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Archives de Catégorie: Traduit de l’anglais (Canada)

Les variations Sebastian / Emily St. John Mandel

05 mercredi Juil 2017

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Emily St John Mandel, enfant, mémoire, musique, passé, variations

Emily St John Mandel - Les Variations Sebastian.Les variations Sebastian / Emily St. John Mandel. Traduit de l’anglais (Canada) par Gérard de Chergé. Rivages, 2016 (Rivages / Noir). 361 pages.

Lorsque Gavin, journaliste new-yorkais, retourne à Sebastian, dans sa Floride natale, il ne se doute pas que sa vie va basculer. C’est une photo qui déclenche tout. Celle que sa soeur a prise devant une maison dont les occupants sont sur le point d’être expulsés. Gavin y voit le visage d’une fillette qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau. D’un coup, c’est toute sa jeunesse qui remonte à la surface : le lycée de Sebastian, la fondation du Lola Quartet avec Daniel, Jack et Sasha.
Et surtout, son amour pour la fantasque Anna, qui avait mystérieusement disparu à la fin de l’année scolaire. Est-il possible que cette petite fille soit la leur ? Où est-elle maintenant ? Qu’est devenue Anna ? La réponse à ces questions va conduire Gavin au coeur des ténèbres.

J’ai découvert cette auteur au cours du Festival America 2016 où elle parlait de son dernier opus « Station Eleven ». Fort tentée par ce dernier ouvrage encensé par tous, mais venant de prendre une douche froide avec un autre auteur, j’ai décidé au détour d’une librairie de commencer par un de ses précédents ouvrages disponibles en poche, afin d’aller à la rencontre de son style et de savoir si vraiment son écriture était susceptible de me plaire. En dépit du temps que j’ai mis à prendre ce livre dans mon abondante pile et encore plus à me décider à rédiger ce billet, je ne peux que vous encourager, si vous ne l’avez pas encore fait à lire cette auteur.

Emily St John Mandel a une très belle plume et elle sait à la fois s’attacher à des événements économiques qui me parlent (crise économique, licenciements massifs, perte de leurs maisons cf les subprimes…), point sur l’existence de ses personnages par rapport à un instant T, à leurs espoirs passés et à ce qu’ils attendent aujourd’hui. Le titre est admirablement choisi (The Lola quartet en version originale) car il renvoie comme pour le titre en anglais à la musique et plus particulièrement aux différentes visions de cet ancien quatuor  : chacun, munit des éléments qu’il sait ou croit savoir nous raconte le moment clé de leur existence que fut ce dernier concert, avant que chacun ne prenne le chemin de l’université (ou ailleurs). L’auteur sait glisser sur des événements très personnels pour ses personnages principaux ou gravitant autour de celui qu’elle a choisi, en l’occurrence, le journaliste Gavin, afin de mieux nous surprendre.

De journaliste, Gavin devient l’image du privé ou l’image des anciens reporters qu’il a en tête, mais dans la chaleur de la Floride il semble parfois se perdre ou se laisser aller à un chorus tout à fait personnel, n’en déplaise au style original de son groupe. Mais il semble que chacun des ex-membres ait une partition à jouer bien différente et de musiciens, ils ne pourraient plus qu’être simple spectateurs.

Une quête de l’enfant qui se transforme en roman noir sur fonds de spéculation, crise, drogue et meurtre.

Un roman étonnant et dense que j’ai trouvé fort original dans sa construction comme dans le style.

Emily St John Mandel parle de son roman.

Dear George Clooney : Tu veux pas épouser ma mère ? / Susin Nielsen

26 lundi Juin 2017

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Dear George Clooney : Tu veux pas épouser ma mère ? / Susin Nielsen. Traduit de l’anglais (Canada) par Valérie Le Plouhinec. Editions Frances Loisirs, 2013. 226 pages

La mère de Violette ne sort qu’avec des losers depuis son divorce. Violette n’en peut plus, mais sa mère a désespérément envie de refaire sa vie et continue à accepter de nouveaux rendez-vous. Ce soir-là, le rendez-vous s’appelle Dudley Wiener, illico surnommé la saucisse. Il adore les vide-greniers et les blagues nulles, et ne plaît pas DU TOUT à Violette qui décide de prendre les choses en main. Elle va donc écrire à George Clooney pour lui demander un petit service et filer Dudley : si la saucisse a un cadavre dans son placard, elle le trouvera !

Un petit roman badin et souvent drôle qui raconte la séparation des parents vécue par une pré-adolescente. Le tout est distillé avec légèreté mais n’empêche pas de montrer ce que vivent Violette et sa petit soeur dont les souvenirs certes sont moins vivaces de leur vie d’avant, mais qui comme sa soeur est confrontée aux incertitudes de leur mère en matière amoureuse, aux bouleversements de leur quotidien de manière générale. Ainsi, même si cela pourrait paraître anecdotique, Violette nous dit que Rosie s’est remis à faire pipi au lit, suce son pouce ou à tendance à mordre ses camarades de la crèche.

