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L’esprit des morts / Andrew Taylor. Traduit de l’anglais par Françoise Smith. Cherche midi, 2016. 648 pages
Sur les traces d’Edgar Allan Poe, un thriller gothique d’une intensité rare. Londres, 1819. Thomas Shield devient le professeur particulier d’un jeune Américain, Edgar Poe, et de son meilleur ami, Charles Frant, dont la mère, une femme séduisante et malheureuse, l’attire irrésistiblement. Lorsqu’un homme est retrouvé mort et que tous les indices convergent vers la famille Frant, Thomas est emporté dans une spirale dont les conséquences risquent d’être lourdes pour lui.
Il décide alors de trouver le coupable mais le piège se referme au fur et à mesure qu’il cherche à s’en échapper. Quel est donc le lien entre ces macabres événements et le jeune Edgar Poe ? Thomas devra traverser bien des épreuves avant que la vérité soit enfin dévoilée… Mêlant avec brio fiction et réalité, ce roman à l’intrigue haletante nous plonge dans l’atmosphère de l’Angleterre du XIXe siècle, où Edgar Allan Poe passa quatre années de son adolescence : l’agitation des rues londoniennes, les taudis de St Giles et Seven Dials, l’hypocrisie d’une bourgeoisie avide de pouvoir…
Un décor parfait pour un meurtre, des secrets de famille et une galerie de personnages loin d’être aussi respectables qu’ils voudraient le faire croire.
Edgar Allan Poe n’est ici qu’un prétexte, mais néanmoins bien amené et utilisé à bon escient pour suivre l’existence de Thomas Shield, jeune homme à la vie déjà bien remplie que nous allons suivre tout au long de ces pages et qui est le narrateur de cette histoire. A la fois protagoniste, pierre angulaire de ce roman écrit dans un style qui n’est pas sans rappeler les ouvrages de la période décrite, ce récit se voulant la fidèle transcription des faits vécus.
Andrew Taylor part de simples faits divers, de situations quotidiennes et d’un homme issu d’une extraction modeste pour mieux le jeter dans une aristocratie, au milieu de parvenus également. Comme dans tous les récits de cette époque qui se doivent, l’argent, les héritages sont au coeur même de ces épisodes. L’auteur y a ajouté une pincée de malversations, de meurtre et de faits historiques. Il nous entraîne dans tous les milieux de cette période (ou presque), dans l’ivresse de la jeunesse, de l’âpreté, le quotidien et une enquête où les faux semblants s’emmêlent comme bien souvent. L’ensemble est riche et bien mené, même si le héros parfois tête à claques -à mon sens- se rue dans toutes les situations les plus désavantageuses (ou presque) à son égard. Ce n’est pas une enquête de Sherlock Holmes, cela a parfois la saveur de ses fresques du XIXème siècle, mais avec une part historique et de mise en abîme des éléments qui en font un bon roman du XIXème siècle. Idéal pour une bonne soirée (plusieurs) au coin du feu – pour conserver cette image du passé.