Le livre du roi / Arnaldur Indridason. Traduit de l’islandais par Patrick Guelpa. Métaillié, 2013 (Bibliothèque nordique). 355 pages
En 1955, un jeune étudiant en histoire arrive pour faire ses études à Copenhague, là il va se lier d’amitié avec un étrange professeur, peu soigné et buvant sec, spécialiste des Sagas islandaises, ce patrimoine culturel inestimable qu’ont protégé les Islandais au long des siècles comme symbole de leur nation. Il découvre le secret du professeur, l’une de ces Sagas, Le Livre du roi, dont les récits ont été à l’origine des mythes germaniques mis en scène par Wagner dans la Tétralogie, a été volée par les nazis pendant la guerre.
Ensemble le professeur et son disciple réticent qui ne rêve que de tranquillité vont traverser l’Europe à la recherche de l’inestimable manuscrit. Un trésor pour lequel certains sont prêts à voler et à tuer. Un trésor aussi sur lequel on peut veiller et qu’on peut aimer sans en connaître la valeur. Une histoire inhabituelle sur ce qu’on peut sacrifier et ce qu’on doit sacrifier pour un objet aussi symbolique qu’un livre.
En premier lieu si vous connaissez l’auteur, il vous faut laisser de côté tout a priori car oui, forcément le fait de ne pas retrouver votre inspecteur habituel va forcément vous perturber, même si vous savez qu’il ne se trouve pas dans cette histoire. Néanmoins le savoir faire d’Arnaldur Indridason est toujours là, l’art de mêler le passé et, en quelque sorte, le présent : l’histoire se déroulant en 1955 mais se reportant forcément à la Seconde Guerre Mondiale, tout étant lié.
La faiblesse du roman est, selon moi, d’être assez long à démarrer en tant qu’enquête / quête. Dans sa première partie l’auteur vous présente les personnages et notamment son jeune héros Valdemar, le quotidien des étudiants en cette année 1955, mais surtout il nous parle des écrits islandais, de ces trésors qui font et sont le trésor de l’Islande. Alors oui, c’est intéressant mais de prime abord difficile à assimiler pour une personne dont la connaissance de ses écrits est proche du zéro et qui s’embrouille dans les noms islandais. Bref il faut s’accrocher pour ne pas abandonner. Une fois que vous aurez passé ce cap, attendez-vous à voyager en Europe en quête de Livre du Roi disparu, à découvrir la vie d’un professeur spécialiste de ces quêtes et, qui en tentant de jouer avec les nazis, va perdre une partie de son âme, suis-je tentée de dire. Les rebondissements s’enchaînent, même si certains et surtout leurs chutes paraissent bien plus évidents que dans les enquêtes d’Erlendur (oui j’y reviens, pardon. On ne se refait pas et, c’est bien grâce à ce personnage que nous avons découvert cet auteur).
Indridason nous entraîne dans une quête historique et parfois amoureuse dans sa manière de parler des livres, de la passion de ses protagonistes pour ces Saga islandaises. En parallèle, la 2nde Guerre Mondiale et le nazisme, la souffrance des peuples envahis mais également de la population des vaincus. L’obscurantisme et l’appât du gain et du pouvoir. Tout est là pour en faire un beau roman, nonobstant mon ignorance de l’histoire et des écrits islandais.