De son côté Violette n’est pas en reste, ayant décrété une certaine hostilité envers la gente masculine, et la promesse de ne jamais tomber amoureuse. S’agissant d’un roman adolescent, vous pouvez être certain que ses sentiments vont se trouver bousculer. Mais nous n’en sommes pas encore là et le sujet principal reste bien le coeur à prendre de leur mère. Cette dernière enchaîne les échecs amoureux et a bien du mal à se reprendre en mains tout simplement. Bien entendu l’image de recomposition familiale renvoyée par l’ex et papa de ses filles n’aident pas particulièrement cette tribu abandonnée.

Malgré ces turpitudes et les mauvais moments de l’existence, le roman affiche ce ton léger et drôle affiché par le titre, laissant la part belle aux douces espérances. Un peu d’imagination, quelques situations cocasses et le tout est troussé avec une bonne humeur sans faille grâce à des personnages secondaires : amies de la mère comme de la fille. Pas un roman mémorable mais qui met un peu de baume au coeur, même si la vie est loin d’être parfaite.

Remèdes pour la faim / Deni Y. Béchard

28 jeudi Jan 2016

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écrivain, Deni Y. Béchard, histoire, mémoire, père, Québec

Remèdes pour la faim / Deni Y. Béchard. Traduit de l’anglais par Dominique Fortier. Alto, 2013. 577 pages.

Enfant, Deni ne savait pas qu’il était né dans une famille hors du commun. Sa mère américaine avait certes évoqué le passé de son père au Québec, mais l’arbre généalogique comportait encore bien des mystères. Un jour, il apprend enfin la vérité sur celui qu’il a toujours soupçonné de nager en eaux troubles : André Béchard était voleur de banques. Dans la tête du jeune homme germe alors une idée nourrie par son admiration pour cet homme à la violence mal contenue, absent et pourtant omniprésent: «Je serai un romancier et un hors-la-loi»

En Septembre 2014, j’ai eu la chance d’assister pendant le Festival America, au débat : Québec – l’endroit d’où je viens. En dehors des échanges, toujours fort intéressants, qui ont eu lieu  ce jour-là, j’ai découvert Deni Y. Béchard et son dernier roman paru. Un ouvrage très particulier car il contient une large part autobiographique et, est surtout un travail à la fois de mémoire et d’écriture qu’il a repris pendant de longues années. Au fil de cette histoire, nous allons découvrir en partie l’homme que fut son père, les souvenirs du narrateur mais surtout sa fascination pour les histoires et, son devenir d’écrivain en quelque sorte en construction.

Ce père a fait de lui cet écrivain de bien des façons et surtout sans le vouloir. Figure paternelle bien entendu, faite de secrets, d’histoires, de bagarres, cet homme sait sacrer comme nul autre et peut prendre de multiples visages perçus par l’enfant à différents âges mais, ces paroles ont également bercé son imaginaire et son attrait pour la lecture. Un père qui tait son ascendance québécoise, ayant très tôt fait l’amère expérience d’une différence entre ceux de langue anglaise et les québécois : des pauvres, qui se battent sans cesse et dont le parler lui-même est dénigré (voilà l’image qu’il a de lui-même). Il choisit donc de devenir américain afin de ne plus être pauvre et pour cela il deviendra également voleur. C’est un homme riche en couleurs, dans ces actes anciens et présents mais qui ne peut se détacher tout à fait  de son naturel : le mensonge, la violence qui mène la mère de Deni à le quitter.

En se séparant de lui, c’est une certaine forme de manque qui va se créer chez cet enfant dont l’esprit vagabonde et enjolive à la fois les histoires que lui a raconté son père, tout comme les faits de son passé qui lui sont distillés au compte-goutte, sa mère ne connaissant pas tout Le Dossier (comme dira plus tard une tante).

C’est à la fois une certaine forme d’errance de l’enfant qui grandit et l’envie d’en savoir plus que nous raconte le narrateur. Pour cela il nous renvoie à son passé, ses sensations et souvenirs du moment. Il ne juge pas mais cherche à connaître les histoires : la sienne, celleS de son père. Car elles sont plurielles : son enfance québécoise, les quelques bribes qu’il réussira à lui arracher (et qu’il comparera plus tard avec celles que sa famille paternelle lui donnera), son évasion vers la richesse et une certaine forme de liberté qui le conduiront en prison,  et tous ses chemins parallèles.

Original par la forme et l’histoire de cet homme, ce roman comme le dit Deni n’a pas de valeur morale, juste des souvenirs « (…) mais la mémoire continuant d’évoluer dans le temps, il est difficile de mesurer à quel point les années subséquentes ont façonné mon souvenir. (…) Au fur et à mesure que je vieillissais, [mon père] les racontait [ses histoires]différemment, révélant ou peut être ajoutant de petits détails afin de les rendre plus intéressantes à mes yeux (…). J’ai compris, pour la première fois, à travers ces « Notes de l’auteur » comment une autobiographie pouvait être réellement un roman.

