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Le verger de marbre / Alex Taylor. Traduit de l’américain par Anatole Pons. Gallmeister, 2016 (Neonoir). 272 pages.
En plein Kentucky rural, la Gasping River déploie son cours au milieu des falaises de calcaire et des collines couvertes de champs de mais et de soja. Un soir où il remplace son père, qui conduit le ferry parcourant la rivière dans les deux sens, le jeune Beam Sheetmire tue un passager qui tente de le dévaliser. Mais sa victime est le fils de Loat Duncan, puissant homme d’affaires local et assassin sans pitié.
Toujours accompagné de ses chiens menaçants, Loat est lui-même porteur d’un lourd secret concernant le passé de Beam. Ridé par son père, le jeune homme prend la fuite, tandis que Loat et Elvis, le shérif, se lancent à ses trousses.
Surréaliste par certains aspects et totalement fou sur bien des points. En fait Alex Taylor nous entraîne dans un trou comme il doit encore en exister dans le Sud, où la police n’a guère son mot à dire, où les personnages influents de la ville sont en fait sous le joug d’un homme étrange et effrayant. Il aime ses chiens avant tout, l’argent, les femmes et les belles voitures. Instable dans ses propos et ses actes, Loat Duncan est tout cela et bien plus encore ; il est le mal dans une ville oubliée de tous où la superstition a la part belle.
Beam a le malheur de se trouver là, de commettre une faute certes irréparable mais somme toute classique dans ce coin paumé où les cadavres / disparitions semblent appartenir quasi au quotidien. Clem, son père, sait qu’il n’a qu’une seule chance : fuir. Mais cette fuite ressemble davantage à un tourbillon : magnifique et troublant au travers des paysages, des forêts qu’il traverse, et Beam reste dans cet espace et ces hommes qui lui sont familiers. Le destin s’acharne et sa rencontre avec un routier sapé en costume va sceller son destin. Si Derna, sa mère a essayé de changer son propre avenir, scellant son existence avec Clem, au fardeau déjà lourd, Beam va devoir payer le prix fort. Rien ne lui sera pardonné et si des lueurs d’espoirs s’insèrent ici et là, on se doute bien que la chute sera radicale. Mais avant cela, laissez-vous entrainer dans cette sarabande endiablée.