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https://www.quebec-amerique.com/images/livres/1090/1090-240x.jpgAu bout de l’exil. 1. La grande illusion. 2. Les méandres du destin. 3. L’insoutenable vérité / Micheline Duff. Nomades, 2009-2010. 354 + 356 + 360 pages.

2 septembre 1880. Joseph Laurin se recueille une dernière fois devant la dépouille de sa femme exposée dans le salon de leur maison. Quelques heures plus tard, après avoir mis le feu à la demeure, il disparaît dans la nuit, avec ses trois fillettes endormies dans la charrette, pour ne plus jamais revenir au Saguenay. Cette fuite vers les Etats-Unis lui apportera-t-elle le bonheur espéré ?

Je ne suis jamais fermée aux romans de terroir et l’occasion de découvrir une série québécoise me fut donnée après une rencontre avec Jules. Ce sont les couvertures qui avaient attirées mon attention et elle s’est fait une joie de répondre à ma curiosité. 3 volumes dont le contenu est assez inégale : certaines longueurs, une fin sans aucune surprise (même ma maman qui les a lu avant moi lorsqu’elle a joué les gardes malades avait deviné la chute attendue).

L’intérêt, pour les français que nous sommes, fut de découvrir l’exode des québécois à la fin du XIXème siècle en quête d’un eldorado : la promesse d’un travail dans des conditions climatiques plus faciles, en usine et donc de l’argent rapide avant de revenir au pays. Tout cet environnement est fort bien décrit : les espoirs confrontés à des conditions de travail dignes de celles décrites par Dickens, l’exploitation des plus jeunes, le manque de sécurité etc, le tout pour un salaire de misère, les québécois étant les moins considérés du fait de leur langue. A l’image de toutes les populations venues chercher du travail à l’étranger, leur vie fut bien souvent misérable mais c’est surtout les insultes et la vision des américains et irlandais unis par une même langue (à défaut de leur religion) qui m’a le plus interpellé. Non contents d’être considéré à la fange de la société, les prêtres québécois ont dû se battre pour obtenir que l’on utilise la langue française dans la gestion de la communauté. C’est bien entendu via les 3 filles Laurin que nous pouvons découvrir tout cela.

Micheline Duff mène une vie bien difficile à ces 3 enfants dont nous découvrirons dans le dernier volume la folie du père – et non je ne dévoile rien car le lecteur aura eu le temps rapidement de se faire à cette idée à travers les mésaventures de cette famille-, les racontars de certains membres de la famille.

L’auteur nous fait vivre dans cette trilogie 30 ans d’existence de ces fillettes devenues adultes, leur faisant traverser l’univers des québécois installés aux Etats-unis, le choix d’abandonner sa langue, de la conserver mais également le poids de la religion. Chacune au fil de sa plume émettra la volonté plus ou moins forte de rentrer au pays, mais les rebondissements de leurs existences engendreront des décisions diverses.

Ainsi que mentionné, bon nombre d’épisodes sont marquants et historiquement intéressants. Néanmoins, le dernier volume et la chute choisie si elle s’explique m’a laissée de marbre tant elle me semblait évidente depuis un long moment. De plus  à force d’obstacles, de force morale de la part de ses jouvencelles, la broderie effectuée par l’auteur m’a laissée indifférente dans cette conclusion.