Dans le grand cercle du monde / Joseph Boyden

22 lundi Sep 2014

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IMG_0839 (2)Lecture commune consacrée à Joseph Boyden avec Laure pour Le Mois américain.

Dans le grand cercle du monde / Joseph Boyden. Traduit de l’anglais (Canada) par Michel Lederer. Albin Michel, 2014. 584 pages

Situé dans les espaces sauvages du Canada du XVIIe siècle, ce roman épique, empreint tout à la fois de beauté et de violence, est d’ores et déjà considéré dans son pays comme un chef-d’oeuvre. Trois voix tissent l’écheveau d’une fresque où se confrontent les traditions et les cultures : celle d’un jeune jésuite français, d’un chef de guerre huron et d’une captive iroquoise.
Trois personnages réunis par les circonstances, divisés par leur appartenance. Car chacun mène sa propre guerre : l’un pour convertir les Indiens au christianisme, les autres, bien qu’ennemis, pour s’allier ou chasser ces « Corbeaux » venus prêcher sur leur terre. Trois destins scellés à jamais dans un monde sur le point de basculer. Mêlant lyrisme et poésie, convoquant la singularité de chaque voix – habitée par la foi absolue ou la puissance prophétique du rêve, Joseph Boyden restitue, dans ce roman d’une puissance visuelle qui rappelle Le Nouveau Monde de Terrence Malick, la folie et l’absurdité de tout conflit, donnant à son livre une dimension d’une incroyable modernité, où « le passé et le futur sont le présent ».

Quel souffle ! 3 chapitres, 3 voix se mêlent pour nous raconter la fragile existence des terres canadiennes et de ses habitants au XVIIème siècle, dont la vie et les relations entre tribus reposent sur des traditions séculaires, un équilibre précaire mais où le respect des guerriers, des hommes n’ayant pas peur de la souffrance et de la mort va se trouver mis à mal par l’arrivée de la religion, des européens qui transposent leurs guerres modernes dans ce nouveau pays où les richesses coulent à flots, selon eux.

Mais l’envers, du décor se déroule sous nos yeux : le quotidien, les difficultés de la vie pour obtenir des récoltes suffisantes pour pratiquer l’échange des peaux, des biens dont chaque tribu s’est fait une spécialité. Lorsque les corbeaux paraissent, ces jésuites croyant sauver des vies grâce à la religion, c’est déjà les prémices de l’enfer par les maladies, les doutes, les croyances différentes et les armes à feux. Un fragile équilibre qui ne se remettra jamais de leur présence. Nous le savons et déjà, certains d’entre eux le perçoivent sans imaginer la rapidité des événements et leur brutalité.

Joseph Boyden revisite l’histoire, ne dissimulant rien de ce qui choque nos esprits contemporains, s’appuyant sur les propos de ces  personnages si différents par leur condition, leur âge et leur appartenance. Comme va le découvrir et se l’avouer Christophe Corbeau (le prêtre), ce monde est à la fois merveilleux et cruel. Il a appris au contact des Hurons à vivre et survivre dans ce nouveau pays, une nouvelle langue (même s’il ne maîtrise pas toutes les subtilités des usages) ; il comprend mieux leurs us et leurs courages mais sa quête de les voir baptiser, son statut et sa vision des « sauvages » l’empêchera de voir bien des beautés de cette existence.

C’est grâce à Oiseau et à Chutes-de-Neige, que l’envers du décor nous est rendu, que nous percevons ce fragile équilibre dont la chute semble imminente tout au long du roman. Roman d’apprentissage, du quotidien et du courage. Ni paradis, ni enfer, car cet univers est constitué de ce que chacun apporte et donne, prêt à accepter à écouter les expériences, les rêves et surtout que la vie peut renaître alors que tout semble détruit…

L’écriture de Joseph Boyden m’a semblé prendre un élan encore plus grand que dans ses précédents ouvrages ; un roman d’une construction plus enlevée. En dépit de la violence qu’il n’omet d’aucune façon, la vie de ce village et plus particulièrement de ces  voix contrebalancent tout. Elles nous permettent de voir à travers leurs yeux et de poursuivre la lecture sans obstacle. Joseph Boyden redonne vie à ces oubliés, rappelant que les sauvages ne sont pas forcément ceux que l’on nomment ainsi.

