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Nous étions le sel de la mer / Roxanne Bouchard. vlb éditeur, 2014. 350 pages

Ce matin-là, Vital Bujold a repêché le corps d’une femme qui, jadis, avait viré le coeur des hommes à l’envers. En Gaspésie, la vérité se fait rare, surtout sur les quais de pêche. Les interrogatoires dérivent en placotages, les indices se dispersent sur la grève, les faits s’estompent dans la vague, et le sergent Moralès, enquêteur dans cette affaire, aurait bien besoin d’un double scotch.

Tant de choses à dire sur ce roman qui contient la vie, les questions de l’existence et des sentiments, une approche sensible de la nature comme des êtres humains et plus particulièrement d’un petit coin de Gaspésie, où la vie semble bien paisible entre les quelques touristes, les pêcheurs du coin et quelques figures locales.

A lire cette longue phrase, vous vous dites « ouille », cela semble complexe. Pas du tout car l’ensemble est lumineux, et mon introduction n’avait qu’un seul objectif : vous interpellez, vous poussez à lire cet ouvrage, si vous ne l’avez pas encore fait. Je vous invite à suivre Catherine qui débarque et observe. Qui est-elle, que veut-elle ? Elle qui observe, voudrait poser des questions, se tait… Simple touriste aux yeux des premiers locaux rencontrés, mais nous, nous savons qu’elle n’est pas là par hasard. Elle a rendez-vous. Avec qui ? Quand ? Le lecteur en sait à peine plus que ces personnes qu’elle rencontre pour la première fois et avec qui elle sympathise : des pêcheurs notamment.

Et puis tout se précipite, le corps d’une femme est retrouvée noyée, un enquêteur à peine arrivée dans le coin est bombardé sur l’enquête, évidente aux yeux de tous ou presque. Car tout le monde sait que cette noyade est bien étrange, comment Marie aurait-elle pu se noyer, elle qui vit depuis toujours sur l’eau, qui voyage seul depuis des années, ne revenant au port que pour mieux repartir. Ce décès est pour Catherine l’occasion de soulever des coins jalousement gardés secrets de toutes ces figures hautes en couleur. Elle n’est pas seule dans cette quête car le sergent Moralès va prendre conscience que l’on se joue de lui, que le fait qu’il soit étranger à cette ville est contre lui. Pas à pas, mais pas à la même vitesse, ni avec les mêmes éléments, les deux protagonistes vont apprendre la vie et le passé de Marie et des personnages rencontrés tout au long de cette histoire. Roxanne Bouchard profite pour nous raconter la vie de ces pêcheurs, les difficultés de l’existence de cette terre qui ne connaît que la mer, où la vie s’est presque arrêtée pour bon nombre dans le passé, où la vie, une lueur d’espoir, la nature et surtout la perspective de la sortie en mer de nuit ou de jour permet à bon nombre de se sentir encore vivant. Cette mer qui est leur sang et qui semble se transmettre dans les gênes.

Difficile de trouver tous les mots pour le ressenti lié à ce roman à la fois moderne et poétique. A découvrir (je sais, je me répète un peu), mais je mens pas cf les liens ci-dessous :

Karine:), Richard,  3 avis sur Fil rouge, du Papou, de Yueyin