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Et la vie nous emportera / David Treuer. Traduit de l’américain par Michel Lederer. Albin Michel, 2016 (Terres d’Amérique). 316 pages
Août 1942. Avant de s’engager dans l’armée de l’air, Frankie Washburn rend une dernière visite à ses parents dans leur résidence d’été du Minnesota. Il y retrouve Félix, le vieil Indien en charge du domaine, dont il est plus proche qu’il ne l’est de son propre père. Mais aussi Billy, un jeune métis avec qui il a grandi et auquel l’unissent des sentiments très forts. Ce jour-là, au cours d’une battue pour retrouver un prisonnier de guerre allemand échappé du camp voisin, les trois hommes se retrouvent mêlés à un tragique accident dont ils tairont à jamais circonstances. Ce drame va bouleverser le destin des Washburn et de leurs proches, à l’image du conflit qui ravage le monde.
Un roman d’une puissance magnétique, aussi tendre que dévastateur, qui explore avec une infinie beauté les recoins les plus sombres de l’âme humaine.
Comment un événement accidentel bouleverse des vies. Mais il n’est pas le seul car la Seconde Guerre Mondiale vient, elle-aussi achever de battre les cartes de ces destinées. Après tout, tout est parti d’elle, de ce camp de prisonniers se situant en face de la résidence d’été de la famille de Frankie. En quelque sorte tout tourne autour de ce jeune homme et de cette habitation : tous deux sont différents, attirants, et solitaires, même si un grand nombre de personnes gravitent autour d’eux. Ainsi va la vie et les turbulences de l’histoire emportent les personnages de David Treuer à la fois tellement liés et tellement distants les uns des autres.
Roman à multiple voix nous entendrons leurs visions du quotidien et de l’accident au centre de cet ouvrage.
Alors oui, cela peut paraître lent à certains, mais cette avancée à petits pas, ces différents points de vues : homme blanc, indien, métis, directement ou indirectement touchés, plongent au coeur de cette fragile existence que nous connaissons si bien, mais qui est sans doute fort loin de l’impact de cet épisode. David Treuer parle, comme toujours, merveilleusement bien de la dualité qui existe chez les indiens ou métis, de l’emprise de l’alcool sur le comportement humain. Quels sont les choix pour un être humain ? Avec quels atouts part-on dans la vie que l’on soit Billy, Prudence, Frankie, Mary, Gephardt ou même Félix pour qui demain semblait si beau lorsque, jeune homme, il est parti pour la 1ère Guerre Mondiale ? Tous ses hommes et femmes avaient des rêves, des espoirs mais le destin les a fait chuter, brutalisé. Le choix de notre avenir semble entre nos mains jusqu’au moment de la rencontre fortuite, de l’erreur ….
Ce n’est certes pas un roman d’une gaieté absolue, mais la sensibilité de David Treuer transparaît à chaque ligne, dans sa manière de relater les faits, le quotidien de ces personnages qu’il chérit malgré tout, quelque soit leurs conditions sociales ou leur couleur de peau. Tous ne sont pas les plus sympathiques mais les événements de la vie impactent leurs choix.
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