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Les maraudeurs / Tom Cooper. Traduit de l’américain par Pierre Demarty. Albin Michel, 2016. 399 pages
À Jeanette, en Louisiane, on survit tant bien que mal grâce à la pêche, de génération en génération, mais depuis le passage de l’ouragan Katrina rien n’est plus pareil. Et quand la marée noire vient polluer les côtes, les habitants sont de nouveau confrontés au pire. Parmi eux, Gus Lindquist, un pêcheur manchot accro aux antidouleurs, qui rêve depuis toujours de trouver le trésor caché de Jean Lafitte, le célèbre flibustier, et parcourt le bayou, armé de son détecteur de métaux. Ou encore Wes Trench, un adolescent en rupture avec son père, et les frères Toup, des jumeaux psychopathes qui font pousser de la marijuana en plein coeur des marécages. Leurs chemins croiseront ceux de Hanson et Cosgrove, deux losers prêts à tout pour devenir riches, et de Brady Grimes, mandaté par la compagnie pétrolière pour inciter les familles sinistrées à renoncer aux poursuites en échange d’un chèque. Mais tous n’en sortiront pas indemnes…
Une douce folie semble émaner de bon nombre des personnages de ce roman. Un brin il en faut pour vivre dans ce bayou dévasté par les éléments naturels (ouragan Katrina), par la main de l’homme (le pétrole) et par le pire ennemi de l’être humain : lui-même. Sans cette fantaisie, ces personnages instables et inhibés pour certains, je ne suis pas certaine que le lecteur puisse parvenir à entrer dans cette réalité du quotidien de ces pêcheurs dont le labeur ne suffit plus. Chacun se démène comme il peut et Tom Cooper sait comment nous raconter cette vie, l’équilibre précaire de l’existence dans cette zone marécageuse. Ce cadre il en fait un atout, un ultime protagoniste dans cette histoire en quelque sorte.
Inexorablement les fils se tissent entre ses hommes ; il les manipule mais c’est pour mieux nous raconter leurs histoires. Celle d’un père et d’un fils qui s’éloignent mais qui continuent à se chercher, parallèle de Gus et de sa fille ? Wes, de son côté, va-t-il abandonner ses rêves et quitter ce village à l’image de Brady Grimes qui tel un rapace semble tourner autour de ses proies. De toutes ses personnalités un peu extrêmes, on se demande lequel a le grain le plus important. Les frères Toup et leur violence : intérieure /intellectuelle pour l’un, impulsive pour le second ? Gus, totalement accroc aux médicaments, à sa recherche de trésor ? Quant aux deux losers, Hanson et Cosgrove, ne sont-ils pas les plus dangereux à vouloir se frotter à une communauté et à des lieux dont ils ignorent tout ?
Non je ne peux pas tout vous dire car je vous en dévoilerai sans doute trop, mais ce 1er roman est à la fois une chronique sociale ainsi qu’un polar. Ce mélange est une véritable bouffée d’air frais qui ne se terminera pas sur un magnifique happy end pour tous, mais avec un chapitre où l’espoir renaît. Vous l’aurez compris je pense, j’ai vraiment beaucoup aimé.