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Québec en Novembre avec Karine et Yueyin

Rivière Mékistan / Lucie Lachapelle. XYZ, 2011. 159 pages.

Alice rapporte les cendres de son père amérindien à Mékistan, là où il est né et a grandi, à douze heures de train de Montréal. Elle y fait la connaissance de la vieille Lucy, une cousine de sa grand-mère qui vit dans une cabane et qui s’occupe de ses petits-enfants lorsque leur mère Jeannette, sa fille, se saoule à l’hôtel du village en compagnie d’un Ihimistikshiou, un Blanc. Partie pour vingt-quatre heures, Alice reste une semaine auprès de Lucy et découvre un monde où coexistent difficilement traditions amérindiennes et mode de vie des Blancs, où la forêt a été mutilé par les coupes à blanc, où les jeunes risquent fort de devenir délinquants et alcooliques, quand ils ne se suicident pas, mais un monde, aussi, peuplé de gens forts attachants.

Une autre pépite offerte par mon amie Abeille qui cherche toujours des ouvrages susceptibles de me plaire. Elle y réussit merveilleusement avec ce roman qui répond à mon intérêt pour les amérindiens. Vous me direz que c’est très à la mode, mais c’est un monde qui me fascine depuis l’enfance. Alors non, vous n’apprendrez rien de bien nouveau dans ce roman sur la culture, sur leur existence actuelle, mais l’intérêt réside davantage dans l’expérience / l’inexpérience d’Alice, fille d’une blanche et d’un père amérindien. Un père qu’elle ne connait pas, dont les souvenirs ne sont pas impérissables, particulièrement leur dernière rencontre, mais en acceptant de le raccompagner chez lui c’est une partie de son père qu’elle va apprendre à comprendre, tout en réfléchissant sur elle-même.

Alice est jeune, citadine et ne s’est jamais posé des questions sur ses origines amérindiennes, se contentant d’écouter sa mère lui racontant qu’elle est partie, ne supportant plus l’alcoolisme de son mari. Ce qui est totalement vrai. Mais derrière cet alcoolisme se dissimule bon nombre de non-dits (souffrances passées et présentes) qui lui seront narrés par la vieille Lucy. En acceptant son invitation, plus ou moins par la force des choses, Alice va rencontrer la famille de son père, quelques traits de sa culture. Alors non, ne rêvez pas, cette expérience ne va pas la transformer, ni lui apprendre à être ce qu’elle n’est pas, mais il s’agit juste d’un court roman d’apprentissage, d’une ouverture sur la vie, les autres et la nature. Une nature belle à couper le souffle, saccagée par la main de l’homme et dont les blessures racontent le passé de deux civilisations et des cicatrices qui ne peuvent se refermer à l’image de cette histoire non construite avec son père.

C’est un roman court, non culpabilisant, simplement juste et réfléchi sur le cours des événements et les choix ou obligations des uns et des autres. Lucie Lachapelle montre sans tergiverser des aspects négatifs de la nation amérindienne, mais également des moments de communion rares et heureux entre des hommes comme avec la nature. logo québec2