Ainsi que Caro[line] vous l’a expliqué, nous avons passé une très courte heure dans une librairie, sur la proposition originale de Magali.
Ce fut l’occasion de grands éclats de rire, de confirmer la mémoire d’éléphant de Fashion – elle m’épate réellement, mais je suis bien contente de ma mémoire de poisson rouge qui me permet de prendre en toute innocence des tonnes de bouquins –
Dans le sillage de Chiffonnette, j’ai pris, puis reposé un poche japonais dont la 4ème de couv finissait par le mot guerre (pas envie) – non je ne me souviens pas du titre, ni de l’auteur ; je peux uniquement revenir à la table d’exposition et le retrouver par la couverture (donc s’ils ont changé les tables, c’est cuit !!)

J’ai poursuivi mes déambulations puis après hésitations, j’ai craqué pour une couverture, pour Actes Sud  – on ne se refait définitivement pas – enfin pour la 4ème qui m’a fait imaginer que je ne devrais pas être la seule à craquer pour ce roman.
Cela me fut confirmé quelques minutes plus tard par Fashion (quand je vous disais…) qui me dit que mon choix avait l’air sympa ; d’ailleurs Lou, Emjy et Alice avaient aimé (zut pour l’originalité, j’allais devoir repasser).
Pour me venger et puisque j’étais là j’en ai profité pour faire 2 petits achats supplémentaires, des poches qui ne comptent pas bien entendu… 🙂
En attendant, voici le livre choisi :

Les vies d’Emily Pearl / Cécile Ladjali. Actes Sud, 2008. 191 pages
Dans un manoir anglais, à la fin du XIXe siècle, Emily Pearl a trouvé une place comme préceptrice du fils d’un lord.
Le petit maître est attachant, son père est un veuf d’une séduction puissante. Emily entame avec ardeur cette existence prometteuse. Mais la réalité resterait fade sans les mots dont elle la colore, et sans les lettres de sa mystérieuse sœur Virginia, partie vivre en Amérique. A son journal, Emily confie son espérance de la rejoindre, ses bonheurs et frustrations, ses amours avec le maître des lieux, ses grands rêves et, bientôt, mille petits mensonges dont les conséquences parfois tragiques lui donnent le vertige.
Dans ce livre bruissant de confidences et de passion, Cécile Ladjali déploie un art consommé du trompe-l’œil. Elle compose un faux roman de genre – victorien, domestique, intime – pour mieux explorer la condition d’une jeune femme anglaise à l’aube du nouveau siècle. Elle détourne, au passage, les règles et le code narratif du journal, et montre combien nos vies sont improvisées. comme nos fictions.

Manoir anglais, lecture d’un journal d’une jeune femme qui semble vouloir prendre sa vie en mains et nous dépeindre sa vie et celle de sa soeur. Une relation si imbriquée que parfois je me demandais en commençant cette lecture de qui il s’agissait, si Emily se référait à elle ou à sa soeur…  En effet ce journal n’est pas rédigé à quatre mains mais par Emily uniquement et nous n’apprenons de sa soeur que ce qu’elle veut bien nous transmettre.
Bien vite, on se rend compte que les rôles sont inversés, la plus indépendante n’est pas celle qui voudrait l’être. Et bientôt un autre doute s’installe : Virginia existe-t-elle ? En effet chaque visite est un échec.. Elle semble fuir Emily, nous fuir… Nous qui aimerions avoir son point de vue, sa vision de l’existence. Le destin des deux soeurs s’emmêlent, se détachent et c’est Virginia qui la première prend sa vie en mains. Grâce à elle, j’ai imaginé qu’Emily allait à son tour réagir, mais elle narre, espère, affabule-t-elle ?
Le doute pointe le bout de son nez, mais Cécile Ladjali sait jouer avec ses lecteurs. Ce n’est pas pour rien qu’elle a créé son roman dans un style pseudo victorien, elle sait que nous irons jusqu’au bout, en quête de la suite de l’existence de cette jeune femme au tournant du siècle, de ses relations entre un enfant attachant, un Lord séducteur et d’un fiancé pataud.
Du fait des interrogations multiples, d’une écriture fort agréable, je n’ai pas vu le temps passé et ne savais pas quelle serait la chute.
Imagination fertile, fantaisie, affabulation… Je ne vous en dirais pas plus. 🙂