Les âmes brûlées / Andrew Davidson

30 samedi Mar 2013

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https://i0.wp.com/static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/2/6/6/1/9782266194006FS.gif Les âmes brûlées / Andrew Davidson. Traduit de l’anglais (Canada) par Natalie Zimmerman. Pocket, 2010. 663 pages. 4*

La route, la nuit. Un accident de voiture. Et le feu, dévorant… Au service des grands brûlés, un homme contemple son corps calciné. Les cendres d’une vie dissolue. L’Enfer lui a ouvert ses portes – plus rien ne le retient chez les vivants, sinon les visites régulières de Marianne Engel, schizophrène reconnue. Et celle-ci de lui raconter une bien étrange histoire. Une histoire d’amour fou qui débute à l’ombre d’un monastère, au XIVe siècle. Une histoire où grimacent les gargouilles, brûlent les damnés, planent les fantômes de Dante et des mystiques allemands. Leur histoire. Leur amour. Ce qui est né par le feu renaîtra par le feu. Pour une ultime fois, les amants maudits traverseront chaque cercle de l’Enfer. Pour leur délivrance. Et leur rédemption…

 

Immense coup de coeur de mon amie Abeille qui m’a offert cet exemplaire.

Je dois avouer que j’ai eu très peur après quelques chapitres de cet ouvrage. Je m’y perdais, ne comprenant pas en quoi la description des souffrances et des traitements d’un grand brulé avait provoqué chez elle cet engouement ? Comment cet homme narcissique, responsable en partie de ses souffrances, devenu un monstre, proche de la folie, et aspirant à la mort (qu’il pré-programme), allait parvenir à m’intéresser ?

Et puis, Marianne Engel est entrée tout à la fois dans sa chambre de souffrance et dans le cours de ma lecture ; même si initialement je n’ai vu en elle, qu’une folie  supplémentaire dans cet ouvrage. Folie ? Peut-être car Marianne est connue dans cet hôpital comme schizophrène, mais c’est cette folie que met Andrew Davidson en avant qui la rend intrigante, au même titre que les histoires qu’elle raconte à cet homme dont nous ne serons jamais le nom, mais qui en a eu bien d’autres par le passé si l’on en croit Marianne. Car c’est leur histoire d’amour que Marianne va finir par raconter, une histoire qui débute au XIVème siècle. Mais, pour en connaître tous les éléments, il vous faudra comme pour les « Contes des mille et une nuits » être patient… Mais la patience, vous n’en aurez guère besoin, car au même titre que cet homme brulé, Marianne fascine et on attend son retour, ses « inventions », et ses histoires en tournant les pages de plus en plus vite.

L’histoire d’amour est là, le questionnement sur la folie, la souffrance et les addictions également… des questionnements, des incompréhensions, mais avant tout une fabuleuse fresque qui demeure en parallèle si proche du quotidien lorsque vous raconte le service des grands brulés, les coûts que les traitements entraînent et l’aspect psychologique de la reconstruction face au regard des autres.

Alors oui cet ouvrage est vraiment différent, même s’il faut lui laisser le temps de vous apprivoiser à l’image de Marianne qui progressivement va réussir à susciter la curiosité et retrouver le chemin du coeur de cet homme détruit bien en amont de son accident.

 

Mais aussi, le très beau billet de Karine qui doit sa lecture à Book Lady.

Là-haut vers le nord / Joseph Boyden

06 samedi Nov 2010

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https://i0.wp.com/www.decitre.fr/gi/51/9782253128151FS.gifLà-haut vers le nord / Joseph Boyden. Nouvelles traduites de l’anglais (Canada) par Hugues Leroy. Le Livre de Poche, 2010. 316 pages. 5*

Là-haut, vers le nord de l’Ontario, vivent des femmes et des hommes, indiens pour la plupart.
Joseph Boyden évoque avec sensibilité leurs histoires singulières au parfum de légende : une jeune fille tombe amoureuse d’un loup ; un jeune homme prétend envers et contre tout être un ours … Ces nouvelles étonnantes de l’auteur du Chemin des âmes, mélange fascinant d’émotion, de violence et de poésie, dessinent les pleins et les déliés d’une communauté humaine.En quelques pages éclate tout le talent du jeune écrivain canadien aux racines indiennes : la dérision et l’ironie salvatrices ; l’humour à froid et l’incommensurable tristesse.
Martine Laval, Télérama.Là-haut vers le nord, au milieu du chaos, résiste toujours une lueur tendre, un clin d’oeil ironique, une parenthèse de délire ou de flamboiement lyrique. Magistral. Marie Chaudey, La Vie.

 

 

13 nouvelles, 4 cycles dont le dernier ressemble à un chant où, sur le fonds du suicide d’une jeune fille,  se font entendre 4 voix se répondant, faisant écho à ce que, tout au long de ce livre, Joseph Boyden s’est attaché : décrire la violence de la civilisation indienne confrontée à une civilisation voulant à tout prix l’occidentaliser, la glisser dans un moule qui ne répond en rien à leur culture. Tous les moyens furent bons pour briser les « fortes têtes » qui n’en demandaient pas tant.

Résultat : une civilisation qui se cherche, amère envers l’étranger, le blanc en qui la confiance ne peut plus exister. Une rébellion et une recherche de paradis artificiels tous plus destructeurs les uns que les autres : alcool, drogue, jeu etc…

Amer constat c’est certain mais tout l’ouvrage n’est pas aussi noir d’un bout à l’autre ; il va crescendo dans la noirceur, même si la souffrance de ce peuple, la pauvreté revient de manière inéluctable. C’est aussi et avant tout, un grand cri d’amour vers cette culture, l’héritage Crew à commencer par la langue tyrannisée, supplantée de manière obligatoire par l’anglais par un déni de la culture mais présenté comme une volonté d’intégrer ce peuple par les « civilisateurs ».

