https://i0.wp.com/static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/2/2/1/0/9782221081747FS.gifLa Trilogie de Barrytown : The snapper, The van / Roddy Doyle. Traduit de l’anglais (Irlande) par Bernard Cohen  et par Isabelle Py Balibar. Robert Laffont, 1996 (Pavillons). 248 + 344 pages. 3,5*

L’ennemi contre lequel Sharon devait se battre, c’était le sens de l’humour de Barrytown. Elle n’arrêtait pas de dire que le père était un marin espagnol et ils voulaient bien la croire, mais chaque fois qu’ils imaginaient Mr Burgess avec le froc baissé, ils oubliaient le navigateur espagnol. Il y a enfin de quoi rire à Barrytown : Sharon, la fille Rabbitte, attend un enfant et refuse de révéler le nom du père. Les suppositions vont bon train. La plus drôle : prétendre qu’il s’agit de George Burgess, père de famille, pas de première jeunesse et totalement dépourvu de charme. Trois comédies composent LA TRILOGIE DE BARRYTOWN. Elles mettent en scène les membres de la famille Rabbitte dans un quartier ouvrier des faubourgs de Dublin : Barrytown. The Commitments a été adapté au cinéma par Alan Parker, The Snapper et The Van par Stephen Frears.

 

Il y a quelques années je découvrais Roddy Doyle grâce à l’adaption au cinéma de « The snapper ». En déambulant dans les allées d’une librairie, j’étais décidé à le lire mais avais pris deux autres titres ce jour là.

Dernièrement l’envie était là et je n’ai pu m’empêcher de prendre les deux derniers volumes de cette Trilogie de Barrytown.


Le propre de l’écriture de Roddy Doyle est d »écrire des dialogues, pas de description longuette, vous êtes au coeur de l’action. D’où la sensation de retrouver le film car la transposition semble plus aisée car nul besoin d’essayer de rendre l’imagination de l’auteur mais de donner vie aux dialogues.

Et il faut avouer que ces dialogues, parfois, ne sont pas piqués des hannetons, très vivants, du fait de cette grande famille et de leurs amis. Nous les suivons tous mais plus particulièrement Jimmy Sr, le père de cette tribu et son ainée, Sharon a qui ce volume est consacré. Car Sharon est enceinte. Et si la famille Rabitte n’en fait pas un drame, la question qui demeure est qui est le père ? La question perturbe un peu l’équilibre mais n’empêche nullement le père et la fille de retrouver leur bande au pub du coin à se moquer les uns des autres, à s’entraider en tournant en dérision les problèmes qu’ils rencontrent. Une tranche de vie drôle et attachante avec des dialogues parfois mordants.

Alors oui on peut trouver le tout un peu trop stéréotypé, mais peu importe puisque la joie de vivre, les portes qui claquent et les éclats de voix permettent au lecteur de tomber sous le charme de cette famille attachante et dont l’humanité n’est pas en reste.

Un ensemble d’élements que l’on retouve dans « The Van ». C’est Jimmy Sr qui est au centre de ce roman. Il est au chômage et ne sais plus très bien comment sa vie doit se dérouler puisque s’il continue de se lever comme avant, ces journées lui semblent bien vides et l’absence d’argent se fait sentir au quotidien, pas seulement au moment de Noël. Parallèlement, ses enfants ont grandi et sont plus indépendants. Quant à Véronica elle a décidé de reprendre des études en cours du soir. Heureusement sa petite fille est là pour l’accaparer un peu même si tout cela ne suffit pas à remplir le vide créé par la perte de son emploi.

Mais son copain Bimbo perd à son tour son emploi. Jimmy revit en aidant son ami à remplir ses journées, en se sentant moins seul dans sa vision de ne plus avoir sa place dans leur micro société. Mais tout cela ne peut pas durer….

Paradoxalement c’est Bimbo, le crédule, qui va réagir le plus rapidement. Dans sa volonté de retrouver un travail, il va créer sa propre activité entraînant son meilleur ami dans ce nouveau challenge.

Alors bien entendu, tout ne sera pas rose et sans la femme de Bimbo, les problèmes administratifs comme l’approvisionnement et la comptabilité ne seraient pas une réussite, mais la petite affaire semble démarrer.

Les épouses, la jalousie, l’amitié, les bons mots et la famille sont une nouvelle fois au rendez-vous de cet opus de Roddy Doyle, toujours plus proche de nous, avec cette remise ne question des hommes  qui perdent leur travail, perdant leur raison d’être, leur fierté et leurs difficultés à  rebondir.  Du fait de son actualité, et de la sensibilité qui se cachent dans tous les personnages, c’est peut être le volume que j’ai préféré dans cette trilogie.