https://i0.wp.com/static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/165x250/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/2/2/1/1/9782221115701FS.gifPaula Spencer / Roddy Doyle. Traduit de l’anglais (Irlande) par Isabelle D. Philippe. Robert Laffont, 2012 (Pavillons). 302 pages. 4*

A Dublin, le boom économique des années 2000 efface peu à peu les traces de la pauvreté. Dans sa petite maison, où vivent encore ses deux enfants, Leanne et Jack, Paula livre sa guerre personnelle à son propre passé. Elle vient de fêter ses quarante-huit ans et a décidé que ça suffisait : elle ne laisserait plus l’alcool détruire sa vie. Depuis quatre mois et cinq jours -précisément-, elle ruse avec ce tueur à la fois séduisant et repoussant. Déployant mille stratégies pour l’abattre, elle mène une guérilla de tous les instants. Fascinés par son courage, enchantés pas son piquant, nous partons avec elle à la reconquête du bonheur.

 

Après nous avoir conté les coups, la chute vers l’alcool et sa dépendance dans La femme qui se cognait dans les portes, Roddy Doyle revient à l’existence de Paula quelques années plus tard.

Dix années ont passé. Son plus jeune fils approche de la majorité et est encore lycéen. Souvent elle voudrait le prendre dans ses bras, mais il n’est plus le bambin qui cherchait sa tendresse qu’elle noyait dans l’alcool. Pour Jack comme pour Leanne, sa fille qui vit encore sous son toit, ou pour Nicola et John Paul qui ont construit leur vie, cette mère reste celle qui cachait ses bouteilles, s’écroulait dans le canapé…

Et même si les jours s’écoulent depuis la dernière goutte bue, la tentation n’est jamais loin et le regard de Jack, si taciturne, reste une souffrance pour Paula.

Ce roman n’est pas seulement un compte rendu du manque par rapport au sevrage qu’elle s’impose, mais également un regard sur Paula par elle-même sur ses erreurs passés, la perte de confiance de ses enfants, de sa famille qui reste le pivot de son existence. On découvre que c’est l’annonce de la future maternité de Nicola qui lui a permis de décrocher une première fois. Fière de de ses petites filles, elle a retenté de décrocher afin que, contrairement à ses enfants, ses petits-enfants n’aient pas l’image de la femme saoule. Ne fut-elle pas aidé dans sa démarche par l’exemple de John Paul qui semble avoir vaincu ses propres démons et cherche maladroitement à se rapprocher de sa mère ? 

Les liens familiaux restent la constante des romans de Roddy Doyle.

Des petits riens qui font qu’elle essaie d’approcher ses enfants qu’elle a perdu en raison de la violence de leur père, de son alcoolisme, de leurs propres démons. Et alors que, vaille que vaille tout pourrait aller mieux, Paula se voit en miroir dans le comportement de Leanne qui plonge dans ces mélanges alcoolisés qu’elle connait si bien. A travers de simples gestes du quotidien, elle cherche à aider sa fille car les reproches qu’elle peut se faire ne change rien au fait qu’elle doit tendre la main à Leanne, lui montrer que la vie peut avoir un sens. Sa fille était friande de soupe, de lentilles ? Elle se remet à cuisiner pour elle, pour l’aider à retrouver le goût des aliments, qu’elle même redécouvre progressivement.

Fort heureusement, même si l’époque a changé, si l’Irlande est devenue un petit dragon et voit l’immigration grandir, la famille reste l’unité centrale et les coups du sort : cancer, alcoolisme, augmentation des loyers ne sont que des obstacles pour cette tribu qui cherche à rester souder quelque soit l’obstacle. 

 

Cryssilda en parle ainsi que des problèmes de traduction de l’ouvrage.