La quête du bleu divin / Sylvain Treperman. La Grande Ourse, 2015. 366 pages
Chartres, capitale de la lumière. Au début des années 1970, Raoul, jeune étudiant, découvre dans une chapelle un vitrail dont la lueur bleutée sert à apaiser la folie des hommes. Déjà, trente ans plus tôt, sous l’occupation allemande, un haut officier nazi, professeur d’histoire médiévale, avait décidé, après la lecture d’un vieux manuscrit, de partir à la recherche de ce même vitrail fabuleux. Mais cette quête avait réellement débuté au Moyen Âge, avec la tentative d’un maître-verrier juif de contacter l’Eternel par le biais d’une clarté merveilleuse émise par un vitrail de sa fabrication.
Trois époques, trois destins, une même quête : celle du bleu divin, qui selon la tradition avait le pouvoir d’insuffler la grâce suprême aux âmes les plus pures. Au centre de ce roman historique se dresse la cathédrale de Chartres et ses fabuleux vitraux.
Chartres, sa cathédrale et ses vitraux. Le tout agrémenté d’une quête, cet ouvrage avait tout pour me plaire. Et pourtant je ne suis pas sortie aussi enchantée que je l’avais imaginé par ma lecture.
En premier lieu sans doute parce que Raoul, 1ère et ultime rencontre dans cette histoire n’est pas, à mes yeux, un personnage attachant contrairement à Osée qui ouvre chronologiquement cette trilogie. Tout de suite, j’ai aimé ce « pèlerin », je me suis attachée à son histoire personnelle, aux rebondissements de son existence comme de son quotidien autour de la cathédrale. L’histoire commençait bien, manière de parler au vu des événements tragiques qui avaient accompagné jusque-là la vie d’Osée, l’obligeant à masquer sa religion. En se trahissant, il allait se réfugier chez les seuls représentants de sa confession et entendre les événements qui les avaient menés dans ce royaume. Parallèlement Osée, comme le lecteur allait découvrir l’objet de la quête de tous : un vitrail divin ; son histoire et ses révélations.
Raoul pourrait lui ressembler par bien des côtés, ne serait-ce que par son statut d’itinérant. Mais si l’histoire d’Osée avait du sens, je n’ai pas saisi celle de Raoul. Je suis sans doute une nouvelle fois bien naïve, ignorante de la manière de penser des années 70, mais le plonger dans une ambiance aussi antisémite (oui nous sommes sur une route de pèlerinages, néanmoins…) en voulant montrer les similitudes entre ces 2 protagonistes qui ouvrent et clos ce roman, le fait basculer bien près des clichés. Enfin, son attitude générale ne me l’a rendu ni sympathique, ni réellement intéressant. Bref cet ultime portrait m’a fait perdre la dernière accroche de cette histoire. En voulant créer un triptyque avec 2 parties aussi semblables, Sylvain Treperman ne m’a pas donné la vision / l’écho qu’il m’a semblé vouloir transmettre.
Entre ces deux hommes, la 2nde Guerre Mondiale, la Shoah et toujours la recherche de ce vitrail qui suscite chez les nazis une quête sans faille dans la volonté de leur chef de s’approprier tout symbole de pouvoir ou pouvant avoir une connotation de puissance, assimilé à un Dieu quel qu’il soit. C’est une partie que j’ai trouvé à la fois fascinante, l’art de jouer sur cet aspect connu de la personnalité d’Hitler par Sylvain Treperman pour écrire la partie centrale de son roman, nous narrer la quête et la cache du bleu entre le XIIème et le XXème siècle qui envoûte et détruit et, un sentiment de malaise tant les allemands sont grossiers et meurtriers ; bien entendu le personnage de von Leer est un SS, mais la caricature ne semble jamais très loin. A l’opposé, tout au long de l’histoire, le peuple juif est montré en exemple. Sans contester les faits historiques, je ne peux m’empêcher de penser que cela nuit à l’histoire elle-même.
Vous l’aurez compris, ce sont les personnages eux-mêmes qui n’ont pas réussi à me convaincre totalement dans cette histoire. Et, j’ai beau aimé la fantasy, la redondance de l’histoire : la jeune femme simple, mère d’un enfant m’a laissé dubitative.
Merci aux Editions La Grande Ourse pour cette proposition de lecture.