https://i0.wp.com/www.livredepoche.com/photos-couvertures/LGFLIVREDEPOCHE/2010/9782253129462-G.jpgL’origine de la violence / Fabrice Humbert. Livre de Poche, 2010. 341 pages.

Lors d’un voyage scolaire en Allemagne, un jeune professeur découvre au camp de concentration de Buchenwald la photographie d’un détenu dont la ressemblance avec son propre père le stupéfie et ne cesse de l’obséder. Ce prisonnier, David Wagner, est en fait son véritable grand-père. Peu à peu se met en place l’autre famille, la branche cachée, celle dont personne chez les Fabre n’évoque l’existence… Au cours de sa quête, le jeune homme comprend qu’en remontant à l’origine de la violence, c’est sa propre violence qu’on finit par rencontrer..

 

  Fils croisés entre présent et passé, le personnage principal voit sa vie bousculée par une photo à partir de laquelle débute son enquête. Tout comme son père, mais certainement de manière moins instinctive, ce professeur a toujours vu une différence entre Adrien, son père, lui-même et le reste de sa famille : les Fabres, et plus particulièrement son grand-père dont la physionomie est aux antipodes de celle de son fils. Néanmoins, il a toujours joué le jeu et poursuit ses relations avec son père d’un côté, et son grand-père de l’autre. Reste sa violence qu’il évoque en filigrane, après l’avoir présentée de manière claire et distincte dès les premières pages ; une violence présente depuis son enfance qui n’avoue néanmoins pas sa source, mais dont l’auteur cherche à comprendre la source et qu’il va nous faire partager. 

C’est un pan de l’histoire qui se dévoile sous nos yeux et qui permet à Fabrice Humbert de s’interroger sur la place du mal, sur les réactions intrensèques de tout un chacun devant les bouleversements politiques, face à l’horreur et à la monstruosité de personnes quelconques,  que le pouvoir et la soif de domination peut rendre « fou » et conduire aux actes les plus barbares.

La quête de son grand-père, David Wagner, comme il va très rapidement le découvrir, est l’occasion de s’interroger sur la filiation, de nous faire suivre en pointillé la construction d’une famille d’émigrés polonaise qui souhaite poursuivre son ascension sociale, une histoire individuelle bientôt bouleversée et confrontée à l’histoire collective. Les passages relatant le camp de Buchenwald nous font basculer dans la cruauté. Ils ne sont en rien anecdotiques, mais confortent la théorie de l’auteur sur la violence, et permettent à l’auteur de remonter l’histoire. 

Une violence que l’on retrouve dans le quotidien du personnage principal, dans ses classes – à mon avis des moments qui parleront à tous les professeurs de collège et de lycée envoyés dans les zones sensibles ; qui montrent en quoi le respect et l’explosion d’une classe comme d’un groupe tiennent à bien peu de chose -.

Bouleversant, parfois dérangeant lorsque les camps sont abordés par exemple, ou tout comme la dénonciation de son voisin par simple courrier, l’ouvrage n’en reste pas moins l’évocation de très belles histoires d’amour : de couple comme dans les liens familiaux qu’il s’agisse de liens de sang ou pas. Le pardon et, avant tout, la compréhension semblent être les éléments fondamentaux pour briser la loi du silence tout comme la violence qui sommeille parfois au plus profond de chacun d’entre nous.  

 

Ouvrage lu en partenariat avec le Livre de Poche

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