https://i0.wp.com/www.decitre.fr/gi/22/9782253060222FS.gifVingt-quatre heures de la vie d’une femme / Stefan Zweig. Roman traduit de l’allemand avec une introduction par Olivier Bournac et Alzir Hella. Révision de Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent. Le Livre de Poche, 1993. 127 pages
Scandale dans une pension de famille  » comme il faut « , sur la Côte d’Azur du début du siècle : Mme Henriette, la femme d’un des clients, s’est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n’avait passé là qu’une journée…
Seul le narrateur tente de comprendre cette  » créature sans moralité « , avec l’aide inattendue d’une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimé chez la fugitive. Ce récit d’une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l’auteur d’Amok et du Joueur d’échecs, est une de ses incontestables réussites.

Néophyte de Stefan Zweig, sachez que cet auteur est facile à lire, qu’il a écrit bien des pages en dehors d’Amok, Le joueur d’échecs ou Lettre d’une inconnue. Bref j’aurais pu choisir un titre moins connu, mais cet ouvrage est tombé par hasard dans ma PAL, et je n’en éprouve nul regret, même si Tamara a suscité ma curiosité en parlant d’oeuvres moins connues. Un jour lorsque ma PAL sera plus sereine et que je n’aurais pas une demie douzaine d’ouvrages empruntés, j’irai dans ma bibliothèque de quartier (merci à elle d’être fermée en ce moment :s).
Comment ne pas se laisser happer par ce court récit dans lequel  on retrouve des thématiques chères à l’auteur : un texte enchâssé (bah oui fallait bien que je le place celui là car il plaît ;-), le jeu, la passion, …
Zweig sait à merveille nous captiver avec ce que l’on pourrait extérieurement juger des riens. Laissez-vous gagner par sa description des mains des joueurs, qui s’animent sous vos yeux, douées de personnalité, qui vous fascinent vous hypnosent grâce à la « narration » de Mrs C…
Combien de fois avez-vous entendu dire que vos mains (votre attitude, position des membres) vous trahissaient lors des entretiens ? Mais quand elles prennent vie, quand leur ballet exprime toute votre personnalité, cela tourne au tour de force.
Bien entendu toute l »histoire ne repose pas sur elles, car c’est avant tout de la passion, des bouleversements humains dont il est question dans ce livre. Comment 24 heures de votre existence peuvent-elles à tout jamais la changer ? 24 heures c’est tellement peu dans notre vie et pourtant…

Le narrateur ayant choisi de ne pas juger la décision de Mme Henriette, la société bien comme il faut quant à elle ne peut s’empêcher de jeter un regard critique sur cette femme et sur son choix ; désormais elle est une de ces femmes, « des natures de gourgandine » (à opposer à des femmes dignes de ce nom).
Cette attitude fait qu’une vieille dame anglaise va lui narrer sa mésaventure survenue plus de vingt ans auparavant : les vingt-quatre heures qui ont modifié sa vie. Son expérience lui permet de montrer combien peu de choses peuvent changer le cours de votre existence et comment le regard d’autrui pèse sur la suite de votre existence, chacun étant enclun à vous juger rapidement et facilement lorsque vous n’entrez plus dans les cases ou dans l’image que tout un chacun avez de vous. Mais grâce à son âge, elle sait, a appris et n’a plus peur, et est désormais prête à expliquer pourquoi elle sait grée au narrateur de s’être opposé à la vindicte des biens pensants.
« (…) Vieillir n’est, au fond, pas autre chose que n’avoir plus peur de son passé. (…) »

Les avis de Karine 🙂, Lilly,
Zweig toujours, Amok par Mango, Emeraude à propos de La confusion des sentiments,