Étiquettes
Acadie, Christine Eddie, Jean-Dominique Bauby, locked-in syndrome, syndrome d’enfermement, vie
Je suis là / Christine Eddie. Alto, 2014. 145 pages
Angèle voyage sans bagages. Elle croit au destin et ne tourne pas le dos aux miracles. Personne ne lui veut du mal. Pas depuis qu’un tir groupé d’infortunes l’a prise pour cible. Pas depuis que la vie lui a offert le plus grand des bonheurs pour, peu après, le lui arracher et la jeter sur une île déserte. Presque quatre ans plus tard, l’île d’Angèle s’est repeuplée. À Shédiac, où elle vit entourée de voisins parfois turbulents et d’une tribu de meneuses de claques, elle compte les heures et apprivoise le mode d’emploi de sa nouvelle existence. C’est une histoire vraie, mais ce n’est pas tout à fait la vérité.
Plutôt un récit à moitié inventé, un refrain consolateur où ailes rime avec embellie et force, avec mémoire. La preuve que l’imagination a toujours le dernier mot.
Je ne savais rien de ce roman, de cette histoire qui n’est pas venue jusqu’à nos oreilles françaises. En le lisant, je découvrais petit à petit l’univers d’Angèle sans bien comprendre que non, Angèle n’était pas une personne âgée, non Angèle n’avait pas perdu la tête puisqu’elle me racontait sa vie, même s’il s’agissait des mots d’un auteur. C’est la grâce, la sensibilité de Christine Eddie. Elle ne dit pas crûment les faits, elle laisse le lecteur s’immergeait dans la vie d’Angèle, dans son quotidien, ces présences qui gravitent tout autour d’elle, qui créent un tout et auxquelles nous nous attachons sans vraiment savoir quoique ce soit d’eux, sans avoir les clés.
Mais Angèle, elle-même n’a plus toutes les clés et surtout celle qui lui permettrait de dominer son corps, son cerveau, qui lui permettrait de s’exprimer à travers ses propres mots ; mais, s’ils étaient là, nous ne pourrions pas lire ces pages à la fois belles et tristes consacrées à cette femme dont la vie / le corps s’est brisé(e). Pourtant l’univers continue de tourner, ses envies également, sa joie et ses peines même s’il est plus difficile, plus lent de les exprimer.
Des phrases simples, ourlées avec délicatesse font le portrait d’Angèle que l’auteur connait bien. En parallèle, elle laisse son imagination greffer autour de cette femme un univers d’amour, de personnages drôles avec eux-aussi de grandes et petites histoires. On ne s’ennuie jamais. On voudrait en savoir plus, mais si la vie d’Angèle a changé en 2010, Christine Eddie n’est pas là pour inventer son avenir, juste pour l’aider à dire à ses filles qu’elle les aime et sans doute, pour remercier tous ceux qui l’entourent.
Un très grand merci à Abeille pour m’avoir fait découvrir ce livre. Bon nombre d’ouvrages qui m’accompagnent dans « Québec en novembre » sont de son fait.
yueyin a dit:
J’ai beaucoup aimé les deux romans de Christine Eddie que j’ai lus mais je ne connais pas celui-là 🙂
J’aimeJ’aime
uncoindeblog a dit:
Je pense que c’est totalement différent mais cela devrait te plaire. Ce n’est pas un roman au sens propre du terme.
J’aimeJ’aime
Nadège a dit:
Un roman magnifique, en effet. Et félicitations pour ce billet, car il est difficile de parler de se livre sans trop en dire : toute la beauté de ce livre résidant dans la délicatesse et la lenteur avec laquelle on découvre qui est Angèle et ce qui lui est arrivé. Bravo
J’aimeJ’aime
uncoindeblog a dit:
Merci Nadège. Je ne voulais pas voler aux lecteurs le découvrant l’histoire de cette femme. Les propos que j’ai utilisé peuvent sembler mystérieux mais si tu t’y es retrouvée en tant que lectrice de l’ouvrage, je suis ravie.
J’aimeJ’aime
lcath a dit:
un billet mystérieux qui donne envie d’en savoir plus …donc de le lire !
J’aimeJ’aime
uncoindeblog a dit:
Comme je le disais, il faut laisser au lecteur la grâce de la découverte. J’espère que la lecture ne sera pas décevante par trop d’attente.
J’aimeJ’aime
Laeti a dit:
Très mystérieux ce billet en effet! ça me donne envie de renouer avec la plume de cette auteure, que j’avais tellement appréciée avec Les carnets de Douglas! Il me reste Parapluie aussi!
J’aimeJ’aime
uncoindeblog a dit:
J’ai Les carnets de Douglas toujours offert par la même lectrice québécoise. Je crois comprendre que j’ai de la chance de ne pas encore avoir lu tous les ouvrages de de Christine Eddie.
J’aimeJ’aime