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Le dernier coyote / Michael Connelly.Traduit de l’américain par Jean Esch. Editions du Seuil, 1999. 378 pages
Suite à une grave altercation avec son supérieur, le lieutenant Harvey Pounds, l’inspecteur Harry Bosch est mis en congé d’office et sommé de consulter une psychologue afin de maîtriser son agressivité : sa réintégration au sein de la police de Los Angeles en dépend. Harry Bosch commence par refuser le traitement, puis, poussé à bout par ses questions, révèle au Dr Hinojos le secret qui le hante : sa mère, Marjorie Lowe, une prostituée, a été tuée alors qu’elle allait enfin l’extraire du centre où, tout petit enfant, on l’avait placé après l’avoir séparé d’elle.
Et, noud du problème, l’enquête de police qui aurait pu l’aider à accepter le réalité de ce meurtre n’a pas abouti. Libéré par cet aveu, Harry Bosch comprend alors que malgré l’interdiction d’enquêter qui le frappe, il doit retrouver celui qui lui a ravi l’amour de sa mère, et rouvre le dossier. Auteur, entre autres ouvrages, de Les Égouts de Los Angeles (prix calibre 38), La Blonde en béton, Le poète (prix Mystère), Créance de sang (grand prix de littérature policière 1999), etc., Connelly signe ici le livre le plus terriblement émouvant de sa série Harry Bosch.
Une part d’ombre, une agressivité mais un sens moral dans ses enquêtes, voici ce qui caractérise Harry Bosch. Electron libre qui se manifeste une nouvelle fois ; en dépit de ce repos forcé et de soins imposés, il voit là l’occasion d’enfin se plonger dans un dossier bien ancien resté au point mort des années plus tôt. Il va sans dire que les protagonistes, témoins etc ne sont plus tout à fait au rendez-vous, et il lui faut démêler bien des fils, des imprécisions, et personnages retors, mais Marjorie Lowe n’est autre que sa mère. Séparés par les services sociaux, elle lui avait certifié que très vite elle allait parvenir à le récupérer.
Quand les fils du destin font des noeuds, il faut de la patience – ce qui n’est pas toujours le point fort de notre héros- et surtout beaucoup de temps afin de parvenir à tout remettre d’aplomb. Du temps, il n’en m’en manque guère mais les entrelacements semblent toujours plus complexes au fur et à mesure qu’il parvient à en défaire un et comme mentionné, les années qui ont passé ne sont pas les meilleures alliées. Et pourtant, grâce à son expérience, d’un peu de chance aussi sans doute (si on peut l’appeler ainsi), à son culot et ses contacts, Harry Bosch finira par résoudre ce meurtre. Bien entendu cette enquête nous fait penser à d’autres romans, mais le savoir-faire de Michael Connelly nous plonge dans un inédit et une fin que les plus perspicaces devraient avoir néanmoins du mal à trouver. Pour ma part, je me suis laissée prendre aux apparences. Eléments du quotidien de ce quasi anti-héros ou volonté de ne voir que des évidences, je ne sais pas vraiment mais le tout est bien mené, sans temps mort.