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Chiisakobé. 4 volumes / Minetarô Mochizuki. Traduit du japonais par Miyako Slocombe. D’après le roman de Shûgorô Yamamoto.Le Lézard Noir, 2015-2016. 204+222+236+232 pages.
Shigeji, jeune charpentier, perd ses parents et l’entreprise familiale, « Daitomé », dans un incendie. Se rappelant les paroles de son père, » quelle que soit l’époque dans laquelle on vit, ce qui est important, c’est l’humanité et la volonté « , il fait le serment de reconstruire Daitomé. Mais son retour à la maison natale s’accompagne de l’arrivée de Ritsu, amie d’enfance devenue orpheline et qu’il embauche comme assistante, et de cinq garnements au caractère bien trempé échappés d’un orphelinat.
La cohabitation va faire des étincelles. Adaptation du célèbre roman de Shûgorô Yamamoto situé dans la période Edo et que Minetarô Mochizuki transpose dans le Japon d’aujourd’hui, Chiisakobé attire d’abord le regard par son dessin pop.
Un manga. Voici un petit moment que je ne m’étais pas replongée dans le genre qui propose de très bons crus. Celui-ci est fort différent de ceux que j’ai pu lire par le passé. Son style est tellement distinct qu’il est difficile de le classer. Humaniste est certainement celui qui lui convient le mieux. C’est un ouvrage étrange et, il ne faut pas vous attendre à des rebondissements à chaque fin de chapitre : le style est lent et il le revendique. Il permet au lecteur de découvrir en douceur des personnages qui masquent leurs sentiments, états d’âmes, mais qui, en dépit des obstacles, poursuivent leur chemin ou du moins essaient. En effet, et sans vouloir spoiler, on se demande bien si le sort va cesser de s’acharner sur Shigeji qui, après avoir perdu ses parents et l’entreprise familiale doit reconstruire et surtout prouver à tous qu’en dépit de son style, de son côté taiseux, il connait son travail et prend des décisions raisonnables pour le futur même si elles sont bien loin de faire l’unanimité.
Et cela ne se limite pas à son travail mais également au foyer familial qui accueille des orphelins désaxés dont Ritsu, amie d’enfance et désormais gouvernante, a bien du mal à canaliser les énergies et l’obéissance.
C’est par touches infimes, par un dessin simple et clair que Minetarô Mochizuki nous attire dans ses filets ; à l’image de son personnage principal, Shigeji, il sait vers quoi il aspire. En prenant des chemins de traverses, via des dessins distincts des schémas classiques : des pieds, des mains, une position du corps qui en disent parfois beaucoup plus longs que les expressions du visage.
Bref, posez-vous, prenez une tasse de thé ou autre et dégustez lentement et sans modération afin de ne pas gâcher votre plaisir.
Une belle critique du Tome 3 (mais de l’ensemble de cette série également) dans Télérama.