https://i0.wp.com/www.decitre.fr/gi/58/9782265090958FS.gifLa tyrannie de l’arc-en-ciel. 1. La route du Haut-Safran / Jasper Fforde. Traduit de l’anglais (Royaume-Unie) par Patrick Dusoullier. Fleuve Noir, 2011. 588 pages 4*

Bienvenue dans la Chromocratie ! Ici, les citoyens sont normaux, à la différence près qu’ils naissent Gris, Jaunes, Verts, Bleus, ou encore Rouges en fonction des couleurs qu’ils distinguent.
Le rôle de chacun dépend justement de cette singularité. Les Pourpres accèdent aux postes les plus agréables tandis que les Gris, incapables de discerner les nuances éclatantes, sont traités en esclaves. Et comme dans toute tyrannie digne de ce nom, les autorités veillent à ce que cet ordre soit respecté ! Edward Rousseau est un jeune homme Rouge sans histoire, promis à un bel avenir. Jusqu’au jour où un compagnon rencontré par hasard dans un train disparaît, dans l’indifférence la plus totale.
Dès lors, de mystérieux incidents l’interpellent : on lui confisque ses papiers, il apprend que le médecin de la ville est mort dans des circonstances étranges… Sa rencontre avec Jane, une Grise effrontée au nez exquis, va confirmer ses soupçons : ces événements cachent une vérité effrayante. Qui réussira à la révéler sans y perdre la vie ? Fidèle à son style unique en son genre, Jasper Fforde explore les limites de l’imagination pour nous offrir un récit drôle, haletant et délicieusement subversif.

 

Voici la nouvelle trilogie de Jasper Fforde et même sans être une spécialiste de l’auteur, je suis certaine que si vous avez aimé les précédents ouvrages, vous ne devriez pas vous ennuyer avec ce premier volume où l’on retrouve bon nombre d’éléments de la même veine que dans les aventures de Thursday.

C’est dans une civilisation qui semble bien incongrue que l’auteur nous entraîne. Novatrice ? Pas tant que cela en y réfléchissant bien. J’ai même l’impression que grâce à son jeu de couleurs issues de l’arc-en-ciel, Jasper Fforde s’en donne à coeur joie à évoquer le racisme primaire que l’on rencontre tous les jours. Mais il n’y a pas que la couleur qui entraîne cela, la cupidité, l’avidité du pouvoir aident ces citoyens à ne pas frayer avec de plus basses castes. Plus vous montez dans la hiérarchie des couleurs et moins vous semblez être capable de vous pencher sur votre prochain ou simplement de réfléchir par vous-même. Alors oui bien entendu, il existe toujours des exceptions, mais dans ce royaume de l’absurbe, de la folie et des couleurs, nul ne doit se placer en dehors de ces prérogatives, de ces droits établis et ne doit montrer à ses supérieurs en couleurs qu’ils sont moins intelligents ou moins pertinents que la couleur qui leur a été attribuée ne le laisse supposer. 

Mais ces éléments ne sont qu’une partie de l’histoire, car, comme de bien entendu d’autres histoires s’imbriquent à la suite du quotidien que nous découvrons au travers du regard et de l’histoire d’Edward Rousseau : un rouge qui pourrait bien permettre à sa famille de revenir au niveau social qui fut le sien avant qu’un ancêtre au fi de tous n’épouse une grise, perdant crédibilité et basculant dans le bas de la hiérarchie. L’histoire d’Edward se voit confrontée à des décès mystérieux dont le premier réside dans celui du « médecin » que son père va remplacer dans ce trou paumé loin de leur ville d’origine. Sur le chemin qui les emmène, la maladie/décès d’un gris travesti dans une autre couleur bouleverse leur quotidien et plus particulièrement lorsque son regard croise celui de Jane, grise insolente et vindicative qui n’aura de cesse que de tenter de l’assassiner, mais grâce à qui il va progressivement ouvrir les yeux et essayer de comprendre pourquoi de grands bonds en arrrière ont fait basculer ce peuple vers des interdits quasi incompréhensibles et pourquoi certains disparaissent de manière un peu inattendu ! Et oui, car sous le couvert de l’absurbe de sombres sujets peuvent être abordés et des réflexions pertinentes venir nous titiller comme c’est le cas pour le héros de Jasper Fforde.