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L’inspecteur Zhen et la traite des âmes / Liz Williams. Traduit de l’anglais par Arnaud Mousnier-Lompré. L’Atalante, 2014 (La dentelle du cygne). 381 pages.

L’âme de la jeune Perle Dang, fille d’un riche industriel de la Concession de Singapour Trois, morte à l’âge de quatorze ans, n’est jamais arrivée aux portes du ciel qui lui était promis. Une photographie spectrale révèle qu’elle se trouverait quelque part dans la zone portuaire de l’enfer. Détournement ? Par qui ? Pourquoi ? Une enquête s’impose. Une enquête confiée à l’inspecteur principal Zhen Wei du 13e commissariat, en charge des affaires relevant du mystique et du surnaturel.
Si nécessaire, son domaine d’investigation s’étend jusqu’au monde des démons. Ce qui tombe assez bien car la recherche de Perle le conduira vers des abîmes qu’il n’a jamais explorés. Et lui qui doit déjà composer avec la méfiance de ses collègues, la froideur d’une déesse tutélaire qu’il a offensée et les envies d’escapade d’une épouse enlevée à l’enfer, voici qu’on lui adjoint un homologue démon du bureau du Vice, le sénéchal Ju Yirj.
Il faut dire que se dessine l’image d’un complot où tremperait le ministère infernal des Epidémies et dont les enjeux dépassent tout ce qu’on soupçonnait.

 

Mélange des genres, me direz-vous ? Tout à fait. Une pointe de série anglaise pour « Le Mois anglais », une pointe de Chine d’où je rentre d’un long séjour et le tout assaisonné de polar, SF, mysticisme. Bref il y en a pour tous les goûts dans cette série (je viens de lire que 6 volumes étaient déjà parus) dont ce volume est le 1er. Il commence de manière ordinaire sur une mère éplorée et la disparition de sa fille venant voir l’inspecteur principal Zhen (notre héros). La différence est qu’elle s’inquiète pour l’âme de sa fille qui ne semble pas avoir atteint les bons rivages….

Car oui nous sommes sur la Concession de Singapour 3, ville portuaire faisant partie de la Chine, mais la mère de Perle évoque d’autres rives : l’enfer et le paradis. C’est principalement l’enfer qui va nous intéresser car ce lieu semble la panacée des « créations », bonnes ou mauvaise, que les êtres humains développent ou plus exactement croient avoir développé grâce à leurs cellules grises. Mais je vous laisse découvrir ce point. Car sous un fond de polar, nous allons découvrir une trame politique, une lutte des ministères se jouent aux enfers. Le ministère du Vice pour lequel travaille le Sénéchal et démon Ju Yirj (qui va bientôt aider notre héros), n’a pas trop la cote au détriment de celui de le Fortune qui fait appel à lui de manière indirecte craignant que Le ministère des Epidémies ne lui damne le plomb auprès des plus hautes autorités.

Les personnages sont hauts en couleurs dans ces enfers : l’auteur a sans doute pu laisser libre cours à sa fantaisie dans leur description comme dans celle des lieux où ils résident. Le comble du raffinement émanant sans doute du ministère des Epidémies : visiteur, membres éminents et même le bâtiment participe à la définition de ce ministère. Son imagination et les maladies existantes l’inspirent mais elle utilise également les visions des enfers datant de la mythologie mâtiné de croyances asiatiques et de religion quand elle décrit la descente de Zhen aux enfers.  Bref nul ennui à l’horizon. Et quand Liz Williams nous parle des crises financières récentes, des maladie / épidémie : Sida, Ebola… où de l’utilisation de nouvelles technologies dont nous sommes aujourd’hui dépendants : internet, réseau de communications, …. on se dit qu’elle manie avec habilité tous ces éléments dans une enquête menée tambour battant. De l’ancien, du moderne et du futuriste, agrémenté de personnages attachants, de situation parfois rocambolesque. On devine sans peine la chute, mais le tout se lit sans déplaisir du moment que vous êtes prêt à laisser la part  belle à l’imaginaire.