Las, les pensionnats n’ont pas seulement détruits les familles et la culture, ils ont confronté des générations à des perversions, des pédophiles, détruisant les futures générations physiquement et psychologiquement.

Alors oui, ainsi que je le mentionnais l’ouvrage est souvent sombre, et parfois, la larme est proche, mais il se veut également un recueil d’histoires, de références aux croyances indiennes, un retour à la  transmission orale de ces histoires, des savoir faire, de l’entraide entre la famille et les membres élargis de la communauté. Nul besoin de la religion pour appliquer cette réalité ! Mais, XXème siècle ou pas, les hommes de dieu s’imaginent tout savoir et ne supportent pas que les croyances et les savoirs ancestraux puissent dépasser ce en quoi ils croient. Quel dommage qu’ils oublient leur fonction première : l’écoute ; sans doute le mal aurait pu être un peu moindre sur certains points. 

Joseph Boyden sait à merveille nous raconter tout cela. Merci à des auteurs comme lui qui on sut retrouver leurs racines afin de mieux nous les faire comprendre.


La belle critique de Martine Laval (Télérama ; et moi qui pensais ne jamais être d’accord avec ce magazine) à qui j’aurais aimé volé tous les mots et même la citation de l’ouvrage qu’elle donne 🙂

InColdBlog qui m’a permis de découvrir cet auteur – Merci !!! –

Magie de pacotille / Kelley Armstrong

22 lundi Mar 2010

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https://i0.wp.com/www.decitre.fr/gi/13/9782352942313FS.gifMagie de pacotille / Kelley Armstrong. Traduit de l’anglais (Canada) par Mélanie Fazi. Bragelonne, 2008 (L’Ombre), 421 pages. 3,5*
Paige Winterbourne est une sorcière. Ça ne se remarque pas tant que ça: elle n’a ni verrues ni la peau verte, et elle ne remue pas le nez quand elle jette des sorts. Non, la plupart du temps, elle n’est qu’une jeune femme normale de vingt-trois ans: elle travaille trop, s’inquiète de son poids, se demande si elle trouvera jamais un petit ami.
Bon, d’accord, Savannah, l’adolescente qu’elle a adoptée, veut ressusciter sa mère adepte de magie noire… (ne pas lire, c’est en grande partie erronnée ; vous comprendrez après lecture) et elle est poursuivie par une semi-démone douée de télékinésie et une cabale de mages très puissants. Mais à part ça, Paige mène une vie tout à fait ordinaire. Enfin, jusqu’à ce que ses voisins découvrent sa vraie nature et ,que l’enfer se déchaîne. Littéralement.

Un opus dans lequel, si j’en crois ma lecture et ma révision de billets passés qui viennent la confirmer, se poursuit l’histoire de protagonistes rencontrés dans « Capture » du même auteur. Quelqu’un qui comme moi n’a pas lu cette « suite » à « Morsure » peut sans aucun soucis lire cet épisode qui nous plonge dans le monde des sorcières et des mages (contre une meute et une femme loup-garou seule specimen de son espèce héroïne dans les deux volumes précédents).
Se pose le problème des responsabilités pour notre nouveau personnage principal, Paige, qui, à l’image de l’adolescente dont elle a désormais la garde, Savannah, a perdu sa mère, mentor, et surtout Chef de Convent à qui elle a succédé, ce qui provoque quelques frictions avec les Ainées dont la manière de penser est assez éloignée de la sienne : un souffle de renouveau, bien mal accueilli, tout comme les décisions qu’elle prend à l’égard de Savannah, personnage prometteur et adolescente quasi incontrôlable toute à sa douleur récente et en rebellion naturelle et sorcièrement parlant !
Les ennuis s’accumulent pour Paige grâce à une semi-démone, et des Cabales de mages qui souhaitent pour l’une récupérer une sorcière fort prometteuse et pour l’autre lui permettra de rencontrer un fils de, rebelle et beau gosse dans le style propre sur lui.
A mon goût, l’ensemble est très sympathique mais pas aussi enlevé que « Morsure« . Il manque un certain tonus à l’ensemble qui range cet opus dans un rang plus adolescent que les autres volumes (moins de scènes de galipettes me soufflent une certaine K. (et peut-être ses comparses F. & C.)).
Néanmoins un moment de lecture plaisant grâce auquel vous saurez tout (ou presque) sur le monde des sorcières, des mages & co.

