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Virgin suicides / Jeffrey Eugenides. Traduit de l’américain par Marc Cholodenko. J’ai Lu, 2004. 223 pages.
Jeunes, belles et fragiles, les cinq filles Lisbon se suicident en l’espace d’une année. Difficile de comprendre ce qui se passe derrière les murs de la villa familiale: un quotidien étouffant, une mère plus sévère que les autres, une folie contagieuse… Des garçons du quartier, effrayés et fascinés, observent les filles s’effondrer une à une. Devenus adultes, ils s’interrogent encore.
Sans l’adaptation au cinéma par Sofia Coppola, j’ignore si ce roman serait arrivé jusqu’à nous (et aurait suscité ma curiosité). Elle lui a donné un second souffle et a permis la réédition de l’ouvrage et notamment en format poche qui se trouve entre mes mains aujourd’hui. Oui j’étais allée le voir à sa sortie et si j’avais été fascinée par sa lumière, la beauté de l’image d’une manière générale, je pense que j’étais restée assez insensible au thème x par 5. Pourtant le thème ne m’était pas inconnu, mais il n’avait pas encore le même écho en moi à cette époque. Le temps a passé et des proches se sont suicidés ce qui me fait appréhender le sujet d’une autre manière.
Comme ces jeunes garçons qui ont accumulé les indices cherchant à comprendre le pourquoi, comment les choses évoluent, sans comprendre… Bien entendu ce roman est poussé à un autre point puisque ce n’est pas le suicide d’une seule adolescente mais de toute une fratrie. Si, si… si leur jeune soeur n’était pas passée à l’acte, si le sujet n’avait pas été ressassé par les journalistes, si ce n’était pas les années 70, si leurs parents n’avaient pas été trop refermés sur eux-mêmes. En un court volume, Jeffrey Eugenides parle à la fois d’une époque révolue et pourtant vivace dans « sa mémoire », à l’image de ces garçons devenus hommes. Il cherche à comprendre comment le passage à l’acte est possible tout en nous présentant le monde des adolescents de ces années. Etions-nous si différents ? Le temps passe mais le mal être de cet âge reste présent.
Comme nous tous il n’a pas de réponses ; des pistes isolées et, nous narre avant tout l’éveil de ces jeunes gens, leurs espérances dans les gestes tendres et l’amour, le pouvoir de séduction. Les questionnements au seuil du monde adulte. Une fragilité immense au moment de ces changements aussi bien physiques, sensuels et cette remise en question de nos anciens modèles que sont nos parents. Pas de solution miracle, pas de réponses exactes , ni de vérité(s) concernant ces suicides, juste des pages sur des voisines, des jeunes filles éprises de la vie qui, pourtant, un jour, ont décidé de s’arrêter là.