La déchéance de Mrs Robinson : Jounral intime d’une dame de l’époque victorienne  / Kate Summerscale. Traduit de l’anglais par Eric Chédaille. Christian Bourgeois Editeur, 2013. 305 pages

En 1844, Isabella Walker épouse en secondes noces l’ingénieur Henry Robinson avec qui elle s’installe à Édimbourg. En 1850, elle rencontre Edward Lane, brillant étudiant en médecine. De dix ans son cadet, il est marié à la fille de Lady Drysdale, qui tient un salon où elle reçoit les intellectuels de l’époque. Au fil du temps, ils nouent une correspondance. Isabella s’éprend de lui et rend compte de cette passion dans son journal intime.
Nul ne connaît la réelle teneur de leur relation, mais lorsque Henry découvre ces écrits, en 1855, il décide d’engager une procédure de divorce. S’ensuit un procès houleux devant la cour des Divorces, tribunal laïc créé quelques mois plus tôt. Dans la société victorienne régie par les hommes, la question de l’adultère féminin suscite en effet émotions et préjugés. À partir d’archives judiciaires et d’articles de presse, Kate Summerscale traite son sujet comme une véritable histoire policière, ménageant le suspense avec art.

Ce livre me faisant de l’oeil depuis un bon moment, mais j’ai été un tantinet déçue par sa rédaction. En effet, j’attendais une histoire romancée et il s’agit avant tout d’un roman documentaire. Nonobstant ce fait, je ne peux pas dire que les points soulevés par Kate Summerscale ne sont pas intéressants, mais cela m’a demandé davantage d’attention de lecture, particulièrement dans la première partie.

Le sujet est néanmoins fort intéressant pour un lecteur du XXIème puisque de nombreux faits sur la condition de la femme sous l’ère victorienne sont rappelés et notamment d’un point de vue médical et surtout de la justice. Mieux vaut certainement pas mettre cet ouvrage sous les yeux d’une féministe pure qui, oubliant la période concernée, devrait hurler et détruire ce livre qui nous apprend que la femme n’a, non seulement aucun droit par rapport à son mari, mais dans le cadre d’un divorce, hommes et femmes sont traités de manière radicalement différente. En dépit de l’évolution des lois sur les divorces, dont Henri Robinson va essayer d’user et abuser afin de refaire sa vie, de tirer profit de sa femme et de son amant potentiel,  les femmes restent perçues comme des êtres bien minoritaires et leurs écrits (comme leurs droits d’auteur lorsqu’elles sont publiées) restent la propriété de leur époux. Dans le cas qui nous concerne, Mrs Robinson tenait des journaux intimes que son mari va choisir d’exhiber et d’utiliser pour son divorce. Et oui, des écrits personnels peuvent servir (pas si loin des preuves par SMS si l’on réfléchit bien) + un seul témoignage d’un membre du personnel de maison pour que la Cour prononce les torts de la femme qui se voit destituer de son statut, de ses enfants et de ses biens personnels.

Mais avant d’arriver à ce procès, à cette partie consacrée aux écrits, témoignages et étendue de la médecine, vous lirez (entre les lignes), le quotidien de Mrs Robinson dont le statut et la vie, en dépit de ses rencontres intellectuels, n’est guère affriolant. Bien entendu, vous n’aurez que son interprétation du quotidien, l’auteur s’appuyant sur ses écrits (journaux, lettres…), mais cela reste néanmoins un témoignage qui me confirme que mon existence n’est pas si terne, ni si négative.

A lire donc pour en apprendre davantage pour la seconde partie consacrée au procès et aux évolutions du divorce dans les années 1857-1859.

 

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