Morsure / Kelley Armstrong

04 jeudi Fév 2010

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La blogosphère ayant abondemment parlé de ce livre, je ne me suis pas pressée de le découvrir, même si, pour Stéphanie & Fashion, c’était évident j’allais forcément adhérer à ce roman. Fashion avait encore des étoiles dans les yeux tout en évoquant  Clayton lol lorsque je lui ai dit que j’avais franchi ce pas de lecture –  vous me direz qu’elle s’enflamme avec une telle passion que cela ne vous étonne pas –
J’avoue que les filles m’avaient tellement fait l’article que je me demandais bien ce que j’allais pouvoir dénicher dans ce bouquin, ayant, comme il se doit, totalement oublié les billets, si ce n’est que qu’ils étaient enthousiastes et que certaines les glissaient dans des colis, enveloppes, etc….

Les premières pages furent une bonne surprise pour l’adepte des différentes sagas liées aux garous, vampires & co que je suis…
Une écriture et du vocabulaire plus riche qui nous change de la saga qui m’avait ramené à la période midinette, une meute et une femme ayant une place assez importante qui vous rappellent la série de Patricia Briggs (c’est quand la suite de la traduction en français ???),. Bref de quoi se mettre en tête que le genre s’est enrichi ces dernières années avec un public d’aficionados. Alors quoi de neuf, me direz-vous ?
Et bien c’est résolument à un public adulte que Kelley Armstrong s’adresse : les scènes de sexe sont autre chose que la pseudo nuit de noces de vampires bien connus, celles de meurtres sont dignes de certains thrillers avec tueurs en série, et l’histoire si elle nous parait « évidente » n’est le fait que de notre passion du genre. Bien entendu, finement, l’auteur a introduit moult détails originaux : elle s’intéresse davantage à son héroïne, Elena, partagée entre sa vie de loup-garou et l’idéal de vie de madame tout le monde. Orpheline dont le parcours est loin d’une enfance idyllique qu’on lui prêterait lorsqu’elle aborde sa facette de gentille jeune femme épanouie, carrière, reconnaissance professionnelle et compagnon formidable d’écoute et de gentillesse.
Mais comme tout un chacun elle a un côté beaucoup moins lisse, et là, franchement débordant du fait de sa seconde nature, de son ancien amant Clayton qui joue un rôle d’aimant pour elle.
En replongeant Elena au sein de la meute qu’elle a voulu fuir, l’auteur en profite pour nous narrer comment elle est devenue loup-garou, pour décrire et expliquer son passé et histoire ainsi que ceux des personnages qui gravitent dans ce roman.
Alternant ces épisodes et ceux du présent, K. Armstrong sait nous tenir en haleine, faisant se succéder scènes de drame, et d’autres plus introspectives ou plus heureuses. Elle joue avec bonheur sur les relations contrastées des deux protagonistes et sur l’humour de leurs propos. La suite… dès que j’ai 2 minutes :).

https://i0.wp.com/www.decitre.fr/gi/45/9782352940845FS.gifMorsure / Kelley Armstrong. Traduit de l’anglais (Canada) par Mélanie Fazi. Bragelonne, 2007 (L’ombre de Bragelonne). 430 pages. 4*
Un voyage excitant à la frontière de la sauvagerie et de la féminité.
Elena se coule hors de son lit, prenant bien soin de ne pas réveiller son compagnon. Il ne supporte pas qu’elle disparaisse comme ça au beau milieu de la nuit. Quelle femme normale pourrait avoir tant besoin de retrouver la solitude des rues sombres et mal famées de la ville ? L’énergie contenue déchire ses muscles – elle ne peut plus attendre. Elle se glisse dans une ruelle, ôte ses vêtements et se prépare à la Mutation…
Elena fait tout ce qu’elle peut pour être normale. Elle hait sa force, sa sauvagerie, sa faim, son désir, ses instincts de chasseuse et de tueuse. Elle aimerait avoir un mari, des enfants… et même une belle-mère. En tout cas, c’est ce qu’elle voudrait croire. Et voilà que la Meute a besoin d’elle. Cette Meute qu’elle chérit et déteste tout à la fois est la cible d’une bande de déviants sans pitié. Ils mettent l’existence de la Meute en danger, enfreignant les lois du clan.
La loyauté du sang ne se discute pas. Et au cours de son combat, Elena découvrira sa vraie nature… Découvrez l’imagination stupéfiante de la nouvelle reine du frisson !

Le chemin des âmes / Joseph Boyden

10 jeudi Sep 2009

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Un très grand merci tout d’abord à In Cold Blog !
(je sais que je vais avoir une remarque, mais tant pis) grâce à qui j’ai découvert ce livre et qui m’a signalée la présence de Joseph Boyden au Centre culturel canadien mardi dernier.

Lorsqu’Incoldblog me parle de cet auteur : gros blanc !!! Je me renseigne un peu car je dois aller rendre une petite visite à la librairie où travaille Emeraude pour d’autres emplettes.
4ème de couverture du « Chemin des âmes » : « Ce n’est pas un livre pour moi ! Cela parle de la 1ère Guerre mondiale, non vraiment. Et si je me laisais tenter par ses nouvelles « Là-haut vers le nord« , cela m’inspire davantage. Pas sortie en poche, et comme je ne connais pas et que je ne vais pas prendre le temps de le feuilleter, trop occupée à papoter un peu 😀 ».
Bref je suis repartie avec le premier roman de Joseph Boyden ! Que vous dire ?

