docteur Apelle / David Treuer

30 samedi Juil 2016

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amour, culture, David Treuer, histoire, littérature, livres

David Treuer - Le manuscrit du Dr Apelle - Une histoire d'amour.Festival America - logo

Le manuscrit du Docteur Apelle : Une histoire d’amour / David Treuer. Traduit de l’américain par Michel Lederer. Albin Michel, 2007 (Terres d’Amérique). 385 pages.

Le docteur Apelle, spécialiste des langues anciennes, s’est pour ainsi dire retiré du monde et se consacre à l’étude. Lorsqu’il découvre parmi les rayonnages d’une bibliothèque un vieux manuscrit qui bouleverse son existence : ce conte étrange, dont il entreprend la traduction, retrace le destin de deux jeunes Indiens au début du XIXe siècle. Et, pour la première fois de sa vie, cet homme prend conscience qu’il n’a jamais connu le véritable amour…
À mi-chemin entre la quête métaphysique et la légende initiatique, David Treuer poursuit avec ce nouveau roman une oeuvre rare et ambitieuse.
Tantôt enchanteur, tantôt mystérieux, Le Manuscrit du docteur Apelle nous plonge au coeur de deux histoires : l’une nous entraîne dans les profondeurs de la forêt mythologique, l’autre nous invite à parcourir les labyrinthes de la littérature. Et à nous interroger sur la seule chose qui puisse encore surprendre l’homme : ses sentiments.

Je n’avais pas ouvert l’ouvrage et n’avais pas vu le sous-titre « Une histoire d’amour ». Et oui, ce manuscrit sur lequel travaille le Docteur Apelle est bien  une histoire d’amour, même s’il débute à la manière d’un Conte, mais il est également beaucoup plus que cela.

En effet, David Treuer est un brillant conteur qui manipule ses lecteurs en lui faisant croire qu’il va lui narrer le quotidien de ce spécialiste des langues anciennes, une vie effacée, sans relief si l’on juge au premier regard mais l’histoire et même les histoires sont dans cette aventure… En donnant vie au texte, en l’écrivant en langue anglaise c’est un nouvel élan qu’il donne à la vie de Bimaadiz et Eta, pas seulement à leur amour, mais à tout un peuple, à leurs traditions, aux odeurs et souvenirs enfouis au plus profond de lui-même. Car oui, le docteur Apelle est indien et a connu tout ce qu’il narre dans cette traduction. Le point qui lui reste à découvrir est celui de s’ouvrir à la vie, aux sentiments. Sensible, éduqué à ne pas montrer ses émotions, ce texte, les aléas de la météo, un regard et quelques mots vont lui permettre d’entr’ouvrir sa vie à Campaspe, sa collègue. Mais tout n’est pas gagné pour autant comme tout un chacun le sait.

A l’image d’un livre, la vie contient de nombreux épisodes, mais encore doit-il trouver le/les bons lecteurs, s’il ne veut pas s’endormir sur une étagère, oublié.

C’est à une véritable mise en abîme que joue David Treuer entre ce texte, les sentiments, et le quotidien du docteur Apelle. Ce manuscrit égaré qui pourrait le rester, le fait que le docteur travaille dans un lieu de conservation des ouvrages. Livres qui n’ont pas trouvé leur lecteur, qui sont là pour conserver une trace de la parole écrite et qui, selon toute vraisemblance, ne sortiront jamais de leurs étagères, de cette forteresse. A force d’interdits, d’habitudes, cet homme, à l’image des livres, aurait pu ne jamais trouver l’amour.

Si parfois l’ouvrage peut vous sembler bavard, si vous ne comprenez pas tout à fait où l’auteur veut vous entraîner, persévérer, donner lui une chance…

Les indociles / Murielle Magellan

11 jeudi Fév 2016

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amour, conquête, galerie, Magellan, Paris, peinture, Sud

Les indociles / Murielle Magellan. Julliard, 2015. 230 pages

Olympe est une galeriste aussi ambitieuse que talentueuse dont l’existence se partage entre Paris et New York. Sa vie sentimentale consiste à séduire indifféremment hommes et femmes, pour se lasser aussi vite, sans se soucier des ravages qu’elle provoque. Lorsqu’elle rencontre Paul, un scientifique pointu, père et mari fidèle, au coeur pur, elle tente dans un premier temps de ne pas chercher à inscrire cette nouvelle proie à son tableau de chasse.
Elle l’incite plutôt généreusement à acheter une toile d’un artiste inconnu pour lequel elle s’est prise de passion. Ce peintre ignoré, vieil homme nommé Solal, vit tel un ours à Perpignan, dans le quartier gitan, rétif à la moindre compromission et forcément allergique au jeu des mondanités parisiennes. Convaincue qu’il s’agit d’un génie, Olympe se lance comme défi, aidée par sa jeune stagiaire Khalia, de le faire connaître de tous.

Je ne sais pas comment mais, une nouvelle fois, Murielle Magellan a su créer la surprise et le goût de tourner les pages, inlassablement. Je pense que ces chapitres courts sont pour beaucoup dans cette avidité de poursuivre ma lecture (le fait qu’elle soit scénariste doit aider à la forme) ; en tant que lectrice, j’ai eu l’impression que le suivant allait m’apporter les réponses, quelque chose de neuf. Pourtant, un don Juan au féminin, très franchement, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, mais cette facette de la personnalité d’Olympe traduit beaucoup plus que son désir de l’amour physique. Cette femme m’a semblé éprise de tout. Lorsqu’elle se jette dans sa quête amoureuse ou artistique (peinture, musique), elle le fait à corps perdu. Ce ne sont pas ses amours qui m’ont bercé dans ce roman mais bien sa quête de l’art, son oeil à la fois neuf et exercé. Son emprise sur les choses et sur les êtres qui l’entourent. Oui, elle a été éduquée, oui elle a appris à manipuler les corps comme les esprits, mais cette force fait d’elle une personnalité unique.

Alors non je ne pense pas qu’elle serait mon amie – elle n’en a pas – ; elle est entourée, admirée. Quand, de mon côté, je la regarde avec surprise, le monde entier semble conquis par son esprit et ses choix. Et puis, il y a Paul qui lui ne semble pas prêt à tout jeter à ses pieds. Pour cela, pour leurs échanges intellectuelles et la sincérité de leurs propos, elle en fait un compagnon idéal, une muse dans sa quête d’obtenir une exposition de Solal, ce peintre âgé qu’elle vient de découvrir. Tous les fils sont là, ténus mais présents.

Murielle Magellan sait à merveille nous toucher par ses personnages, ses situations, les oeuvres qu’elle nous donne à voir tout en nous laissant tout imaginer. J’ai cherché la chute, alors que déjà elle me distillait des éléments de réponse et puis, les ultimes pieds de nez, la foudre qui tombe d’où on ne l’attendait pas. Mais, Olympe est toujours là, toujours décidée, laissant elle-aussi un petit quelque chose d’elle dans cet univers.

 

Merci à Adeline et aux Editions Julliard – Comme à chaque fois, mes propos auraient été les mêmes , SP ou pas.-

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