https://i0.wp.com/www.decitre.fr/gi/62/9782253124962FS.gifCicatrices : Une enquête de l’inspecteur Rebus / Ian Rankin. Traduit de l’anglais (Ecosse) par Daniel Lemoine. Le Livre de Poche, 2009. 567 pages.

Les mains ébouillantées ? Accident domestique, prétend-il ?, l’inspecteur Rebus ne peut ni conduire, ni téléphoner, ni allumer sa cigarette.
Et il a les Affaires internes sur le dos : un truand notoire est mort dans l’incendie criminel de sa maison ; or, ce soir-là, John Rebus a été vu en sa compagnie… A South Queensferry, petite ville côtière au nord d’Édimbourg, deux adolescents sont abattus par un ancien du SAS qui retourne ensuite son arme contre lui. Il se trouve que l’une des jeunes victimes est un neveu de Rebus, qui va devoir gérer l’ambiguïté de la situation.

Quatorzième enquête de l’inspecteur Rebus, Cicatrices apporte un éclairage nouveau sur la personnalité çomplexe de ce héros laconique, opaque et intraitable, qui n’a pas que des amis dans la police… 

 

Autant le premier opus lu des aventures de l’inspecteur Rebus m’avait laissé sur le bord du chemin, autant ce volume m’a happé.

Rien n’est réellement novateur me diront quelques esprits chagrins, mais j’ai réellement compris grâce à ce volume la place qu’à Ian Rankin dans le coeur des écossais, amateurs des enquêtes de son personnage. Tout est là ! Leur vie, leur quotidien, les événements tragiques qui le jalonnent (citons le crash de Lockerbie, qui est présent dans cette histoire), la destinée de ces hommes qui tentent d’échapper à leur futur en intégrant l’armée et parfois la prestigieuse SAS, histoire de se voir reconnu. Ou un univers somme toute plus banal, empli des faits et gestes du quotidien, de lieux que tout un chacun connaît, de lieux communs, de pubs où sans doute les lecteurs pourront croiser Rebus ou un des flics qui l’entourent.

Parlons en des flics du commissariat de Saint Leonard ou de ceux de la ville : des êtres humains avec des souffrances personnelles qui empiètent sur le quotidien, à moins que ce ne soit l’inverse ? Les enquêtes, la violence, l’argent facile, la peur parfois qui s’invite dans le service, les inimitiés, moqueries…. Tous ces détails qui font que vous vous sentez proches de ces personnages, imparfaits, hantés, mais qui essaient néanmoins de faire avancer les affaires de meurtre auxquelles ils se trouvent confrontés.

Et là, l’affaire est encore une fois un événement devenu presque courant, malheureusement : une fusillade dans une école. Néanmoins les apparences détournent parfois le regard et c’est bien sur cela que compte l’auteur pour nous entraîner à sa suite. Adroitement, il mêle une autre affaire où l’implication humaine et relationnelle semble plus forte et qui sait, peut-être a-t-elle mené l’inspecteur Rebus vers l’irréparable ? 

Impossible ! Cela nous semble totalement étranger à l’homme que nous croyons connaître. Néanmoins les zones d’ombres sont si importantes autour de lui, que si, même son « bras droit », Siobhan, se pose la question, pourquoi pas nous ?

En dépit des interrogations des uns et des autres, de la rencontre avec des membres de sa famille que lui-même a tenu éloigné depuis longtemps, vous n’apprendrez en définitive que fort peu de l’homme, de ses tortures intérieures.

Ian Rankin tire les ficelles de son personnage avec un doigté consommé, semblant toujours en garder pour le prochain épisode, mais sans que le lecteur ait réellement cette impression. Sa force est là, intacte, de nous donner envie de nous rapprocher de son personnage, ours parfois mal léché mais néanmoins profondément humain, et de poursuivre la lecture coûte que coûte afin de saisir les moindres détails que nous pouvons rattacher à Rebus.

Le titre illustre bien ce que tout un chacun promène avec lui : des plaies, des bosses, des souvenirs, des fragments de souvenirs qui s’avèrent être différents suivant la personne qui y fait référence.

Vous l’aurez compris, ma lecture fut motivée.


Lecture en partenariat avec Le Livre de Poche.