J’ouvre ce livre dimanche soir, après un week-end trèèèès fatiguant, et, en dépit de mes craintes, je ne parviens plus à m’en arracher alors que je sais qu’il me faut dormir.
La plume est là : des phrases courtes, mais si expressives. La nature est décrite avec une justesse que l’on pourrait croire qu’un film* se déroule devant vos yeux. Je suis conquise.
Bien entendu tout n’est pas idyllique dans ce roman, car là n’est pas le but ;  les scènes de combat, les sniper, les assauts tout est retranscrit avec un grand sens du détail, mais cela reste du réalisme sans volonté d’écoeurement. L’auteur a souhaité rendre hommage aux amérindiens qui sont venus combattre durant la Première Guerre Mondiale, et comme le dit un ami de Nishka, quelque soit leurs exploits, une fois de retour au pays, ils ne seront que des indiens comme les autres, ne tirant aucune gloire de leur courage. [Francis Pegahmagabow fut un de ces hommes, comme le rappelle l’auteur dans ses remerciements]
A travers l’errance de Xavier, ombre de lui-même sous la dépendance de la morphine, qui revit pour nous les épisodes vécus en France, et les événements de sa vie que lui raconte Niska afin de le rappeler à la Vie, on découvre la souffrance de ces amérindiens ; un combat qui commence dès le quotidien, mais qui n’empêche pas l’espoir d’être toujours présent.
J. Boyden nous rappelle la tentative d’acculturation vécue dès l’enfance, qui se traduit pour tous ceux qui résistent par l’isolement, la marginalisation.
 « (…) Encore une fois, Neveu, tu dois comprendre qu’en ce monde de peine, il faut les saisir à pleines mains, ces rares moments de bonheur qui nous sont concédés (…)  » – Nishka, p. 213

« (…) Mais surtout, je dirai aux anciens comment, après un bombardement, la vie reprend son cours ordinaire, presque aussitôt, comment l’esprit ne tolère pas qu’on s’attarde sur l’horreur de la mort violente (…)  » – Xavier, p.114*²

Que ce soit dans cette guerre de tranchées incompréhensible aux yeux des hommes qui bataillent pour une colline, une tranchée prise à l’ennemie etc… ou dans la volonté de détruire des hommes de culture et de vision différente, la volonté reste la même : une Guerre physique ou psychologique d’où bien peu vont réussir à sortir. Alors qu’Elijah semblait avoir remporté la bataille dans son pays, cet affrontement dans une terre inconnue le mène vers une folie autre mais qui l’empêchera de revenir dans sa patrie. Quasi orphelin, lui et Xavier sont frères, s’épaulent depuis l’enfance, mais en dépit de cette solidarité, il ira chercher trop loin « son bonheur » pour parvenir à revenir.

« (…) Je ramasse un bâton pour tisonner le feu ; je contemple la rivière qui passe devant nous, cette rivière qui nous emporte toujours plus loin dans les bois. Aujourd’hui encore, je reconnais à peine les lieux. Je tâche d’écarter cette pensée, la peur d’arriver là où nous n’étions jamais allés, mais elle continue de me tourmenter, comme un sale gosse qui nous lancerait des pierres depuis la rive (…) » – Nishka, p. 272

Au cours de la soirée de présentation de son nouveau roman « Les saisons de la solitude « , j’ai appris que ce livre était en fait le second volume d’une trilogie voulue par J. Boyden, qui souhaite néanmoins permettre à tout lecteur de lire indépendamment chacun des titres.
Pourquoi une trilogie alors me direz-vous ? Car on y retrouve les descendants de Nishka et Xavier et la notion de la solidarité familiale, la quête de l’amour au sens large, ainsi que les thèmes de l’isolement, la marginalisation, la perte de la culture, mais également que l’on sort plus fort de ses échecs (cf
*² supra).
Papillon a été conquise par ce second volet. Après avoir écouter l’auteur j »étais déjà tentée, mais les échos lus ici et là ne font qu’aggraver mon cas :s
cf * : Parlant toujours de son nouvel opus, J. Boyden a raconté qu’il voyait les scènes se déroulant à Toronto et New-York comme un film.

