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Valentine Goby - Un paquebot dans les arbres.

Un paquebot dans les arbres / Valentine Goby. Actes Sud, 2016. 267 pages

À la fin des années 1950, Mathilde, adolescente, voit partir son père puis sa mère pour le sanatorium d’Aincourt. Commerçants, ils tenaient le café de La Roche-Guyon. Doué pour le bonheur mais totalement imprévoyant, ce couple aimant laisse alors ses deux plus jeunes enfants dans la misère. Car à l’aube des années 1960, la Sécurité sociale ne protège que les salariés et la pénicilline ne fait pas de miracle pour ceux qui, par insouciance, méconnaissance ou dénuement ne sont pas soignés à temps.
Petite mère courage, Mathilde va se battre pour sortir ceux qu’elle aime du sanatorium, ce grand paquebot blanc niché dans les arbres, où se reposent et s’aiment ceux que l’enfance ne peut tolérer autrement qu’invincibles.

Son roman Kinderzimmer m’avait enchanté et, cet opus me faisait de l’oeil. Une nouvelle fois je me suis laissée emporter par ma lecture même si le contexte et l’histoire sont différentes. J’ai découvert à la fin de ce roman que Valentine Goby était partie d’un témoignage – honnêtement je ne m’en étais pas rendu compte, tant elle exprime avec force et personnalité l’univers et la vie de Mathilde qui va se saigner dans tous les sens du terme afin de retrouver l’unité familiale, de faire connaître à son petit frère cet univers, ces joies partagées. Bien entendu il y a aussi l’espoir d’attirer encore et toujours le regard du père, Paulot, comme elle le faisait avant… par ses extravagances, par sa disponibilité déjà…

Mathilde qui chercher à porter sur ses épaules son univers. Une charge bien trop lourde mais que ses parents occupés à ses soigner et à se retrouver et surtout à ne pas l’entendre se plaindre, ne voit pas. Que sa soeur ainée ignore car plongée dans sa propre existence. Quant au petit frère, il ne connaît rien d’autre. Mais ce roman nous parle avant tout de la maladie, des trente Glorieuses et de la vision de la population à l’égard de la tuberculose. De ces lieux dédiés aux malades, d’une certaine forme d’abandon non pas des malades eux-mêmes mais à l’égard de leurs familles. Parallèlement c’est la Sécurité Sociale, les nouveaux médicaments qui sont notamment évoqués dans cette narration. Et j’ai particulièrement apprécié les informations sur la Guerre d’Algérie et les conséquences en France. Ces données nous sont distillées via la lecture des journaux par Mathilde qui s’ouvre au Monde grâce à eux, mais j’ai, grâce à ces faits d’époque appris des éléments que j’ignorais.

Si de rares passages m’ont semblé un peu long, si j’ai parfois trouvé difficile cet abandon de Mathilde, si débrouillarde soit-elle, j’ai beaucoup apprécié ce roman et son riche contenu.

Le billet de Karine:)