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Dyonisos, maladie, Malzieu, renaissance, transfusion, vampire, vie
Journal d’un vampire en pyjama / Mathias Malzieu. Albin Michel, 2016. 240 pages
« Ce livre est le vaisseau spécial que j’ai dû me confectionner pour survivre à ma propre guerre des étoiles. Panne sèche de moelle osseuse. Bug biologique, risque de crash imminent. Quand la réalité dépasse la (science-) fiction, cela donne des rencontres fantastiques, des déceptions intersidérales et des révélations éblouissantes. Une histoire d’amour aussi. Ce journal est un duel de western avec moi-même où je n’ai rien eu à inventer. Si ce n’est le moyen de plonger en apnée dans les profondeurs de mon cœur. »
Il ne s’agit pas du premier ouvrage de Mathias Malzieu que je lis, mais pour mes lectures précédentes mon blog n’était pas encore ouvert et je ne suis pas certaine d’avoir su trouver les mots – j’ai lu « Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi » ainsi que « La mécanique du coeur » – ; du moins c’est le sentiment que cela m’évoquait lorsque j’ai vu cette nouvelle page d’écriture, mais je me suis néanmoins décidée à lire cet opus, en me disant que je ne vous donne pas à lire toutes mes impressions de lecture, donc … à voir….
Mais me voici …J’ai retrouvé dans ce roman des souvenirs de lectures : une écriture toujours très fluide, de courts chapitres qui n’envahissent pas l’espace du lecteur et lui donne la possibilité de tourner les pages sans s’en rendre vraiment compte. Ils permettent également, dans le cas présent, de ne pas s’appesantir, s’apitoyer sur la maladie qui est pourtant au coeur de cet ouvrage. Car Mathias Malzieu nous raconte sa brusque rencontre avec l’ombre de la mort, celle qui va l’accompagner même en chambre stérile, fidèle parmi les fidèles. Sans tabou, mais avec poésie, sensibilité, il se raconte. Craintes, doutes, détresse de ses proches, particulièrement de son père : orphelin, veuf et qui pourrait à présent perdre un de ses enfants. Pas de pathos, des faits, des souffrances mais des mots simples à l’image de ceux qui lui sont donnés par le corps médical à qui il rend un vibrant hommage, n’oubliant aucune de ces rencontres, de ces moments d’aide, de sourires. A cette infirmière à qui il dit manquer de baisers et qui le lendemain lui dépose une feuille sous un plastique stérilisé, feuille qu’elle et sa collègue ont embrassé, laissant la trace de leur rouge à lèvres. Des professionnels qui s’adaptent aux personnes, et donc à la personnalité parfois un peu fantasque de Mathias Malzieu.
Journal de bord, planche à la mer pour ne pas sombrer, pour ne pas oublier que la vie est là, belle. Que chaque rayon de soleil, chaque goutte de pluie ou souffle de vent s’appréhendent différemment avec les yeux de la maladie et de l’isolement. Tout cela il le partage avec chaque lecteur, voulant remercier tous ceux qui l’ont accompagné, mais aussi la VIE. Cette vie qui lui fut donnée par sa mère aujourd’hui disparue et cette inconnue qui lui a permis de renaître grâce au sang placentaire qu’elle a donné.