Le chemin des âmes / Joseph Boyden. Traduit de l’anglais (Canada) par Hugues Leroy. Albin Michel, Le Livre de Poche, 2008 . 471 pages
1919.
Nord de l’Ontario. Niska, une vieille Indienne, attend sur un quai de gare le retour d’Elijah, un soldat qui a survécu à la guerre. A sa grande surprise, l’homme qui descend du train est son neveu Xavier qu’elle croyait mort, ou plutôt son ombre, méconnaissable. Pendant trois jours, à bord du canoë qui les ramène chez eux, et tandis que sa tante essaie de le maintenir en vie, Xavier revit les heures sombres de son passé : l’engagement dans l’armée canadienne avec Elijah, son meilleur ami, et l’enfer des champs de bataille en France…

De Niro’s game – Vie ordinaire au Liban dans les années 80

12 dimanche Oct 2008

Posted by uncoindeblog in Traduit de l'anglais (Canada)

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De Niro’s game / Rawi Hage. Traduit de l’anglais (Canada) par Sophie Voillot. Denoël et d’ailleurs, 2008. 262 pages
À Beyrouth-Ouest, Bassam et Georges, deux amis d’enfance, tuent leur ennui et leur mal de vivre à coups de petits boulots minables, de maigres larcins et de soirées trop arrosées. Les jours se suivent et avec eux les alertes, les morts, les immeubles en ruine. Les filles sont difficilement accessibles, muselées par les traditions et les couvre-feux. Entre deux visites aux copains de lycée engagés dans la milice, les deux jeunes gens s’imaginent coulant des jours meilleurs : Bassam rêve de fuir à l’étranger, et Georges, lui, se sent de plus en plus attiré par les discours belliqueux de la milice chrétienne.
Dans un ultime défi, les deux amis décident de détourner la recette de la salle de jeu où Georges travaille. Mais l’argent seul suffira-t-il à les éloigner de la guerre et à sauver leur amitié ? Porté par une écriture sans concessions, le premier roman de Rawi Hage annonce, au-delà de la puissance du récit, l’avènement d’un grand écrivain.

Très honnêtement, je suis très partagée en ce qui concerne ce livre. Le mois dernier, les avis pleuvaient et leur lecture transversale m’avaient fait entendre que les avis étaient très positifs. Je viens d’y revenir et prends conscience que, fort heureusement, le ressenti de tous n’est pas unanime et que même ceux qui l’ont aimé apportent parfois des nuances dans lesquelles je me retrouve – Ouf ! –
Je trouve très courageux de la part de l’auteur de nous faire partager le quotidien des libanais, même s’il ne s’agit que de quelques mois et que nous n’avons pas toutes les clés pour répondrent à nos questions. Là n’est pas le but ! Il ne s’agit en aucun cas d’un documentaire, mais il m’a permis de me remémorer ces titres des 20H00 des années 80 et d’une guerre dont je ne parvenais pas à comprendre grand chose ! Et c’est malheureusement, aujourd’hui encore, le cas. Certains comme moi se souviennent, tous sans doute avons-nous entendu parler de cette guerre ou du massacre de Sabra et Chatila, sans parvenir à savoir pourquoi. Je vous laisse aller lire cette page, afin de revenir au coeur de l’ouvrage.
En effet, Beyrouth, ses bombardements et sa vie quotidienne sont au coeur de la vie de nos deux personnages principaux : Georges et Bassam. Ils sont amis, jeunes et cherchent en dépit de tout à vivre comme tous les autres adolescents, une certaine « fureur de vivre » liée à l’influence des films américains de ces années dont se sert Rawi Hage avec finesse mais également avec la brutalité ordinaire de ces films qui nous laissent mal à l’aise, mais qui sont sans conséquences pour nous, assis dans notre fauteuil. Pour ces jeunes tout est différent car il s’agit du quotidien : les fous de guerre sont là, l’alcool, la drogue, les anarques et la mort au coin de la rue ou directement chez soi lorsque les bombes explosent à votre domicile, le dévastant et tuant un à un ses habitants. Comment réagir ? Quel espoir peut-il vous rester lorsque votre quotidien, vos amours et vos pas sont accompagnés de violence, que vous ne vous déplacez plus sans une arme à feu ?
C’est une spirale sans fin que l’auteur nous rappelle via ces mots : « Les bombes pleuvaient et moi (…) . Dix milles bombres s’étaient abatues sur Beyrouth, cette ville surpeuplée, et moi (…) Comme un refrain, cette phrase revient, se transforme, mais pour mieux nous faire sentir la sensation de puits sans fin, l’inexorable, le tourbillon de la vie, du quotidien …
Autant j’ai trouvé certains passages excessivement forts et beaux, autant je me suis perdue parfois dans le cheminement des personnages : la vision de Bassam de Paris au travers de ses souvenirs de cours d’histoire m’a particulièrement génée, par exemple (dernière partie de l’ouvrage d’où ce souvenir plus frais alors qu’il n’est qu’anecdotique).
Oui les scènes de violence sont difficiles, insupportables, mais je crains que cela ne soit qu’une toute petite facette de la vie vécue par les libanais – et d’autres villes ou pays devant souffrir de guerre civile ou d’invasion –
Ce roman n’est certainement pas simple à appréhender pour toutes ces raisons mais il n’en reste pas moins un livre intéressant et un auteur aux mots justes. Je susi très curieuse la suite de ces écrits, car je vous le rappelle, il s’agit là d’un premier roman.

Merci à Violaine  de Chez les filles et aux éditions Denoël

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